Gardiens des cités perdues tome 10 : Elyseus (fanfiction)

Interlude : Biana

C'était une longue, une très longue journée. Elle avait commencé tôt et ne semblait jamais se finir. Même si techniquement parlant elle était finie, là. Le vent soufflait et détruisait une à une les boucles soignées de la jeune fille. A vrai dire l'Eclipseuse avait abandonné la lutte depuis longtemps, les pertes étaient déjà trop importantes.

Il y avait une raison pour laquelle elle était restée ici. Pour laquelle elle était encore là, à marcher dans le jardin de sa maison. Elle n'y restait jamais d'habitude, elle était toujours soit chez Dex, soit chez Tam et Linh. La jeune fille aimait toujours son foyer, ses parents, mais avait toujours l'impression de ne pas être en sécurité seule ici. Depuis que le portail avait été démonté, elle n'avait pas passée une nuit sans trembler de peur que son frère revienne. Parfois elle pensait même voir l'ombre des trolls et des détracteurs de sa famille depuis sa fenêtre. Alors elle préférait dormir chez Linh et Tam, même si pour cela il lui fallait supporter les sarcasmes débiles de Rayni.

Mais aujourd'hui une force intérieure voulait qu'elle reste, elle avait un pressentiment. Un de ceux qu'on a les mauvais jours. En se promenant dans le jardin elle s'arrêta devant une vieille balançoire posée sur un arbre, couverte de fleurs et de lierres. C'était sur cette balançoire que son frère avait pour habitude de lui lire des histoires, quand elle le considérait encore comme son frère, quand elle n'était qu'une gamine innocente de 6 ans, pas foutu de comprendre que son grand frère était un meurtrier psychopathe. Pourtant elle s'assit sur la balançoire.

En regardant autour d'elle, et se remémora pourquoi le frère auquel elle ne voulait pas penser, avait voulu l'amener ici la première fois. De là, on avait une vue d'ensemble sur la propriété. On voyait le manoir de ses parents, rutilant, qui paraissait toujours aussi parfait si seulement il pouvait en être de même pour ma famille soupira la jeune fille. Ses yeux se posèrent sur une fenêtre. Deuxième étage, porte de droite. La fenêtre était ouverte, et Biana devina que sa mère devait avoir aérée cette chambre. Pourtant, sans qu'elle ne sache pourquoi, elle sentit le besoin soudain et impérieux d'aller l'examiner encore une fois.

A mesure qu'elle marchait, elle se remémora l'attaque des trolls. Ce jour-là, elle avait cru que son frère allait mourir par deux fois. Elle ne l'avait jamais pardonnée, elle ne comprendrait surement jamais la raison de ses actes. Mais en son for intérieur, elle ne voulait pas qu'il meurt. Tout du moins pas avant de comprendre la raison de ses actes. 

Pourquoi ai-je pitié de lui ? Certes les Invisibles l'ont mené en bateau, abandonné, laissé pour mort par deux fois. Mais c'est son chemin, c'est lui qui l'a choisi. Il a fait des choses horribles et stupides par jalousie malsaine. Ce n'est qu'un gamin idiot en manque affectif. 

Elle s'arrêta devant un miroir du hall et se regarda. Elle ne s'était jamais trouvée particulièrement jolie, ou attirante, ses yeux étaient somme toute banale, et elle n'avait pas de beauté naturelle. Elle avait besoin d'artifice pour être jolie. Mais ses cicatrices, elles, était belles. Elles témoignaient d'un courage et d'un combat, d'une lutte sans fin. En les caressant, son visage fu assailli par la vision du cadavre de Vespéra. Cette femme que Biana était venue à considérer comme son ennemie. Egoïstement elle aurait voulu la tuer. Elle passerait ses nerfs sur le fantôme de l'Ancienne plus tard.

En entrant dans la chambre de son ex grand frère, l'Eclipseuse fut surprise de deux choses : l'absence de garde et l'apparence de la pièce. Deux point à mettre sur le compte de ses parents trop sentimentaux. Elle ne les voyait presque plus, préférant partir et les ignorer, pour son bien à elle, aussi égoïste que cela soit.

La pièce était comme d'habitude. L'habitude d'avant. Soigneusement rangé, les draps pliés, un petit mouchoir posé sur le haut de la commode de droite et un sablier sur le bureau. Le plumier était en bon état, et elle n'aurait presque pas été surprise de voir son frère sortir de la penderie. Vu que je suis là, autant fouiller un peu. Qui sait, peut-être trouverais je quelque chose ?