30. Game over, José !

3 1 0
                                    

— J'ai l'intention de voyager bientôt ! annonce Octavio en se ramenant dans mon bureau comme s'il lui avait toujours appartenu.

— Eh bien j'espère que tu reviendras au moins avec un héritier ! je marmonne les doigts dansant sur mon clavier.

— Des idées ?

— Hmm ! je ris. Je te proposerai bien l'enfer, mais le diable même aurait peur de t'accueillir sur son terrain de jeux.

— Très drôle.

— Que fais-tu ici ?

— J'avais rendez-vous avec un de tes employés. Allez, tu ne voudrais vraiment rien me proposer ? Vois ça comme un avantage. J'irai explorer le monde et vous laisserai à votre sort épique.

Je m'arrête de saisir et lève les yeux vers lui après que l'idée la plus sournoise m'ait traversé l'esprit. Assis sur mon bureau, mon frère me dévisage d'un œil surpris.

— Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Tu me fais peur !

— J'aurai peut-être une idée pour toi.

— Où est l'arnaque ?

— Nulle part ! je soupire en m'adossant, retenant de toutes mes forces mon rire. Je me dis juste qu'un brillant écrivain tel que toi serait curieux de découvrir des nouveautés.

— Ah oui ? murmure-t-il en levant un cil, débarrassant son fessier de ma table. Quelle est ton idée ?

— Vu que tu adores voyager, mais que tu n'es encore jamais sorti du continent...

— Une minute. Laisse-moi deviner. Tu veux m'expédier en Afrique !

— Pas n'importe quelle Afrique. C'est le berceau de l'humanité.

— Quel pays ?

— Eh bien... c'est un pays pas mal ! je grogne.

— José...

— On l'appelle le berceau du vaudou ou de la sorcellerie.

— Bénin. Superficie de plus de 114700 km2. Ouest du continent. Popula...

— Hé... une minute ! Quel est ton problème ?

— Comment ça mon problème ?

— Tu manges les encyclopédies ou quoi ?

— Ne me dis pas que tu n'as pas regardé le film de Viola Davis, the woman king ! grommelle-t-il en se penchant sur la table.

— Tu crois que j'ai assez de temps pour regarder un film ? Et qu'est-ce que ça a à voir ?

— Tout, idiot ! Ce pays, c'est l'origine même du mythe des amazones, de la puissance de la femme et de sa détermination, sa loyauté, le pouvoir de l'identité culturelle, José ! Tout repose sur le...

— Oh bon, je t'en prie, Vivio ! je rétorque au moment même où j'aperçois notre plus jeune frère plonger dans mon bureau et ralentir net. Je ne suis pas un étudiant à qui tu vas faire des cours de littérature. J'essayais juste de te faire peur.

— Avec quoi ?

— Bah... le pays ! La sorcellerie et tout.

— Luciano, notre frère est le seul qui ne sait pas qu'il y en a même à Los Angeles ?

— José est trop saint pour le concevoir ! murmure-t-il vaguement en siégeant loin dans mes sofas. Il y en a des sorciers partout.

— Oh mon Dieu, vous me saoulez.

— Tu devrais apprendre à...

— Sors de mon bureau, Vivio.

— Bah, pourquoi tu me chasses ?

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant