ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 ℚ𝕦𝕒𝕣𝕒𝕟𝕥𝕖

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"I don't say goodbye 'cause this one means forever

Now you're in the stars and six-feet's never felt so far

Here I am alone between the heavens and the embers"

In The Stars - Benson Boone

Une cinquantaine de cheveux restèrent coincés entre les phalanges de mes doigts. Je les observai tomber, un à un, dans le lavabo immaculé. Puis je réitérai mon action. Passer mes doigts dans mes cheveux. En récupérer encore plus que la fois précédente. Les enlever de ma paume. Encore. Encore, encore et encore...

Je n'en pouvais plus. Ça devenait de plus en plus difficile de les voir tomber de jour en jour. Depuis plusieurs semaines, je les perdais énormément. J'arrivais à le gérer mentalement jusque-là. Ma perte de cheveux ne se voyait pas beaucoup. Je la cachais avec une casquette. Jusqu'à maintenant.

Je n'osais plus me regarder au travers d'un miroir. Rare était les fois où je le faisais. Je n'y arrivais plus. C'était tout bonnement au-dessus de mes forces. J'avais peur de ne pas me reconnaître. Je savais que mon corps était différent. Je le sentais.

Il était plus pâle, plus gris. Décharné. On voyait mes os. On voyait mes côtes. Cela faisait déjà une semaine que je n'avais pas reçu de traitement. Je reprenais ma nouvelle cure dans trois jours. Trois séances de huit heures par semaine. Le lundi, le mercredi et le vendredi. Soit vingt-quatre heures de chimio par semaine.

J'étais malade. Je le savais. Je savais ce qui m'attendait. Mais cela ne m'empêchait pas d'avoir mal chaque fois que je me brossais les cheveux, chaque fois que je me douchais. J'avais beaucoup de mal avec ce nouveau corps que la maladie m'imposait.

L'heure tournait. Je devais me dépêcher. Scott et Chris m'attendaient en bas dans le salon. Tous deux avaient déjà chargé les valises dans le coffre pour le week-end que nous devions passer chez mes parents. Le frère de l'acteur ferait la route avec nous, ce qui était plus simple.

Je devais me dépêcher, mais je n'y arrivais pas. J'étais comme bloquée. Paralysée. Une idée me trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Toutefois, je ne savais pas si j'avais la force requise pour aller jusqu'au bout.

― Sweetness ? m'appela une voix étouffée au travers du battant de bois.

Je fermai les yeux poussant un profond soupir de désespoir. Je n'étais pas désespérée par Chris. Bien au contraire. Il était toujours présent pour moi, sans se montrer envahissant. Il savait de quoi j'avais besoin à chaque fois. Je lui étais plus que reconnaissante.

La vérité, c'était que je me désespérais moi-même. Je commençais sérieusement à me détester.

― Est-ce que je peux rentrer ? me demanda doucement Chris de l'autre côté.

Je levai les yeux vers mon reflet dans le miroir. Avant de baisser bien vite mon regard, comme à chaque fois. J'allai déverrouiller la porte de la salle de bain, permettant ainsi au brun de me rejoindre. Je repris ma place initiale, postée devant le lavabo, et ouvris le robinet.

― Je n'en ai pas pour longtemps, fis-je sans même lui accorder un regard. Je finis de me préparer et je...

Je fus couper par Chris qui referma le robinet. Il m'obligea à me tourner vers lui et à le regarder en soulevant mon menton avec son index.

― Parle-moi Diana. Dis moi ce qu'il se passe. Je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas depuis quelques jours.

Dans la seconde qui suivit sa phrase, les larmes me montèrent aux yeux. J'avais essayé de faire semblant. J'avais essayé de le lui cacher. Mais l'acteur avait bien vite comprit mon petit manège. Il s'inquiétait pour moi, je l'avais vu dans ses yeux. Il s'inquiétait et c'était de ma faute.

Compagnons D'âmes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant