14. Du côté obsur

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Un plus un font deux, c'est ce qui est dit. Et pourtant, dernièrement la vie m'a opéré et puis fait un calcul de un moins deux et il n'en reste rien. En fin de compte, c'est la Bible qui a raison quand elle dit qu'un plus un peut donner un. Je souris à l'alchimie et me résous à sortir de la voiture. Je me traine contre vents et marrées jusqu'à l'étage et frappe à la porte.

Quelques instants et elle s'ouvre. La femme blonde que je regarde presque de hauts me sourit. Elle a ses cheveux soigneusement rattaché derrière sa nuque et ce crayon comme d'habitude, lui chevauche l'oreille. Bien qu'elle fasse plus âgée, sa beauté est inexplicable naturellement. Je me demande comment mon frère arrive à rester concentrer en séances avec elle... ou alors, il se la tape tout simplement.

Elle s'écarte enfin et je rentre avant de me grumeler.

Assise dans le fauteuil avant même qu'elle ne se retourne, je l'ai reconnue. Son regard bleu sur moi est comme un vent puissant qui me fait reculer. Les pupilles de Pepper brillent de mille sentiments. Je serre les dents et retourne mon attention sur Dana.

— Qu'est-ce qu'elle fait là ?

— Entrez et vous saurez.

— Je n'ai pas signé pour ça.

— Si vous m'avez assez fait confiance jusque-là pourquoi ne pas continuer, murmure-t-elle d'une voix douce.

— J'ai fait confiance à Luciano... je commence à douter de ses choix, je marmonne en me retenant.

— Faites un effort, José, sourit-elle. Plus vite vous entrerez, plus vite ce sera terminé.

J'inspire pour paradoxalement expirer toute la furie qui monte. Mes jambes glissent, alors que Peepa s'est déjà détournée. Je n'aime pas la lueur détruite dans ses yeux. Pourtant, c'est moi qui souffre. Elle n'a pas le droit de se jouer les victimes. J'entre et pose mon putain de cul dans le fauteuil, assez loin d'elle. Dana vient s'installer en face de nous, l'allure droite.

— Bien. Si Mlle Moor est là...

— Appelez-moi Pepper, je vous en prie.

— Eh bien, si Pepper est avec nous, c'est parce que j'ai fait appel à elle. J'ai trouvé qu'avec vous, José, cela nous permettra d'avancer plus vite. Ce ne sera qu'une séance, à moins que vous en décidiez autrement.

Je serre le poing, sans réagir. Mon sang boue, la pression monte à vite allure.

— Alors, Pepper. Dites-moi ce que vous avez ressenti quand vous avez vu José.

Je déglutis, l'œil dans l'autre coin de la pièce. Tout mon cerveau part en vrac alors que le con que je suis attend sa réponse.

— Je... j'ai ressenti beaucoup de choses, marmonne-t-elle de sa voix mature et enrouée.

Je ferme les yeux et inspire. Elle ne va pas jouer à ça quand même.

— J'ai ressenti de la joie parce que je le vois enfin... mais il y a surtout la honte.

— La honte, répète l'autre blonde.

— Oui, j'ai affreusement honte pour ce que j'ai fait.

— Et vous, José ?... José ! rappelle-t-elle après un long silence.

— Elle a maigrit.

— Oh... je... c'est tout ce que vous avez ressenti ?

— Oui.

— Faites un petit effort, José.

Je tourne les yeux vers Dana, qui se caille, puis vers Peepa, me fixant le visage façonné de douleur.

#2.THRUTHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant