17. Jo-zombie

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Est-ce que vous priez pour vos enfants avant de dormir la nuit ? Est-ce que vous leur parlez de ce qui se passe réellement dehors ? Leur dites-vous que le faucheur ne vient pas qu'après la fuite du soleil et qu'il les poursuit toute leur vie ? Leur apprenez-vous que la différence entre le mal et le bien est devenue si relative qu'il faut aujourd'hui s'adapter. Leur montrez-vous que les gens ne seront pas forcément de leur côté et qu'ils ne peuvent que compter que sur eux même ?

Personne ne m'a rien dit, je l'ai appris à mes dépends. J'ai été cette petite fille à qui personne n'achetait de crème glacée et qui devait voler plus faible qu'elle pour en gouter. J'ai été la gosse qui a dû terrifier une autre pour avoir sa robe en pleine rue, et la renvoyer chez elle avec mes déchets. J'étais, oui, la gamine qui clignait des yeux pour que les passants l'approchent afin de les vider sans même qu'ils ne s'en aperçoivent.

C'est ce que vous devez faire comprendre à vos mômes.

Qu'il court dans les rues ce genre d'enfants qui n'ont pas eu leurs chances et qui tenteront de voler leur étoile ! Qu'ils doivent se montrer forts parce qu'il n'y aura pas de pitié pour eux. Qu'ils n'ont rien tant qu'ils ne l'ont pas eux même bâtit. Dites-leur. Parce que la vie a déjà lâché ces chiens affamés et vengeurs après eux.

Les pires versions de moi, c'est elles qui guettent vos petits, avec appétit.

Votre déesse de l'illusion.

Ses doigts forts me ramènent violemment à lui et j'évite de sourire à cause des regards.

— Je ne vais pas laisser passer ça, tu le sais. N'est-ce pas ?

Sa menace emmaillotée dans une voix rauque et sensuelle me met l'eau entre les cuisses. Je me retourne doucement et fais mine de poser ma tête sur son épaule. Non seulement les gens vont voir le portrait d'un amant protecteur mais en plus, ils auront moins de courage à l'aborder en voyant les choses sous cet angle.

— C'est une sombre envie de faire pire, je murmure.

— Je vois, marmonne-t-il. Tu obtiens toujours ce que tu veux. Voyons si tu peux en payer le prix.

— J'ai hâte de voir ce que tu me feras pour l'occasion.

— Je savais qu'on me suivait, dévie-t-il. Je m'en suis aperçu deux semaines avant. J'avais besoin de savoir ce qu'on me voulait. Evidemment, tu m'as demandé de prendre le virage quand tu as pointé le flingue sur moi, c'était le lieu parfait pour faire d'une pierre deux coups. Mais quand l'homme a surgit, c'est toi qu'il a attaqué. Et j'ai compris qu'il s'agissait de mes frères.

Je me suis fait avoir comme une débutante. Je lève la tête et il me fait ce sourire pur et innocent. J'arrive toujours pas à y croire.

Le reste du temps, je joue mon rôle, enfin... du Abby tout craché, les invités l'adorent et font d'elle un sujet principal. Et ce qui favorise les choses, c'est qu'elle est aux bras du classé n°1 du top des plus beaux milliardaires de la Californie.

En vrai, j'ai finis par comprendre que ce n'est pas son physique qui l'avantage, c'est ce charme qu'il exerce sur tout le monde, cette aura de bienfaisance qu'il dégage. On peut dire que c'est peu la personnalité d'Abigail, avec la seule différence que José est presque, je dis bien presque, l'incarnation du bien. Les conneries, c'est pas son type. Mais quand je pense que c'est ce qui définit le monde de mon personnage.

Le pire, c'est que, malgré le fait que je sache qu'il n'est pas si... naïf qu'il y parait, je ne parviens pas à trouver le moyen d'effacer ses traits d'innocence à mes yeux. Il demeure parfait, et ça me fout les boules.

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant