Ottowa
États-UnisVlad
J'aspirai une énième bouffée de fumée, soufflai un énième nuage. Je savourais déjà ma victoire. Les mains serrées sur le volant de ma voiture, j'accélérai, impatient que ce moment arrive enfin. Ma hâte me consumait, dévorant mes entrailles. La vengeance, cette soif qui hantait mon cœur, allait bientôt être assouvie.
Mon géniteur allait enfin payer pour ses crimes. Il allait payer pour avoir laissé ma mère mourir comme un vulgaire déchet. Je m'engageai dans une rue bordée d'hôtels luxueux. J'y étais presque, ma quête touchait à sa fin.
Arrivé devant un immense hôtel, je me précipitai à l'intérieur. Ignorant la réceptionniste, je pris l'ascenseur et montai à l'étage.
La chambre numéro 46.
Je longeais le couloir beige, avançant sur le sol marbré. Le seul bruit qui m'accompagnait était celui de mes pas. J'ouvris la porte avec fracas, rompant le silence de la chambre. Je m'y engouffrai et mes yeux rencontrèrent ceux de l'homme qui hantait mes jours depuis mon enfance. Le fantôme qui m'avait privé de ma mère. Pensait-il encore à elle ? Regrettait-il ses actes ?
Je me haïssais d'être son fils, et lorsque ses yeux bleus cristallins me fixèrent avec étonnement, ma haine pour moi-même grandit encore. J'avais ses yeux, ces maudits yeux.
Ses cheveux poivre et sel étaient en désordre, signe qu'il dormait avant mon arrivée. C'était normal, il était cinq heures du matin. Je vis lentement ses traits se décomposer, comme s'il avait compris qui j'étais en un seul regard. Il portait un pyjama, une barbe naissante couvrait son menton. Une valise noire était posée au sol. J'attendais qu'il dise quelque chose, espérant secrètement qu'il me supplie de l'épargner. Savait-il pourquoi j'étais là ? Oui, mon géniteur était malin, il savait parfaitement pourquoi j'étais venu.
Il savait qu'il vivait ses dernières minutes. Rien que pour cela, je n'aurais jamais la satisfaction de le voir me supplier. Je levai l'arme, il était temps.
— Rien à dire avant de mourir ? Lui crachais-je amèrement.
— Pourquoi voudrais-tu que je parle ? Demanda-t-il.
J'enlevais rapidement la gâchette de mon pistolet.
— Tu vas crever comme un animal, le meurtre de ma mère sera vengé.
— Ce n'était pas moi, lança-t-il.
Mon cœur battit violemment dans ma poitrine à ses mots. Il osait nier le meurtre de ma mère, et je ne pouvais accepter qu'il n'y soit pas impliqué après toutes ces années. Mes sourcils se froncèrent férocement. Il jouait avec moi, et je n'aimais pas ça.
— Mens encore et tu mourra lentement, le menaçais-je.
— Je ne mens pas. C'était ma femme, elle était jalouse de ta mère. Elle a ordonné son meurtre, je n'ai rien pu faire. Ta mère était une bonne personne, elle était innocente et pure.
À ses mots, mon cœur saignait. À ses mots, ma rage s'intensifiait. À ses mots, mes larmes menaçaient de couler. Ma main trembla légèrement. Il le remarqua, mais ne broncha pas. Son regard imperturbable m'analysait. Il semblait satisfait de me voir ainsi, si perturbé par son annonce.
— Tu veux savoir ce que j'aimais chez elle ?
— Sans façon, le coupais-je en espérant qu'il veuille bien fermer sa grande gueule.
— J'aimais son innocence, je me délectais de ça. Elle était jeune et naïve et c'est quelque chose qu'on ne trouve pas facilement surtout dans un monde où les mains de chaque être que tu rencontre sont salies. Lorsque je passais du temps avec elle, elle me rappelait ce que je n'était pas. Je voulais son innocence pour moi seul, moi seul pouvait la détruire. Malgré cela, ta mère m'aimait, je ne saurai jamais expliquer pourquoi. Dis moi Vlad...as tu déjà rencontré une personne pure au cours de ta vie ?
— T'es un malade mentale. Un suceur qui mérite de crever. Tu crois que ce que tu me racontes changera quelque chose à ce que je pense de toi ? Tu crois que je viens uniquement dans le seul but de me venger ? Tu mérites de mourir, tu laisses des trafiques d'être humains avoir lieu et tu crois que je vais avoir de la compassion pour le grand directeur de cet empire ? Un jour une personne m'a dit que la pureté n'existait pas, on ne naît pas tout blanc ou tout noir. Nous avons chacun notre part d'ombre et notre part de lumière.
Il émit un léger rire en disant :
— Moi je suis dans l'ombre et toi celui qui vient me tuer c'est ça ? Parce que tu es dans la lumière Vlad ? Tu es comme moi admets le ! Le même sang coule dans tes veines ! Tu crois que je ne savais pas que tu étais en vie ? Je te surveillais de loin ! J'observais comment tu développais ton empire au Mexique. Je dois t'avouer que j'en étais fier, mais je savais que ce jour viendrais.
Je me tenais devant lui, la rage bouillonnant en moi. Mes poings étaient serrés, mes muscles tendus. Chaque respiration était lourde, comme si je voulais aspirer toute l'oxygène de la pièce. Mon géniteur, cet être ignoble, me fixait avec un regard de défi. Il semblait presque amusé par ma fureur. En le regardant, je ressentais une haine profonde, mais aussi une terrible angoisse. Au fond de moi, je savais que je lui ressemblais plus que je ne voulais l'admettre.
Il avait détruit ma mère, et je craignais d'avoir fait de même avec Thaïla. Sa pureté, son innocence, je les avais désirées de manière égoïste, tout comme lui avait désiré l'innocence de ma mère. Cette réalisation me déchirait, renforçant ma détermination à mettre fin à ses jours. Je ne pouvais plus supporter l'idée de partager ne serait-ce qu'une once de son âme abjecte.
Je levai mon arme, les mains tremblantes mais le cœur décidé. Mon père ne bougea pas, son sourire narquois toujours présent. En un instant, je pressai la détente. Le coup résonna dans la pièce, et son corps s'affaissa lentement. Je le regardai tomber, et un silence oppressant s'installa.
C'est alors que je sentis les larmes. Elles glissaient sur mes joues, silencieuses et incontrôlables. Je ne m'étais même pas rendu compte que je pleurais. Les perles salées coulaient, témoins muets de la tempête intérieure qui faisait rage en moi.
Je restai là, immobile, devant le corps sans vie de mon père. Une part de moi se sentait soulagée, mais une autre était envahie par une tristesse insondable. J'avais tué l'homme qui m'avait tant fait souffrir, mais en le faisant, j'avais aussi confronté les parts sombres de moi-même. Et cette confrontation laissait des cicatrices bien plus profondes que n'importe quelle blessure physique.
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Prenez soin de vous mes petits sucres ❤️
Sarah Vixens ❤️
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LACRIMIS
Non-FictionDans un monde devenu de plus en plus matérialiste ou les plus pauvres sont mis à l'écart, la vie de Thaïla est dictée par ses parents depuis sa naissance. On lui impose ce qu'elle veut devenir et son futur malgré elle. Lors d'un voyage au Mexique p...