Chapitre 9 : Feux d'artifices

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Le sol de la pièce se mit à trembler. Ombrage se cramponna à son bureau, surprise. Sa baguette brandie, elle se rua en direction des couloirs du château.

- Vous ne bougez pas de cette chaise, Alverton ! lui ordonna l'inquisitrice avant de sortir.

Lili attendu une dizaine de secondes, l'oreille tendue. Dehors, elle semblait reconnaître le son de feux d'artifices. Les dix secondes passées, elle sauta de sa chaise, attrapa son sac et sortit en courant du bureau de Défense contre les forces du Mal, et se rua dans les couloirs les plus grands pour voir ce qu'il se passait.

Ce ne fut pas difficile à découvrir. A l'étage au-dessous régnait un véritable chaos. Quelqu'un (et Lili avait une idée très précise de l'identité des coupables) avait allumé le contenu d'une énorme boîte de feux d'artifices magiques.

(Fireworks – Nicholas Hooper)

Des dragons entièrement reconstitués d'étincelles vertes et or volaient dans les couloirs en produisant des explosions assourdissantes. Des soleils d'un mètre cinquante de diamètre, d'un jaune criard, traversaient les airs dans un sifflement meurtrier, telles des soucoupes volantes. Des fusées au long sillages d'étoiles argentées ricochaient sur les murs. Des cierges magiques écrivaient tout seuls des jurons qui restaient suspendus dans les airs. Des pétards explosaient partout comme des mines et, au lieu de se consumer, de s'estomper, ou de perdre leur élan, tous ces miracles pyrotechniques semblaient gagner en énergie et en mouvement sous les yeux de Lili. Certains semblaient s'attaquer aux élèves, surtout les Serpentard, en revanche, les plus petits qui passaient aux côtés de Lili se mettaient à pétiller merveilleusement.

Rusard et Ombrage, pétrifiés d'horreur, se tenaient côte à côte au milieu de l'escalier. Soudain, l'un des plus grands soleils parut se sentir à l'étroit. Dans un sifflement sinistre, il tourna sur lui-même et fonça sur Ombrage et Rusard, qui poussèrent un hurlement de terreur en se baissant pour l'éviter, puis s'envola par la fenêtre et traversa le parc. Pendant ce temps, plusieurs dragons et une chauve-souris violette profitèrent de la porte ouverte, au bout du couloir, pour s'échapper vers le deuxième étage.

- Dépêchez-vous Rusard ! Vite ! hurla Ombrage. Il faut faire quelque chose sinon il y en aura partout. Stupéfix !

Un jet de lumière rouge jaillit de l'extrémité de sa baguette et frappa une des fusées. Mais au lieu de s'immobiliser dans les airs, la fusée explosa avec une telle puissance qu'elle fit un gros trou dans le portrait de la sorcière mièvre au milieu d'un prairie, qui, par chance, avait réussi à sauter dans le tableau d'à côté.

- Il ne faut surtout pas les stupéfixer, Rusard ! s'exclama Ombrage avec colère, comme si c'était lui qui avait prononcé la formule magique.

- Vous avez raison madame la directrice ! répondit-il de sa voix sifflante.

Rusard, qui était un Cracmol, n'aurait jamais été aussi incapable de stupéfixer une fusée que de l'avaler. Il se précipita vers un placard proche, sortit un balais et se mit à l'agiter en l'air, dans l'espoir d'arrêter quelques explosions au passage. Quelques secondes plus tard, son balais était en feu.

Lili, qui en avait vu assez, se précipita dans le couloir de salles de classes le plus proche, ou elle était sûre de finir par trouver les jumeaux. Ce fut un succès, car à la deuxième porte, elle les trouva appuyé contre le mur, éclatés de rire au son des hurlements d'Ombrage.

- Impressionnant, chuchota Lili en s'asseyant vite à côté d'eux, merci, vous m'avez sauvé de retenue !

- Tout le plaisir est pour nous ma princesse ! répondit George en attrapant son poignet pour lui faire un baisemain par-dessus ses cicatrices.

Elisabeth AlvertonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant