#2.THRUTH

15. L'imprudence d'une pro

Alors que j'ai pris le virage, je stoppe ma voiture et jette un regard vers ma tombe. Quoique, c'est une surprise d'apercevoir une silhouette juste devant. Je la reconnais, je la reconnaitrais toujours. Vêtue d'un ensemble jeans, elle a tient dans sa main un bouquet enveloppant une variété de fleurs.

Non mais, Mlle Migan déteste les fleurs. Ce n'est pas pour rien qu'il n'y en a jamais eu chez elle. Je soupire, le cœur serré et sors de la voiture sur un coup de tête. Je n'ai pas fait quelques pas avant qu'elle se rende compte de ma présence dans tout ce désert. Les chaussures à talons font du bruit, je devais le savoir.

Plus proche, je l'entends renifler jusqu'à parvenir à son côté. Je fixe la tombe, où sont gravés, au-dessus d'une petite prise de cette femme aux traits durs : « Le meilleur leader qui ait jamais existé, Mlle Beyonce Migan, 1979-2023.

Quand je pense que je n'ai même pas eu le courage de me pointer ici ! Je l'aimais pourtant, Mlle Migan. Elle avait un avenir tout tracé, des rêves, des ambitions et des buts que moi-même je poursuivais... comme quoi ? Aucun succès ne puise ses fondations sur le mensonge.

— Que faites-vous ici ? inspire Bella le visage tout rouge de larmes.

— Je... je passais. Je n'ai pas encore eu le temps de venir ici.

Elle reste muette et s'abaisse pour enfin poser les fleurs.

— Alors, Barbie vous a dit.

— J'ai vu la vidéo, murmure-t-elle. Ça ne lui ressemble pas, vous savez.

Elle rit et se nettoie le visage.

— Tout le monde a ses faiblesses.

— Elle semblait ne pas en avoir... ce matin-là, j'avais un mauvais pressentiment. C'est pourquoi je suis allée la voir. Elle m'avait paru si... si normale.

— Si par-là vous entendez sarcastique et mauvaise langue...

— Sans doute, rigole-elle. Barbie dit qu'elle sentait qu'elle n'allait pas bien, parce que ma mère avait commencé à lui dire des choses assez flippantes. J'ai vu Barbie pleurer sur ses genoux...

Elle lève les yeux aux cieux, tentant si vainement de se retenir.

— Je... quand je pense qu'elle s'est vraiment suicidé !

— Barbie ne savait pas qu'elle avait du poison sur elle, sinon, je suis sûre qu'elle l'en aurait empêché.

— On n'a qu'à dire que tout ce que Mlle Migan veut, elle l'obtient.

— C'est rien de le dire, je soupire en sentant mon sang se glacer aux larmes de Bella.

Putain de merde ! Je voudrais tellement la prendre dans mes bras et lui dire que je suis là mais si Mlle Migan est partie, que je serai toujours là pour elle, plus que Mlle Migan l'a été. Mais c'est si dingue que je ne pourrais oser. Elle me détesterait toute sa vie quand elle saura la vérité.

— C'est elle qui est venue me trouver, marmonne-t-elle en souriant avant de se mordre la lèvre inférieure. Je vivais paisiblement ma vie au Mexique. Il y a deux ans, je venais d'avoir 20 ans, il était prévu que dans le mois je déménage. Et un soir, une femme noire est venue frapper à notre porte. Quand je l'ai vu, je... je sentais une peur, mais en même temps, je l'ai aimé à la minute. Elle était si froide, si...

Elle renifle longuement et déglutit.

— Et j'ai appris que j'étais adopté. Elle a mis une sacrée pagaille chez nous ! s'hilare-t-elle. La femme pour laquelle elle travaillait ne pouvait accepter une autre bouche. Et elle était si jeune qu'elle a failli y rester. Et ils ont dû la forcer à se séparer de son bébé. Jusque-là, elle ne m'a jamais dit comment elle m'a retrouvé.