Chapitre 19 - Un enfer empoisonné.

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Ùlazana, Mexique.

Papa, maman,

Je vous écris aujourd'hui pour vous raconter qu'après votre départ, j'ai décidé de visiter le quartier des riches au Mexique avec l'argent que vous m'aviez donné pour la journée. Devinez qui j'ai rencontré ? Un riche mexicain ! Il a à peine deux ans de plus que moi, il est avocat et travaille à travers le monde. Nous avons eu une longue conversation et tout de suite, le courant est passé. Il m'a alors proposé de rester au Mexique pour mieux le connaître. Je pourrais même envisager de l'épouser et qui sait, fonder une famille. Je vais enfin réaliser mon rêve, vous vous en rendez compte ? J'aimerais que vous veniez me voir, mais je préfère d'abord concrétiser ma relation avec Ronaldo. C'est son nom : Ronaldo Duerte. Il a un immense jardin rempli de fleurs dont je m'occupe avec plaisir. Et ses fontaines sont splendides !

Je vous donnerai bientôt des nouvelles, ne vous inquiétez pas, je vous aime.

Thaïla.

À la lecture de cette lettre, mes genoux fléchirent sous le choc. Des larmes coulèrent, des sanglots incontrôlables m'échappèrent alors que je déchirais brutalement le papier avant de le jeter le plus loin possible.

Ont-ils répondu ? demandai-je faiblement, entre deux sanglots.
Il se leva de son bureau et me tendit une seconde enveloppe. Je l'ouvris avec impatience, espérant trouver un réconfort dans leur réponse.

Chère Thaïla,

Quelle bonne nouvelle ! Nous sommes tellement heureux pour toi ! Tu sembles avoir trouvé ta voie et nous espérons que tu pourras bientôt épouser cet homme. Ne nous oublie pas, rends-nous visite dès que tu peux. Un petit conseil : n'abandonne pas tes études d'avocate, tu peux toujours les poursuivre à distance si tu le souhaites.

Bon séjour au Mexique,

Ta mère et ton père.

Ma respiration se bloqua, et mon corps fut secoué de tremblements incontrôlables. J'avais l'impression de mourir en silence. Je ne réalisais même pas que ma tête était tombée au sol, tandis que mes mains serraient fermement mon ventre, où une boule acide me brûlait de l'intérieur, remontant jusqu'à ma gorge.

Je vais mourir, je vais mourir.
Ils m'ont abandonnée, ils m'ont laissée ici.
Ils ne m'aiment pas.

Mes parents étaient rentrés aux États-Unis, me laissant seule face à ce monde cruel. Ils n'avaient pas cherché à en savoir plus sur ma prétendue rencontre ni sur ma situation. Pas de photos, pas d'appels, rien. Le simple fait que je pourrais épouser un riche mexicain leur suffisait. Comme si rien d'autre n'avait de valeur à leurs yeux que l'argent.

Je contractai mon ventre et cessai de respirer, ressentant une douleur intense au cœur qui me comprimait la poitrine.

À cet instant, je ne voulais qu'une chose : mourir.

Il avait réussi, le monstre assis à son bureau, observant mes réactions, avait atteint son but.

Ma vision se brouillait, mon corps tremblait légèrement, tandis que des pensées résonnaient dans ma tête : bientôt, il sera trop tard, tu vas mourir.

Je veux mourir.

Respirer était devenu un combat, un combat que j'avais abandonné.

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