ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝕋𝕣𝕖𝕟𝕥𝕖-ℚ𝕦𝕒𝕥𝕣𝕖

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"Et j'ai ramassé les bouts de verre

J'ai recollé tous les morceaux

Tout était clair comme de l'eau"

Tous Les Cris Les S.O.S. - Daniel Balavoine

― Vos analyses montrent que vous avez un cholangiocarcinome intra-hépatique. C'est un type de cancer des voies biliaires. On va vous faire passer une IRM demain à la première heure et procéder à une biopsie par cytoponction à aiguille fine dans la journée afin d'écarter d'autres éventuelles possibilités comme un adénocarcinome métastatique, un carcinome de la vésicule biliaire, une sténose bénigne ou encore un syndrôme de Mirizzi.

C'était dit.

Le cancer avait de nouveau balancé ses filets sur moi.

Le médecin devant moi étalait toutes les possibilités, tous les examens, toutes les analyses... Mais moi je ne compris rien. C'était du charabia. Je ne comprenais pas et je ne faisais aucun effort pour essayer.

Mes parents étaient postés, chacun d'un côté de mon lit, très attentifs à tout ce que disait l'oncologue qui nous présentait sa litanie de savants fous. Moi je n'écoutais rien. Je n'avais qu'une seule pensée.

Ça recommençait. Chris accepterait-il seulement d'être à mes côtés ?

Nous n'en avions pas parlé. J'avais encore espoir que ce n'était rien de grave. Néanmoins, j'avais tort.

J'avais un putain de cancer. Encore.

Quand le médecin se retira, mes parents me laissèrent "me reposer", comme ils me l'avaient dit. Sauf que je n'étais pas dupe. En plus de s'inquiéter pour leur seule fille qui avait un taux de survie plus faible que la moyenne, il leur paraissait évident de payer toutes les factures médicales qui allaient leur tomber dessus.

Je ne me leurrai pas. En moins de vingt-quatre heures, je venais de les mettre sur la paille. Une dizaine de milliers de dollars leur sera demandé juste pour l'hospitalisation. Je ne comptais même pas le déplacement de l'ambulance ni des secours et encore moins les examens passés, à venir, les opérations, les traitements, les infirmières à domicile, les séances de kinésithérapie...

Et je ne voulais pas être un fardeau pour ma famille. Je ne voulais pas être un fardeau pour mes proches. C'était une perspective que je ne supporterais pas, je le savais.

J'étais seule dans ma chambre d'hôpital. Personne qui me changerait les idées. Personne qui me rassurerait. Personne avec qui je pourrais penser à autre chose qu'à ce foutu cancer qui allait me tuer à petit feu.

Mais, en réalité, ce qui tuait, ce n'était pas la maladie en elle-même. C'était le traitement que le personnel médical donnait pour traiter la maladie.

J'étais seule. Seule avec mes idées. Mes pensées.

Je me levai de mon lit médicalisé et me dirigeai à petits pas jusqu'à la salle de bain, séparée par une porte en face du lit. Un toilette, un lavabo avec miroir, une douche avec rampe. C'était tout ce qui la composait.

J'ai un putain de cancer. Encore. Je vais devoir me battre. Encore.

Mais, et si je n'en avais plus la force ? Si je n'en avais plus l'envie ? Cela faisait moins d'un an que je m'en étais sortie...

Onze mois, dix jours et vingt-et-une heures.

J'allais replonger, c'était évident.

Je relevai la tête et aperçus mon reflet dans le miroir. Avant de voir la moi d'il y a quelques années.

Compagnons D'âmes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant