#2.THRUTH

32. quasiMODO

Pourquoi est-ce que les gens trébuchent quand même rien ne les empêche d'évoluer ?

Pourquoi est-ce que les tocards font confiance quand bien même ils savent ce qui les attend ?

Pourquoi est-ce que nous sommes le plus enclin à écouter cette voix ridicule dans notre tête, pleinement conscients que ce n'est pas la bonne ?

Pourquoi est-ce que nous croyons plus facilement le faux que le vrai ?

Si j'ai appris une chose, c'est qu'il y a deux types de personnes. D'une part il y a les énergumènes comme moi, qui agissent suivant leur bonheur éphémère... et d'autre part, il y a Abigail qui appartient à la catégorie des gens qui planifient leur bonheur sur le long terme.

Le pire, c'est que je me dis que j'ai eu raison de ne pas avoir pensé à l'avenir.

Elle me fait du mal. C'est comme un cancer qui vous ronge de l'intérieur sans que personne ne s'en aperçoive, mais quand c'est le cas, il est déjà trop tard.

Y avez-vous songé ? La plupart des humains ont du mal à faire la différence entre un plafond et une dalle. La seconde appartient à la première. Alors vous pouvez deviner que ce n'est pas le même effet quand chacun vous tombe dessus.

Là, je peux clairement dire que le plafond s'écroule sur ma tête lorsque je sens un violent coup me traverser les côtes. Ça fait un mal de chien, comme un crissement violent qui menace de me dévorer les nerfs, ou encore, une douleur qui déchire tous les muscles de mon cerveau.

Ce n'est ni la brume, ni le flou, quand j'ouvre les yeux et opte pour une toux incessante.

En plus de la migraine et ce mal qui me mange les entrailles, c'est le pire vertige. J'entends un rire, des voix. Ma tête est violemment ramenée en arrière par ma chevelure et je gémis doucement.

Peu à peu, je commence à me rendre compte de ce qui se passe. Je sens mes membres comprimés et impossible de les dégourdir. Je me débats doucement, au fur et à mesure que Jésus guérit le Bartimée qui m'empêche de voir.

Grande Cielo...

Je suis ligoté.

Les crissements assourdissants me percent les tympans, j'ai l'impression de perdre la raison. Mais ces individus sont bien là.

Dans la pénombre de la pièce, je reconnais clairement les lieux. Immobilisé sur une chaise, je compte bien deux hommes et une femme baraquée qui mâche du chewing-gum comme une satanée tueuse en série. D'ailleurs, j'ai du mal à savoir si c'est vraiment une femme ou pas. Géante et robuste, elle a les cheveux courts et la mâchoire bâtie comme celle d'un homme. Sans compter ses muscles assez développés.

La Shemale de teint sombre porte un jeans noir et un survêtement hors norme. Son regard est meurtrier et agressif, elle garde la tête haute comme pour essayer de m'intimider. Elle domine le tableau et pourtant, je ne peux m'empêcher de rire quand elle tire une chaise et s'installe en face de moi.

— Eh ben. C'qu'il est minion l'gosse.

Sa voix est rocailleuse et très masculine. Elle n'a rien d'une femelle et j'aurais flippé si elle avait les bonnes manières. Rien qu'à voir, la manière dont elle se tient et parle en dit long sur sa vulgarité. C'est une chose à ne jamais négliger quand on essaie de faire pression. Cette chose devant moi est pitoyable !

Je la fixe tandis qu'elle fait pareil, puis, jette un coup d'œil aux deux autres hommes dans la pièce qui prennent leurs aises. Le premier croque dans une pomme et le second s'est servi dans le réfrigérateur d'Abigail.

Et à ce nom... je frémis.

Les bribes de souvenirs me parviennent, durs comme le roc et pressant comme le couteau fonce dans la plaie.