Chapitre 9

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PDV Lucy

Je sentais une vague de soulagement m'envahir en quittant la maison, comme si les murs s'étaient resserrés autour de moi pendant trop longtemps. J'avais enfin réussi à m'extraire de cet environnement oppressant pour quelques heures. Mon amie, Lyah, avait immédiatement accepté mon invitation, tout aussi impatiente que moi de s'évader de la routine quotidienne, de passer un moment agréable. Nous avions convenu de nous retrouver dans un petit restaurant en bord de mer, un endroit qu'elle m'avait conseillé plus tôt, vantant son ambiance détendue et sa vue imprenable, mais surtout pour sa discrétion. Le restaurant ne se faisait même pas remarquer.

Le chauffeur m'avait déposée devant l'entrée. Il n'y avait pas d'autre option ; c'était la solution la plus discrète pour m'assurer un retour en douceur, sans le moindre accroc. Je n'avais pas spécialement envie de revivre la scène du dernier retour forcé, surtout avec l'état actuel des choses. La tension était palpable. Ni lui ni moi ne nous échangions le piètre mot. Le silence entre nous était devenu un rempart, une barrière qu'aucun ne voulait franchir.
Je ne serais pas celle qui le fera, il m'avait manqué de respect en insinuant ces choses sordides. L'état actuel de la situation ne me convenait pas, mais je ne daignerai rien y faire tant qu'il restera sur ses positions.

Je pénétrai dans le restaurant et laissai mon regard errer entre les tables. Lyah m'avait dit qu'elle porterait une robe d'été orange, ce qui faciliterait ma recherche. Je parcourus la salle du regard jusqu'à ce que je la trouve, assise près d'une fenêtre. Ses cheveux lâchés encadraient son visage d'une douceur que j'enviais. Je remarquai un tatouage sur son cou, plusieurs triangles délicatement tracés. C'était joli, un détail de plus qui rendait Lyah unique. Elle portait cette fameuse rose orange et un bandeau blanc ornant ses cheveux. Je restai un moment à l'observer, absorbée par la contemplation de son profil. Puis, son regard se posa sur moi, et un sourire illumina son visage.

Elle se leva, s'approcha, et m'enlaça doucement. Je répondis à son étreinte avec la même tendresse.

— Lucy ! s'exclama-t-elle joyeusement en me libérant pour m'inviter à m'asseoir.

Je pris place en face d'elle, sentant une étrange sérénité m'envahir, contrastant avec la tension qui m'avait suivie depuis la maison.

— J'étais vraiment surprise de recevoir ton appel et encore plus de te voir ici. Je ne pensais pas que ton mari te laisserait sortir, ajouta-t-elle en souriant, une étincelle de curiosité dans les yeux.

Je baissai les yeux vers la carte, feignant l'indifférence, bien que la remarque m'ait piquée.

— Ah, il n'est pas au courant, dis-je d'un ton sec, presque sur un souffle. Je vais rentrer rapidement pour éviter tout problème, ne t'en fais pas.

Lyah esquissa un sourire, mais je perçus une ombre de doute dans son regard. Nous parcourûmes rapidement le menu, finissant par commander la même chose, une simple salade accompagnée d'un verre de vin blanc.

La conversation s'engagea rapidement, fluide et naturelle, sur des sujets légers, un échange sans conséquence mais qui, allégeait l'atmosphère. Après tout, c'était exactement ce dont j'avais besoin : un moment où l'esprit pouvait vagabonder sans se heurter aux murs invisibles qui m'entouraient.

À un moment donné, Lyah se confia à moi, laissant tomber les masques, révélant un amour non partagé qui la rongeait depuis longtemps. Elle parlait d'un homme qu'elle admirait, mais qui, malheureusement, ne voyait en elle qu'une compagne de passage, une amie intime sans promesse d'avenir. Ils avaient une belle relation amicale, disait-elle, mais elle souffrait en silence de cette affection non réciproque.

— Il finira par s'en rendre compte, tu verras. Ne perds pas espoir, dis-je en essayant de la réconforter, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

Elle me répondit par un sourire, mais celui-ci était teinté de tristesse, de résignation.

— C'est impossible... je suis désolée de t'embêter avec mes problèmes, Lucy, murmura-t-elle en baissant les yeux.

— Tu ne me déranges pas du tout, tu m'aides plus que tu ne le penses, répondis-je, honnête.

Elle me dévisagea, incrédule.

— M'aider ? Comment ça ?

— À part lui, je n'ai jamais eu de relation, jamais eu d'homme dans ma vie, avouai-je, un léger sourire aux lèvres. T'écouter me donne un peu de perspective.

— Ah, je comprends. Tu veux des conseils pour ta première fois ? lança-t-elle sérieusement, son regard se plantant dans le mien.

Je n'avais pas vu venir la question, et avant de pouvoir répondre, j'avais déjà recraché une gorgée de vin en m'étouffant à moitié. Lyah éclata de rire, un fou rire contagieux qui résonna autour de nous.

— Ne t'inquiète pas, chacun son rythme, et je suis sûre qu'il saura être doux...

— Arrêtons de parler de ça, d'accord ? protestai-je, sentant mes joues s'empourprer.

Lyah s'efforça de reprendre son sérieux, mais un dernier éclat de rire lui échappa.

— D'accord, d'accord, si tu le souhaites, dit-elle en souriant.

Le temps filait sans que je m'en rende compte. Nous parlions de tout et de rien, passant d'un sujet à l'autre avec une aisance, je sentais notre amitié se former sur de bonne base, même si nous nous connaissions à peine.
Le garçon dont elle me parlait semblait gentil, mais la situation entre eux était compliquée, et je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la peine pour elle.

Deux heures s'étaient écoulées lorsque Lyah m'annonça qu'il était temps pour elle de rentrer. Je savais que je risquais gros en restant dehors si tard, mais pour une fois, je m'en fichais. C'était un luxe que je ne m'accordais jamais, alors pourquoi pas aujourd'hui ?

— Attends-moi, je reviens dans un instant, dit-elle en se levant pour se rendre aux toilettes.

Je restai là, à contempler la mer qui s'étendait à perte de vue. La beauté du paysage me transportait, m'offrant une évasion bien méritée. Je n'avais pas souvent l'occasion de me perdre dans une vue aussi apaisante.

— Madame.

Cette voix grave et masculine me sortit brutalement de mes pensées. Je me retournai lentement, le cœur soudainement alourdi par une inquiétude sourde. Qui pouvait bien m'aborder de cette façon ? Je levai les yeux pour découvrir...

Mari et femme《 Nalufiction 》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant