Love & friendship

Chapitre 2

- Charlène -

Mercredi 23 février 2022 (Barcelone)

La matinée s'est écoulée calmement. Après un passage par le carré médiatique en arrivant pour parler des attentes de Charles et de l'écurie en ce début de saison, il a rejoint le garage pour suivre les performances de la voiture sur les écrans tandis que Carlos était sur la piste. Évidement ça le frustre de ne pas rouler, je le vois bien mais il sait aussi que demain ça sera son tour et qu'il n'a pas le choix que d'en passer par là.

De mon côté, je traine un peu autour soit dans le garage soit dans l'hospitalité pour me socialiser autant que possible avec mes collègues. Tant que je reste dans le cercle Ferrari, je n'ai pas besoin de m'inquiéter : tout le monde connait déjà ma relation avec Charles, alors les chuchotement ne sont plus d'actualité.

Et surtout aucun risque de croiser Pierre.

Depuis notre rupture, nous n'avons plus eu aucun contact l'un avec l'autre. Il faut dire qu'après les cris et les larmes, les choses étaient assez difficiles et nous avions besoin que la rupture soit franche pour pouvoir faire le deuil de notre relation.

Deux ans d'amour, ça ne s'oublie pas comme ça en même temps ...

Quoique.
Ils ont été balayés si facilement que la question se pose.

Mais ce n'est pas le moment de se la poser, et je n'ai aucune envie de penser à ça. J'ai définitivement tourné la page. Mais d'un autre côté je sais que je vais nécessairement le revoir, et je sais aussi que ma présence ici va soulever de nombreuses questions, notamment pour lui. Surtout quand il comprendra que je suis présente avec Charles.

Je ne lui dois rien, et je n'ai rien à me reprocher. Pourtant je ne peux m'empêcher d'appréhender ce moment où nous allons nous retrouver. C'est inévitable : les choses ne peuvent pas se passer simplement. Il n'y a aucune chance pour que nous nous croisions simplement comme deux inconnus en laissant le passé derrière nous comme s'il n'avait jamais eu lieu.

Mais pour l'instant, je suis bien à l'abri dans l'enceinte du motor-home Ferrari, et j'ai encore le temps avant de voir ce moment arriver. De plus, personne n'a semblait faire le lien ce matin en zone de presse ou personne n'a osé le faire donc je décide de me concentrer sur le positif. D'autant plus que Pierre étant dans la voiture à nouveau cet après midi à l'inverse de Charles, je sais que je n'aurais pas à le croiser, ce qui m'aide à me détendre bien installée dans le fauteuil en cuir rouge placée dans le hall.

«T'as déjà perdu mon frère ? »

Mon coeur s'emballe et je sursaute comme une gamine alors qu'une main se pose sur mon épaule, et que quelques instants plus tard le benjamin de la famille Leclerc prend place à mes côtés sur le fauteuil à ma droite.

« Non il est au téléphone, je désigne la baie vitrée du menton.

- Laisse-moi deviner, Juliana ? »

Il soupire avec un air si désespéré que ne pas éclater de rire me demande un effort considérable.

« Qui d'autre ? Je réponds sur le ton le plus neutre dont je suis capable.

- Elle m'insupporte je t'assure, il reprend sur le même ton. Je ne sais pas ce qu'il fiche avec elle sincèrement.

- Je ne m'aventurerais pas sur ce sujet Arthur. »

C'est tout ce que je réponds, comme souvent. Il faut dire que ce n'est pas le première fois que j'entends Arthur tenir ce genre de discours depuis deux mois qu'ils se fréquentent, et même si je partage cet avis, je me garde bien de le partager.