ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝕊𝕖𝕡𝕥

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"All of this wrong, but I'm still right here

I don't have the answers, but the questions is clear

Let me ask you"

I Am Here - P!nk

Les douces notes du piano s'envolaient peu à peu dans l'air. Des notes mélancoliques, remplies de nostalgie. Une mélodie qui s'accordait parfaitement avec les nuages anthracites qui inondaient le ciel.

Les mains figées au-dessus des touches noires et blanches, j'attendis qu'une mesure passe dans le plus grand silence. Délicatement, mes doigts vinrent effleurer à nouveau les notes, comme effectuant une valse au-dessus. Une valse majestueuse, sensuelle.

La musique était pour moi un moyen de me couper du monde. D'extérioriser mes émotions, mes sentiments. Quand tout allait bien dans ma vie, que mon cœur était en paix et que mes angoisses se taisaient, je grattais les cordes de ma guitare avec ferveur ou chantais sur le fond sonore d'une reprise.

Or, quand les sentiments joyeux n'avaient pas la main mise mais que la nostalgie ou la mélancolie m'enserraient, le violon ou le piano s'avéraient être mes amis. Ces deux instruments devenaient une extension de mon propre corps. Ils me permettaient de retranscrire mes larmes, quand celles-ci devenaient trop douloureuses pour couler sur mes joues.

Je laissais les notes, les accords s'échapper pour aller mieux. C'était ma façon de me sentir mieux, de gérer le surplus d'émotions qui pouvait me submerger.

La musique était ma thérapie, mon médicament.

Et, ce que je préférais le plus, était sans doute composer moi-même mes propres mélodies. J'adorais laisser libre court à mon imagination. Laisser mon esprit me dicter quelle note s'accorderait parfaitement avec la précédente, quel rythme harmoniserait le tout...

Il s'agissait là de mon passe-temps favori. Je notais chaque idée, chaque bout de parole qui pourrait surgir de mon esprit dans un petit carnet que je trimbalais partout. Parfois, mis bout à bout, cela formait une courte ballade. Or, bien souvent, cela se résumait plus à des idées en désordre qui seraient prédestinées à prendre la poussière et à être oubliées.

Toutefois, cela ne me dérangeait pas. Au moins, de cette façon, mes angoisses se taisaient quelques temps, laissant place à une paix intérieure réchauffant mon cœur et mes maux.

Ce jour-là, le piano avait pris le pas sur le reste. La mélancolie ou la nostalgie n'avaient pas pris possession de mon corps, pourtant je m'étais tout naturellement assise derrière le clavier. Quand la dernière mesure s'envola dans mon studio, je laissai un long soupir s'échapper d'entre mes lèvres, avant de prendre mon téléphone, posé sur mon lit.

Ma chambre me servait aussi de studio. Elle était simple, assez petite. Des murs blancs, un parquet en bois clair, comme ses meubles et les plaintes. Un lit aux draps lilas collé contre le mur du fond, avec une petite table de nuit et une lampe ayant appartenu à mes arrières-grands-parents décédés.

D'un côté était placé mon bureau, où s'accumulait une multitude de livres, de carnets et de feuilles en tout genre, bien qu'il ne s'agissait là que d'une moitié. L'autre résidait dans mon salon.

En face, étaient disposés tous mes instruments. Mes trois guitares, une acoustique, une classique et une électrique reposaient chacune sur un trépied. Contre le mur, j'avais placé mon piano droit en bois foncé, qui avait autrefois appartenu à ma grand-mère, dont j'étais très proche durant ma jeunesse.

C'était elle qui m'avait transmis sa passion pour la musique et tous les secrets de cet instrument. Sur le haut, reposait mon violon actuel, alors qu'accrochés au mur, il y avait mes trois premiers, qui étaient devenus trop petits avec le temps.

Compagnons D'âmes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant