Chapitre 21 - Les prostituées.

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Ùlazana, Mexique.
Vingt-deux heures.

Thaïla


Je me levais précipitamment et me dirigeais dans ma chambre. Je ne voulais pas être présente lors de leurs ébats sexuels et surtout, je souhaitais éviter de sentir le regard meurtrier de Vlad sur moi toute la soirée. Finalement, je n'avais rien fait de mal, il était juste bipolaire.

Je m'asseyais dans mon lit et j'observais la lune accompagnée des étoiles dans le ciel depuis ma chambre. J'ouvrais la fenêtre et je sentis le vent vrai souffler sur mon visage.


•••

La soif me dévorait. Il faisait une chaleur insupportable. Depuis deux jours, la canicule sévissait au Mexique, et malgré mes efforts pour m'hydrater régulièrement, ma gorge restait désespérément sèche. Ce climat n'était pas fait pour moi ; j'avais toujours préféré l'hiver à l'été, une préférence que peu comprenaient.

Après avoir cédé à la fatigue, je m'étais assoupie quelques heures. Le vacarme de la musique forte et des rires féminins parvenait jusqu'à moi. Finalement, je me résolus à sortir de ma chambre pour aller chercher un verre d'eau.

Dans le couloir, plusieurs femmes gisaient au sol, ivres ou droguées. J'avais pris soin de verrouiller ma porte, évitant ainsi des rencontres indésirables. Les rires, eux, venaient des chambres voisines, mais je m'arrêtai brusquement en entendant aussi des gémissements. Charmant.

Une fois dans la cuisine, je remplis un verre d'eau et me dirigeai vers le jardin de la villa. Il me serait impossible de retrouver le sommeil avec le brouhaha ambiant et la chaleur étouffante. Peut-être que la fraîcheur de la nuit m'apaiserait.

La plage, toute proche, me faisait rêver. J'imaginais la sensation de l'eau fraîche sur ma peau. En avançant dans le jardin, je m'arrêtai pour admirer les pétunias de Rayan, si éclatants. Le jardin était vaste, rempli de fleurs en tout genre, et des arbustes bordaient le chemin. Mon cœur s'emballa soudain en apercevant Vlad, debout devant quelque chose.

Que faisait-il là, dans le jardin, alors qu'il aurait pu être avec les prostituées ?

Je m'immobilisai, craignant qu'il ne me remarque.

"Il t'a déjà remarquée, imbécile", me rappelai-je.

Il possédait une perception surnaturelle, aussi affûtée que celle d'un prédateur.

C'était noble de ta part de défendre Rayan, murmura-t-il sans même se retourner.

Son ton me surprit. Il avait voulu tuer Rayan il y a quelques heures, et maintenant, il semblait presque reconnaissant.

— C'est mon ami, répondis-je simplement. C'est normal.

Il garda le silence, observant les étoiles avec l'innocence d'un enfant.

— Comment savais-tu que c'était moi ?

Comment ça ? me demanda-t-il sans comprendre.

— Tu as su que c'était moi sans même te retourner. Comment as-tu fait ?

Pourquoi cette conversation semblait-elle si naturelle ? Il y a peu, il voulait me tuer, et c'était réciproque. Peut-être que la nuit offrait un répit, un moment où toute haine se mettait en pause, trop précieuse pour être gaspillée.

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