Chapitre 46 - Une tombe de plus.

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Thaïla

Je fixais la pierre gravée du nom de Rowan, comme on contemple un souvenir figé dans le marbre du temps. Des larmes discrètes, messagères de ma douleur, glissaient doucement sur mes joues. Le chauffeur de Vlad, fidèle gardien de ce moment de solitude, m'attendait patiemment dans la voiture. Avec une lenteur solennelle, je déposai une fleur blanche sur la pierre, symbole de pureté et d'espoir, comme une étoile qui s'éteint doucement pour rejoindre un ciel paisible.

Quelque chose de blanc, pour accompagner son âme vers une existence meilleure, là-haut, loin des tourments de ce monde. Rowan, ce cœur tendre perdu dans les méandres de la dépendance, n'avait jamais fait de mal à personne, hormis à lui-même.

— Je suis désolée, murmurai-je en effleurant la pierre froide. Tu avais besoin d'aide, et j'aurais dû convaincre Vlad de te sauver de ce gouffre.

Ces mots résonnaient dans l'air chargé de regrets tandis que je m'éloignais de la tombe, retrouvant la chaleur réconfortante du véhicule.

— Ramenez-moi, dis-je d'une voix éteinte.

•••

Vlad


Assis nonchalamment sur un siège près de l'entrée, je pianotais distraitement sur mon téléphone, les pensées aussi éparpillées que les feuilles d'automne. Rayan, quant à lui, observait l'horizon, guettant le retour de Thaïla, celle qui restait le dernier fil qui nous reliait. Cela ne me dérangeait pas vraiment, car tout ce que je voulais, c'était voir Rayan voler de ses propres ailes et trouver une vie où le bonheur serait sa seule boussole. Pourtant, quand je l'ai vu enlacer Thaïla, une tempête s'est levée en moi. L'envie de lui asséner un coup, rien que pour lui remettre les idées en place, était forte. Elle est à moi, et lui, il n'est que son ami.

Mais je me suis retenu. Je savais que, dans les yeux de Thaïla, je serais encore le méchant de l'histoire, et je refusais que ce soit le cas. Pas à cause de lui.

— Tu crois qu'elle va réussir à encaisser ça ? demanda-t-il sans même tourner la tête vers moi, comme si j'étais invisible.

Il n'avait même pas la décence de me regarder en posant une question, signe d'un respect envolé depuis longtemps.

— Elle le devra, comme elle a encaissé la mort de Ximena.

— Tout cela finira par la détruire, soupira-t-il, comme s'il portait tout le fardeau du monde sur ses épaules.

Il parlait comme si j'étais aveugle à la situation, comme si j'ignorais à quel point Thaïla était fragile. Mais ce n'était pas lui qui allait me l'apprendre.

— Tu peux la soutenir à ta manière, répliquai-je malgré moi.

Je sentais une pointe de douleur, mais si cela pouvait alléger le poids qui pesait sur les épaules de Thaïla, je n'allais pas m'en priver. Tant qu'il ne dépasse pas les limites.

Il finit par se retourner, son regard avait perdu cette étincelle joyeuse qu'il arborait toujours en sa présence. C'était le véritable Rayan qui se tenait là, celui qui voyait en moi un insecte à écraser.

— Oui, je peux la soutenir, dit-il avec une ironie amère. Je suis surpris que tu m'aies appelé. Ce n'est pas ton genre. Tu as soit un plan en tête, soit tu as changé, mais j'en doute.

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