12. Round 3

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— Et je refuse catégoriquement de supporter une telle humiliation !

La voix si lointaine de mon père me fait soupirer. Parler et encore parler sans arrêt. On en a encore pour des heures. Et cela, pour quelle raison ?

— Toute la presse en connait assez sur cette famille ! Et cela me donne la nausée de savoir qu'il est rendu public qu'il y a de la concurrence chez les Delvaro ! Les entreprises sont divisées ! C'est inacceptable !! Je dis bien, inacceptable ! Et j'en ai marre de devoir me répéter continuellement. Ce n'est pas une compétition !

Il frappe des mains sur la table de son bureau alors que tous, debout en face de lui, nous ne rêvons que d'une chose. Que son soliloque prenne fin pour que nous puissions respirer hors de ce four. Alignés pêle-mêle, je me demande si cette figure de réunion ne ressemble pas plutôt à une séance sectaire familiale. C'est saoulant.

— Et le pire dans ce merdier est qu'alors que certains se déchirent pour la perfection, d'autre se foutent royalement de ma gueule. Où est ton frère ?

Je fronce les sourcils comme tous les autres d'ailleurs et suit le regard de mon père. L'intéressé se pointe du doigt, tout aussi surpris.

— Moi ?

— Non, pas toi, idiot ! Ton ombre.

Je pince des lèvres et réprime un rire en tenant le regard droit devant.

— Où est-il ?

— Souffrant !

— Ah oui ? Souffrant ! Souffrant ! Et toi ? Qui es-tu ?

— Paolo

Le sourire m'échappe. Un père qui cherche à connaitre le nom de son fils. En même temps, je ne lui en tiens pas rigueur. Même moi, je ne savais lequel des jumeaux était réellement présent. Ils ont toujours fait cavaliers seuls et n'ont jamais marqué même la moindre différence. Deux gouttes d'eau, c'est leurs seconds prénoms.

— C'est dingue ! Vous voulez vraiment me précipiter dans la tombe ?! C'est ce que vous voulez, mais aucun de vous ne réussira. Et si vous continuez à laver votre linge sage devant les médias comme vous le faites, je vous promets de réduire tous vos efforts à néant. Vous avez une image à vendre et ce n'est surement pas celle des frères qui se déchiquettent pour des entreprises qui n'ont même pas le même objectif !

— Vous êtes le seul à avoir occasionné une telle chose ! intervient enfin Luciano.

Et merde ! On n'a qu'à dire que quitter cette pièce, ce ne sera pas pour bientôt. Je commençais à espérer qu'il avait perdu sa langue.

— Que dis-tu ?

— La cruelle vérité. Si vous n'aviez pas instauré ce classement des entreprises Delvaro pour chaque semestre, personne ne voudrait faire mieux que l'autre.

— Je suis désolé, Padre ! consolide l'autre connard noir. Je ne veux pas parler au nom des autres mais, nous sommes tous partis pour dire que Luciano a raison.

Regarder mon père rougir peu à peu de colère sans pouvoir rien y faire est presque jouissif. Je voudrais en rire jusqu'aux éclats, mais j'ai encore toute ma tête sur mes épaules pour l'éviter. Et tant qu'il y aura ces deux-là, je prie le ciel pour que jamais mon père ne trouve la paix qu'il recherche tant et qu'il a tout bonnement arrachée à cette famille.

— Et même si vous supprimez cette... loi, cela ne changera rien au fait que vous avez déjà ouvert les hostilités ! grogne à son tour Mélanio.

— Alors, vous voulez tous me défier ? Je l'ai fait pour augmenter le chiffre d'affaire des filiales ! Pas pour occasionner des disputes familiales.

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant