Chapitre 6

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PDV Lucy

Je m'étirai doucement en me redressant dans le lit. Mes soupçons se confirmèrent : l'autre côté du lit était impeccablement fait. Natsu n'était pas revenu cette nuit. Je ne pouvais pas dire que cela me surprenait, mais l'absence de bruit, de grincement de porte ou du matelas s'affaissant sous son poids confirmait qu'il avait préféré rester dehors.

Je soupirai, me libérant du cocon de chaleur du lit. La fatigue s'était dissipée, mais mon esprit restait embrumé. Il était déjà 11 h. Une part de moi était soulagée de son absence. Ce n'est qu'en posant un pied hors du lit que je réalisai à quel point ma tenue était légère : un short minuscule et un débardeur moulant.

Je pris le temps de retirer les traces de maquillage d'hier, puis je filai sous une douche chaude, longue et apaisante. Sous l'eau, mes pensées dérivèrent vers lui. Pourquoi avais-je pensé à lui en premier ce matin ? Je secouai la tête. Après tout, il n'était qu'un étranger sous le même toit. Rien de plus.

Une fois propre et détendue, je m'attaquai à mes cheveux. Sécher mes longues mèches blondes prit un temps infini, mais le résultat en valait la peine. J'enfilai un pull oversize et un legging confortable avant de descendre au rez-de-chaussée.

Je saluai poliment les membres du personnel, comme à mon habitude, avant de me rendre à la salle à manger. Le silence qui régnait amplifiait l'impression de solitude. Je pris mon petit-déjeuner seule, les pensées ailleurs.

N'ayant rien de prévu pour la journée, je remontai chercher une activité. Après avoir feuilleté un catalogue de séries, j'en trouvai une qui captiva immédiatement mon attention. Enroulée dans une couverture moelleuse, je laissai les heures défiler devant l'écran.

Vers 15 h, une notification sur mon ordinateur m'arracha à ma série. Intriguée, je posai mon bol de popcorn et allai voir. C'était un e-mail.

Elite Model Los Angeles.

Je lus le message avec attention, puis une deuxième fois, incrédule. Une agence de mannequins prestigieuse me proposait un contrat, arguant que mon profil correspondait parfaitement à leurs attentes. Mes recherches confirmèrent la légitimité de l'offre. Ils m'avaient même suivie sur Instagram.

Je fermai mon ordinateur, songeuse. Le mannequinat n'avait jamais traversé mon esprit, ne serait-ce qu'au vue de mes  diplômes, mais cette opportunité me flattait. Ce serait une expérience nouvelle, une chance de me prouver. Une pensée fugace traversa mon esprit : que penserait-il de ça ? Avant de me reprendre immédiatement. Pourquoi devrais-je me soucier de son avis ? Il se fichait bien de ce que je faisais.

En quête de changement d'air, je décidai de sortir. Je n'avais pas envie de rester enfermée dans cette cage dorée. Mais la sécurité omniprésente compliquait ma tentative d'évasion. Je me tournai alors vers une approche plus diplomatique : je demandai à Aaron, l'un de nos chauffeurs, de me conduire.

— J'ai juste besoin de respirer un peu, lui dis-je en montant dans la voiture.

— Je comprends, madame. Je vais informer monsieur, afin d'éviter toute inquiétude, répondit-il calmement.

— Oh, ne vous donnez pas cette peine. Il s'en fiche, rétorqué-je, pince-sans-rire. 

Il fit par accepter non sans négocier pour lui éviter des problèmes ainsi qu'à moi. Il me demanda de le tenir informé de ma position toutes les heures. Je promis de m'y tenir et il me conduisit dans un parc tranquille, loin de l'agitation.

PDV Natsu

Il était presque 16 h lorsque je franchis la porte de la maison. Le calme qui y régnait était inhabituel. Lucy avait l'habitude de déambuler dans les couloirs, de s'installer dans un fauteuil avec un livre ou simplement de regarder par la fenêtre, perdue dans ses pensées.

Je passai par le salon, vide. La cuisine, vide. Les jardins, la bibliothèque, la chambre : rien. Elle était introuvable. Seul son parfum planait dans l'air, m'indiquant qu'elle se trouvait ici même, il n'y a pas si longtemps.

Un sentiment d'inquiétude monta en moi, malgré moi. Ce n'était pas dans ses habitudes de disparaître ainsi. Je rassemblai rapidement le personnel pour des réponses.

— Monsieur, vous m'avez demandé ? fit Aaron en arrivant.

— Où est ma femme ? demandé-je d'un ton impatient.

— Madame est sortie prendre l'air il y a plus d'une heure, dit-il, neutre, elle a insisté sur le fait qu'elle avait besoin de temps seule, poursuit-il calmement.

— Et tu l'as laissée partir seule ? m'indigné-je.

— Non, monsieur. Je l'ai conduite personnellement. Elle est au parc, à vingt minutes d'ici. Elle m'a promis de rester en contact, ajouta-t-il, comme pour apaiser mes inquiétudes.

Je grognai en remerciant Aaron et partis aussitôt, prenant ma voiture.

Le trajet fut rapide. Le ciel s'assombrissait, menaçant d'éclater. Une fois au parc, je constatai qu'il y avait peu de monde. Je parcourus les allées, scrutant chaque banc, chaque recoin à la recherche d'une blonde aux yeux couleur noisette.

Et finalement, je la vis. Assise sur un banc, elle observait les feuilles tomber, l'air paisible. Elle portait un manteau léger qui ne semblait pas suffisant pour le froid mordant qui s'installait.

Je m'approchai, mon agacement refaisant surface.

— Tu pensais vraiment que c'était une bonne idée de disparaître sans prévenir ? lancé-je, la voix plus dure que prévu.

Elle sursauta légèrement, surprise de me voir là. Ses yeux croisèrent les miens, mais elle ne répondit pas immédiatement.

— J'avais besoin d'air, murmura-t-elle enfin, presque sur la défensive.

— Et tu n'as pas pensé à prévenir ? ajoutai-je, le ton plus bas mais toujours irrité.

Elle détourna le regard, visiblement agacée par mon intrusion.

— Tu t'inquiètes depuis quand, Natsu ? rétorqua-t-elle sèchement.

Je restai silencieux un moment, cherchant mes mots. Ce n'était pas de l'inquiétude, pas exactement. Mais la voir là, vulnérable dans le froid, éveillait quelque chose en moi que je refusais de nommer.

— Rentrons. Il va pleuvoir, dis-je finalement.

Elle me regarda, hésitante, mais finit par se lever. Sans un mot de plus, je la raccompagnai jusqu'à la voiture. Une fois dedans, le silence s'installa, lourd et plein de non-dits.

Titanerza

Mari et femme《 Nalufiction 》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant