34. Mal nécessaire

4 1 0
                                    

Lèves-toi !

Non, je ne peux pas.

Tu ne veux pas.

Peut-être.

Pourquoi ?

Rien ne m'attend hors du chaos. Seulement de la colère, de la tristesse, la déception, le malheur, la solitude, la destruction, l'ennui, l'abjection, ma maladresse, ma bêtise, l'instabilité, la trahison, la haine, la peur, l'horreur...

Et ta vie, ne compte-t-elle pas ?

Et ta mère, elle a besoin de toi.

Ton père qui sera fou de chagrin.

Luciano et Jack qui auraient déjà assassiné la moitié du continent parce qu'ils ne te trouvent pas.

Octavio qui n'aura plus qui titiller.

Mel, n'aura plus personne pour le freiner dans la folie.

Et les jumeaux ?

Et Roberto ?

Sa fille, Cesci ?

Tu n'as même pas pensé à Luz-Maria.

Il y a tes employés. Ton boulot que tu adores. Tu vas perdre ta place dans le classement du rêve des femmes de LA et pire encore tu vas passer dans les journaux et à la télé en nécrologie avec cette horrible musique.

Et ton visage de dieu, tu n'auras plus jamais l'occasion de le regarder dans le miroir.

Bordel, vas-tu vraiment faire oublier au monde entier à quel point tes fossettes sont un délice pour les yeux ?

Peepa, tu vas vraiment l'abandonner ?

Et June ? Tu sais bien ce qui pourrait lui arriver.

Tu n'as même pas eu d'enfants et tu as plus de trente ans.

Toute ta fortune, ta collection de voiture, tes villas...

Tu imagines Edmund faire venir tous les extra-terrestres dans ta maison, ils vont célébrer ta disparition. Ils pourraient même se faire passer pour toi et salir ta réputation.

Tu veux vraiment mourir ?

Mes paupières se décollent.

Je bats des cils.

Evidemment que non, je ne veux pas mourir ! Ma réputation est trop importante pour que je meurs aussi indignement.

L'obscurité de la pièce est frappante. Les rideaux font barrière à toute lumière et je ne reconnais pas les lieux. Peu à peu, mon regard s'éclaire.

J'ai mal. Tout mon corps est engourdi. Je sens une étrange sensation de mal-être. Mon iris remarque sur le côté les instruments sur la table et ensuite, le matériel de perfusion. Instinctivement, je lève le bras et retire l'aiguille de ma peau. Ça pique légèrement mais je suis pris d'une intense douleur quand j'essaie de me relever.

Avant de perdre conscience, j'ai reçu deux balle. Deux foutues balles. Une dans le dos, l'autre dans la cuisse.

Quelle année !

Les yeux sur le plafond, je voudrais en rire. Mais en fin de compte, ce n'est peut-être pas si drôle. Tout n'est pas si drôle. J'ai le droit d'en pleurer même, mais mon corps ne l'entend pas de cette oreille. Mon cerveau non plus. Un sourire finit par faire surface.

Je suis un sacré spécimen, je le confesse.

Au moins, je n'ai pas été laissé pour mort. Pourtant, aucune once de gratitude ne me traverse l'esprit.

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant