Prologue

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Lorsque je me stationne enfin, je coupe le contact et respire en renversant la tête sur le dossier du siège.

Eh oui, pour une fois dans sa vie, Jaydi est entrain de vivre un enfer. Un mois de merde, pour tout avouer. En un claquement de doigt, j'ai tout perdu. Mon pilier m'a lâché, mes sens se sont dispersés... en gros, j'ai l'impression d'être tombé de si haut.

Je jette un coup d'œil par la vitre de ma bagnole et observe les rues envahies. Je ferai mieux de me dépêcher si je veux retrouver ma résidence avant la tombée de la nuit. Cela fait bien des heures que je conduis à la recherche d'un petit appartement dans un coin reculé de la ville, où aucune femme qui se prend pour Cendrillon ne viendra me sauter dessus. D'ailleurs avec cette voiture empruntée et mon déguisement dans toute cette neige, il est impossible que qui que ce soit me reconnaisse. Je suis blindé comme un braqueur.

Je sors enfin de ma cage et me mets à la marche pour sillonner le quartier avec mon GPS. Les ruelles sont plutôt très dégagées et je crois avoir été parano vu l'envahissement de la rue où je vis. Mes frères ont beau envoyer leurs hommes de mains, les femmes et les journalistes sont plus que tout déterminés à me sortir de mon trou. J'ai laissé passer le temps en croyant qu'au bout de deux semaines, ce scandale sur mon ex-couple se serait dissipé, mais il devient de plus en plus intense.

Je voudrais bien quitter le pays, mais j'ai tant de choses à gérer et je dois avouer que cette nouvelle situation a fait monter mes chiffres d'affaire en fusée. C'est...

Putain, cette silhouette. Au loin, si loin, une femme marche en direction opposée à la mienne. Je ne sais pourquoi, mon esprit s'est littéralement paralysé sur elle. Pourtant, j'ai l'impression de ne pas la connaitre. Cette physionomie, ce style de dame, cette démarche...

Je retire discrètement mes lunettes et plisse des yeux. Elle ne me remarque pas, mais plus nous nous approchons, plus quelque chose de différent se dessine sur ma rétine.

C'est impossible ! Clairement infaisable !

Comme en ralenti, la dame me dépasse et je frissonne. Je me crispe, incapable de bouger. Instinctivement, je me retourne comme en plein extase et la rattrape en une seconde par l'épaule.

— Abby ?

Elle se retourne soudain, me fixe avec des yeux brillant de toutes sortes de sentiments négatifs et moi, je reste figé comme une statue.

— Putain ! Qu'est ce que c'est que ça ?

— Je suis désolée, je ne sais pas de quoi vous parlez.

— Joue pas avec moi, Abby ! Je sais bien qui tu es, mais ce que je ne sais pas c'est ce que tu es, je déballe pris d'appréhension.

Un cliquetis se fait entendre et je sais bien ce que c'est. Je baisse les yeux et remarque qu'elle tient son sac d'une position étrange avec une main à l'intérieur et reviens à son regard satanique.

— Retourne-toi et marches ou je n'hésiterai pas à tirer !

— B... Quoi ? Dis-moi que je rêve.

— Ce n'est pas un jeu, José. Et je pense que tu sais très bien que je suis capable du pire, après tout, je n'ai pas de cœur. Tu t'en souviens ? Allez, chéri ! Fais ce que je te dis et prend la première ruelle à gauche, et surtout tentes rien.

Je pivote lentement encore sous le choc, espérant secrètement que je sois encore piégé dans un cauchemar qui me lâchera bien assez tôt. Les passants sont si aveugles et je suis si déguisé que personne ne pourra me servir de diversion. Comme quoi, toujours être soi-même. Le seul jour où je me voile, on me pointe une arme dessus. Le plus beau mois.

— Vires !

J'obtempère. Dans une autre situation, je ne pourrais m'empêcher de jouer les comiques, mais actuellement, j'ai autant le moral en bouillie que mon propre cerveau. Que se passe-t-il ? Est-ce que la femme innocente et ensorceleuse qui a gâché ma vie me pointe une arme dessus ? Sans compter le fait que personne ne pourrait jamais reconnaitre celle qui se cache sous cette figure...

Nous déboulons dans un long couloir sombre et désert lors que j'entends une masse atteindre le sol. Je me retourne en sursaut, découvrant le corps de mon assaillante sur le sol, et un homme roux en Jeans et T-shirt en face de moi.

— Grande Cielo ! Qui êtes-vous ?

Il ne me prête pas grande attention et appuie sur l'appareil dans son oreille et tapotant des orteils la femme sur le parterre.

— Le colis est prêt à être livré ! murmure-t-il en levant enfin les yeux sur moi.

— Euh... une minute ! Qui est-ce ? Le colis ?

Ma voix toute basse et cassante est malheureusement très audible. Ma pomme d'Adam fait un bon et mon cerveau chuchote avec une belle touche d'humour.

Tu es dans de beaux draps, mon beau !

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant