Chapitre 8 - Fiorella.

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Le lendemain

Ùlazana, Mexique.

...Fiorella

Contrairement à moi, Fiorella était née dans une famille riche. Son père était juge et dirigeait un tribunal à Manhattan, tandis que sa mère était secrétaire juridique.

Ma mère, qui enchaînait les petits boulots, s'occupait de Fiorella lorsqu'elle était petite. C'est comme ça que nous sommes devenues amies. Ce n'était pas ma meilleure amie, mais on s'entendait toujours bien. Elle me donnait parfois ses vieilles poupées ou ses robes de princesse qu'elle n'utilisait plus.

Ma mère adorait Fiorella. Quand elle venait manger chez nous, elle l'admirait pour sa manière de se tenir à table, de parler, de marcher. Fiorella, élevée par des parents issus d'une famille noble, avait appris dès son plus jeune âge à se comporter en véritable aristocrate.

Tout en elle inspirait l'admiration à ma mère.

Fiorella devait aussi devenir avocate, comme moi.

Nos destins étaient liés.

Mais elle, elle n'avait pas toute cette pression venant de sa mère. Chaque fois que j'allais chez elle, je voyais clairement la différence entre sa mère et la mienne.

...Pourquoi maman n'est-elle pas comme ça ?

...Pourquoi ne m'admire-t-elle pas comme elle admire Fiorella ?

Je me souviens encore de ce jour au supermarché. J'avais 10 ans à l'époque. C'était l'été, il faisait très chaud, et ma mère nous avait proposé à Fiorella et moi d'aller acheter des glaces.

Alors que nous étions dans le rayon, une vieille dame s'approcha de ma mère en souriant et en nous observant.

— Ce sont vos deux filles ?

Ma mère parut gênée par la question, mais répondit de la façon la plus naturelle possible :

— Oh non, Fiorella est ma fille, l'autre, je la garde. Je fais du baby-sitting.

— Oh, votre fille est magnifique !

— Merci, répondit ma mère.

La vieille dame s'éloigna après avoir fait un signe de tête. Ma mère, elle, ne me regarda même pas.

Ce jour-là, je ne compris pas tout de suite pourquoi ma mère avait menti. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris : ce mensonge révélait ce qu'elle désirait au plus profond d'elle-même.

Elle voulait une fille aussi parfaite que Fiorella.

Une fille respectée dès sa naissance. Une fille dont le simple nom pouvait faire sourire ma mère. Une fille avec un père incroyablement riche.

Quand je ramenais des mauvaises notes à la maison, ma mère me comparait toujours à elle :

« Tu devrais prendre exemple sur Fiorella. »

« Comment peut-on être aussi nulle ? »

« Je t'avais dit de travailler jour et nuit ! »

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