6. Toxiques suavités

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Je pénètre le salon, la tête dans les nuages. Quoique, je m'arrête sur mes pas en remarquant une chose qui n'arrive jamais. La lumière du salon pourtant éteinte, je distingue clairement la silhouette à la table de réception. Je retourne à la porte et appuie sur l'interrupteur.

Peepa.

En larmes.

Encore.

Je retire la main de ma poche et soupire. Elle garde les yeux rivés sur le mur, son expression est clairement enflammée. Je sais ce que peut vouloir dire tout ce cirque.

- Montes te coucher, chérie.

- Pourquoi ? murmure-t-elle sans un regard.

- On n'en discutera pas maintenant.

- Pourquoi l'as-tu fais, José !

Cette fois-ci, ses iris si lointains s'abattent sur moi comme la grêle. Je serre lentement les poings comme si cela me mettait en colère. Mais non, elle doit l'avoir remarqué, je suis entrain de censurer mon acte.

Peepa se lève doucement s'avance vers moi, bouillant de l'intérieur sa robe moulante. Son visage coloré et dilaté ne cache pas toutes ces heures qu'elle a dû passer à pleurer. Je ferme les yeux et soupire.

- Je t'ai confié un problème qui me tourmentait. Je t'ai fait confiance et tout ce que tu as trouvé à faire, c'est menacer cet homme ?

- Je l'ai fait pour toi, putain ! Tu le sais, n'est-ce pas ?

- Non, José ! C'est pour toi que tu l'as fait ! Pour ton amour propre que tu as vu blessé par le fait que je ne t'en ai pas parlé.

- Eh bien tu aurais dû, je murmure en prenant chemin.

- José ! vocifère-t-elle pour m'arrêter. Je ne suis pas ta fille pour que tu décides de tout ce qui se passe dans ma vie. J'ai des droits. Je suis une grande personne, je peux gérer toute seule mes problèmes.

- Est-ce ainsi que tu voies les choses ? je grommelle sans me retourner. Gérer tout seul ses problèmes ? J'ai cru qu'on formait un couple, Peepa.

- Non, José. Je ne m'immisce pas continuellement dans ta vie. Et même si c'est le cas, je n'ai jamais rien fait qui nuise à ta carrière, chuchote-t-elle le ton brisé. Anders Miles s'est excusé publiquement comme tu le lui as demandé. Mais, pour moi, c'était la plus grande honte de ma vie. Merci pour ton dévouement à notre couple.

C'est elle qui emprunte les escaliers devant moi, c'est ma fiancée. Enragée que j'aie osé me mêler de ses affaires. Qu'ai-je fais sinon protéger ce qui m'est cher comme toujours ? J'expire et m'assois à table avant de remarquer un visage près de la porte d'entrée.

- Qu'en pensez-vous Edmund ?

L'homme de la cinquantaine dans son trois pièce s'avance jusqu'à moi et hausse les épaules.

- J'en pense que vous devriez goûter aux plats de ce soir.

- Je n'ai pas faim, je marmonne en me relevant. Faites-le emballer pour les domestiques.

- Comme vous voudriez.

Quelle saleté de journée ! Sans compter que sur un coup de tête, j'ai promis deux millions à une femme que je n'avais jamais rencontré auparavant et que je ne défalquerai que dans le compte de mes parents. J'en suis sûr, j'en entendrai des grondements. Pour l'instant, rien de compte. Peepa s'emporte la plupart du temps. Elle saura tôt ou tard que je l'ai fait pour son bien.

Devant la chambre, je la surprends sortir avec un coussinet et la couverture. Je ne la retiens pas. Évidemment que dormir tout seul dans un immense lit m'a manqué. Ça lui passera. Elle reviendra vers moi. Seulement, pour tous les deux, la nuit sera un calvaire...

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant