Love & friendship

Chapitre 28

- Charlène -

Samedi 21 mai 2022

Le bazar qui règne en moi est tel que je ne pensais pas même pas que c'était possible d'être perdue à ce point. En plus pour ne rien aider, tout semble se compliquer de jour en jour. À ce rythme là je vais finir par devenir folle, littéralement, et il faudra me faire interner.

Charles est mon meilleur ami. J'ai beau me répéter cette phrase inlassablement ça ne m'a pas empêché de coucher avec lui il y a un mois, ni de l'embrasser hier et de n'avoir qu'une seule envie depuis : recommencer.

Sans oublier l'élément principal : en général votre meilleur ami se retrouve plutôt à être le parrain de votre enfant, pas le père.

Non décidément tout est de plus en plus flou et j'ai la sensation de ne plus rien savoir. L'intensité de ce que je ressens pour lui et l'importance qu'a Charles dans ma vie n'ont pas changé. Néanmoins chaque jour, chaque heure et chaque minute qui s'écoulent me donnent la sensation que peut être il y a plus, que sûrement je veux plus. Être à ses côtés, me blottir dans ses bras ... et l'embrasser.

Seigneur je pourrais l'embrasser toute ma vie tellement les sensations que cela me procure sont exquises.

Cela dit, rien n'est clair pour autant. Je veux dire je suis complètement perdue et peut être que cette impression est simplement passagère. Peut être aussi, et c'est ce qui m'effraie le plus, c'est le fait de savoir que je suis enceinte de lui qui provoque tout cela. Peut être que mon cerveau en mécanisme de protection s'invente une évolution de mes sentiments afin d'essayer de rendre cette situation moins chaotique. Or je refuse de tromper ainsi mon coeur ainsi que celui de Charles.

Cet enfant ne s'est pas fait tout seul, et à ce moment là le fait d'être enceinte ne pouvait pas entrer en ligne de compte, me souffle une petite voix dans mon esprit.

Et puis quelle excuse est-ce que je peux me trouver dans ce cas là pour ce qui est arrivé en Italie avec Charles ? L'alcool ? Ce n'est pas la première fois que je me retrouve ivre en sa présence, pourtant rien n'avait jamais été ambigüe jusque là.

La peur voilà ce qui me paralyse et qui paralyse mon esprit. Celle de faire un mauvais choix. Celle de tout gâcher. Celle de perdre Charles. Celle de nous faire du mal.

« Charlène ? »

Une voix me fait sursauter, et je me rappelle soudain que je ne suis plus sous ma douche ou emmitouflée dans ma couverture pour laisser mes réflexions divaguer de la sorte. Non toute cette histoire me hante tellement que même sur le paddock, installée en terrasse sur notre motor home profitant du répit octroyé par la pose du méridienne je me perds dans mes pensées. Et d'ailleurs à en juger par le regard que me lance mon interlocuteur je dirais que ce n'était pas la première fois qu'il m'appelle.

Ne souhaitant pas vraiment quitter l'hospitalité, je me contente de me lever de ma chaise et de venir m'accouder à la rambarde de la terrasse afin de le rejoindre. Vu l'écart avec le sol, cela me permet de combler les centimètres entre nous et pour une fois, c'est moi qui le dépasse d'une bonne dizaine de centimètres. Et si je pense que je sais ce qu'il veut je préfère jouer l'ignorance.

« Pierre, je plaque un sourire un peu forcé sur mon visage. Tu sais qu'Alpha Tauri c'est un peu plus loin n'est-ce pas ?

- Ahaha. Au moins je suis rassuré tu n'as pas perdu ton sens de l'humour, c'est que ça ne va pas si mal.

- Comme tu peux le voir, tout va bien, j'annonce avec un sourire aussi rassurant que possible.

- Je vois ça. Je t'avoue que je m'inquiétais un peu entre ton absence hier et le fait que tu ne répondais pas aux messages ... »