Chapitre 16 - Feu.

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Ùlazana, Mexique.

Vlad

La confusion me dominait depuis plusieurs heures, surtout depuis qu'elle avait mentionné la cave. En temps normal, ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid. Mais, pour une raison que je n'arrivais pas à expliquer, je ne voulais pas qu'elle découvre ce qu'il s'était réellement passé. J'avais prévenu tout le monde dans le gang : si quelqu'un ouvrait la bouche, il y aurait des conséquences.

Ce qui me troublait, c'est qu'elle ne se souvenait de rien. C'était comme si son cerveau avait volontairement caché ce souvenir pour la protéger. C'était fascinant et perturbant à la fois. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi pur qu'elle, et cette amnésie ne faisait que confirmer cette impression.

Assis à mon bureau, je parcourais les chiffres de mes affaires. Une somme conséquente venait d'arriver dans nos comptes, grâce à Ximena et Rayan qui avaient livré des jeunes femmes à la police pour qu'elles soient rendues à leurs familles. Bien sûr, ce service n'était pas gratuit : la police avait accepté de nous verser une somme en échange.

Le Venezuela manquait cruellement de femmes, la plupart étant abandonnées dès la naissance, car elles rapportaient peu aux foyers.

Un coup à la porte interrompit mes pensées. Ximena entra sans attendre une réponse.

Le manoir a été brûlé, comme prévu, déclara-t-elle.

Parfait. Maintenant, sors.

Elle leva les yeux au ciel et ajouta :

On part pour Mérida dans une dizaine de minutes.

Comme si je n'étais pas déjà au courant.

Oui, je le sais, grognais-je. Autre chose ? Parce que je n'ai pas toute la journée.

Elle resta silencieuse un instant, puis lança :

Pourquoi tu lui caches la vérité ? Elle finira par s'en souvenir de toute façon.

Je serrai les poings à cette question. Ils ne faisaient que me harceler avec cette histoire de cave.

Je lui ai dit non, répliquai-je sèchement. À moins que tu veuilles qu'elle se suicide ? Toi qui tiens tant à la protéger, ça ne serait pas une bonne idée, non ?

Elle me fixa avant de s'adosser contre le mur, sortant une cigarette qu'elle alluma avec un calme déconcertant. La fumée me rendait nerveux ; je détestais cette odeur, elle me rappelait mon oncle et me donnait des migraines.

Tu veux juste continuer à la torturer, murmura-t-elle. Tu sais que si elle se rappelle trop vite, ta distraction disparaîtra.

Son ton moralisateur m'agaçait profondément. Ils avaient tous cette manie de chercher à me comprendre, à décrypter mes actions. Ce qu'ils ne comprenaient pas, c'est que mes actes étaient imprévisibles.

— J'ai pas besoin de psy, rétorquai-je sèchement.

Je savais pertinemment qu'une fois que cette fille ne représenterait plus aucun intérêt, je l'éliminerais de ma vie. Elle n'était qu'un passe-temps, un divertissement temporaire, un mystère dont je n'avais pas encore découvert la fin. Car cette fille était une énigme : ses pertes de mémoire, son comportement, cette lueur d'espoir dans ses yeux que je ne voyais chez personne dans mon monde.

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