Chapitre 19 POV Sirius

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Théo me pousse d'une légère tape dans le dos. Mes jambes tremblent tellement que je n'ai aucune idée de la façon dont je parviens à me tenir droit devant la juge.

_ Monsieur Black, pouvez vous me donner votre version de votre relation avec Monsieur Jedusor?

_ Je suis d'accord avec le début de son récit. J'ai, en effet, emménagé chez lui après être parti de chez mes parents. Tout se passait bien au début. Je ne pense pas que j'avais besoin d'attention comme il peut dire. J'ai une personnalité assez extravertie et c'est vrai qu'en général, j'établie des contacts plutôt rapidement mais je ne l'ai jamais trompé.

_ Quand sont apparues les premières violences? demande la juge.

_ Peut être sept ou huit mois plus tard.

_ Personne n'a jamais rien vu?

_ Ce n'était rien de très visible. Quelques ecchymoses mais jamais rien qui pourrait se voir. C'était principalement des claques ou des mouvements assez violents.

_ Madame la Présidente, intervient Théo. Mon client rapporte que les faits de violence physique étaient discrets, bien que répétés. J'aimerais insister sur le fait que pour Monsieur Black, c'est la violence psychologique impliquée qui a certainement été la plus difficile à gérer. Vous avez l'attestation du psychiatre qui le suit depuis plusieurs années maintenant et qui est totalement en accord.

_ Monsieur Black, demande la juge. Comment avez vous mis un terme à cette relation?

_ Mon frère a quitté la maison à son tour. Il est venu me chercher et m'a fait comprendre que ce n'était pas un comportement normal. C'est à ce moment là que j'ai commencé une thérapie. J'ai emménagé avec lui, j'ai repris mes études et trouvé du travail.

La juge me remercie et me propose de retourner m'assoir. Je croise les regards approbateurs de James et Regulus.

La parole est donnée à Théo. C'est son moment pour défendre mes intérêts.

_ Monsieur Black a rencontré Monsieur Jedusor a un moment de sa vie où il était particulièrement vulnérable. Il pensait avoir enfin échappé à la violence engendré par ses propres géniteurs et pouvoir se reconstruire dans une relation épanouissante. C'est de nouveau un climat toxique qui s'est présenté à lui. Ce n'est pas tant la violence victime que celle, psychologique que mon client a vécu. Son conjoint a réussi à le déprécier jusqu'à lui faire croire qu'il ne méritait pas la tendresse. Est ce une réaction normale quand on dit aimer quelqu'un? Monsieur Jedusor n'exprime aucun regret concernant ses actes, il trouve visiblement cela normal de recadrer son conjoint de cette façon. Loin de lui mon client s'est progressivement reconstruit comme en témoigne son thérapeute. Mon client est maintenant un professionnel renommé et ne peut décemment pas continuer à vivre dans la peur de possibles représailles. Je sollicite pour mon client une ordonnance de restriction à l'encontre de son ex conjoint Monsieur Jedusor. Monsieur Black ne demande aucun dommage et intérêt pour le préjudice subi.

La juge hoche la tête en prenant des notes.

_ Monsieur le procureur quelles sont vos réquisitions?

_ La violence n'est pas quelque chose que la loi sociale autorise. Le fait que ce soit sur un conjoint est une circonstance aggravante. Nous savons que des hommes et des femmes meurent chaque jour sous les coups de leurs partenaires, le but étant de pouvoir stopper la progression de la violence avant d'en arriver à cette fin malheureuse. Le motif de cette violence n'a, à mon sens aucun intérêt puisqu'il y a des conflits dans tous les couples, cependant la loi interdit de les résoudre par la violence. Je demande une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis à l'encontre du prévenu du chef de "violences sur conjoint".

La parole pour finir, est laissé à l'avocat de Tom. Un de ses amis que j'ai déjà rencontré et qui ne m'accorde même pas un regard.

_ Soyons sérieux une minute, commence t'il. Monsieur Black ici présent a clairement des problèmes psychologiques, une peur de l'abandon chronique. Je veux bien admettre que ses parents n'avaient pas la réputation d'être tendres et attentionnés cependant ils lui ont offert un certain confort de vie qui lui permet maintenant de vivre aisément. Les faits reprochés à mon client se sont passés il y a des années, pourquoi porter plainte seulement maintenant? Quel est l'intérêt de toute cette mascarade? Si ce n'est ce besoin d'attention précédemment abordé. Mon client aime son compagnon et est prêt à lui pardonner les proportions qu'il a fait prendre à cette affaire. Ainsi et pour éviter plus de paperasses inutiles, je vous demande de prononcer une peine de principe avec non inscription au casier judiciaire.

L'audience est suspendue le temps que la présidente du tribunal rende son verdict. Théo me sourit et se penche vers moi.

_ Tu as très bien fait Sirius. Quoi qu'il se passe à présent, tu peux avoir l'esprit tranquille. Je suis vraiment fier de toi.

Je voudrais juste sortir d'ici. Rentrez à la maison et oublier tout ça.

La présidente revient dans la salle et fait lever Tom. L'ambiance dans la salle d'audience est palpable.

_ Monsieur Tom Jedusor, le tribunal vous déclare coupable de violences et vous condamne à deux mois d'emprisonnement avec sursis avec mise à l'épreuve, cette condamnation ne sera pas inscrite à votre casier judiciaire comme demandé par votre avocat. Aucun dommages et intérêts n'a été sollicité par le demandeur. L'ordonne de restriction n'a pas été jugée utile par le tribunal étant donné que Monsieur Black et Monsieur Jedusor ne vivent désormais plus dans la même région.

Je ne me souviens plus précisément de la suite. Théo m'a fait signer plusieurs documents en m'expliquant qu'il allait tout confié à Reg pour qu'il me fasse un compte rendu quand j'aurai récupéré.

La seule chose dont je me souviens c'est du regard puis du sourire amer de Tom lorsqu'il a quitté le tribunal.

En sortant à mon tour, j'inspire fortement l'air frais extérieur.

_ Ca va Sirius? me demande James.

_ Je voudrais Remus.

James et Regulus échangent un regard.

_ Ok, me dit Reggie en posant sa main sur mon épaule. On va rentrer.

J'ai somnolé à l'arrière tout le trajet, bercé par leur discussion.

Cinq minutes avant d'arriver chez Remus, James me propose de monter pour lui résumer la situation dans le cas où je ne m'en sentirais pas capable. Je refuse. Je veux Remus et seulement lui.

Sans vraiment l'écouter, j'entends la conversation qui se déroule à l'avant.

_ Je sais que tu voudrais certainement rentrer chez toi, voir ta femme et ton fils mais...

_ On va aller boire un verre tous les deux, l'interrompt James. Je te l'offre. C'est bien mérité.

J'étreins James et Regulus et les remercie puis monte les quelques marches qui mènent à l'appartement.

Remus ouvre la porte et sans poser une seule question me fait entrer. Il me sert un verre et allume la télévision avant de s'assoir dans le canapé et de m'ouvrir ses bras. J'y plonge sans hésiter un seul instant.

Méfie toi des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant