Chapitre 54

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- Charlène -

Vendredi 13 janvier 2023 (Monaco)

« Tu es certaine que tu vas bien ?

— Oui Arthur, pour la centième fois depuis ce matin je vais bien, je soupire fatiguée de l'entendre me poser la même question comme si j'étais mourante.

— Tu as quand même vraiment l'air fatiguée et tu as des cernes affreux, argue-t-il afin de montrer qu'il ne me croit pas vraiment.

Oui et bien c'est ce qui arrive quand on est une baleine incapable de trouver une position confortable pour dormir avec en plus une pile électrique qui se croit en boite de nuit dans son ventre. Mais merci du compliment, dans le cas où le miroir ne m'avait pas encore dit que je ressemblais à un zombie je suis heureuse d'en avoir la confirmation. »

La fin de la grossesse rime pour moi avec mauvaise humeur. J'ai sincèrement fait des efforts jusqu'aux fêtes de fin d'année qui bien que passées loin de ma famille ont été magnifiques et riches en émotions, mais depuis que nous sommes passés en 2023 je n'ai même plus l'énergie de faire des efforts. Sans être un tyran, ma grande passion pour l'action de râler s'est disons ... décuplée. Avec tout le monde. Pour tout et n'importe quoi.

Le stress y est aussi pour quelque chose je pense. En théorie tout est prêt : nous avons passé des jours entiers à décorer la chambre de notre princesse, à remplir les armoires - et en racheter une car Charles avait raison j'ai un petit peu été déraisonnable, - même le sac pour la maternité est prêt c'est pour dire. La seule chose qui n'est pas prête en fait c'est moi. Un peu gênant quand on sait que nous sommes à moins de quinze jours du terme prévu.

Pascale a beau me rassurer en m'expliquant que je saurais comment faire le moment venu et qu'elle sera là pour nous épauler mes doutes et mes peurs se font de plus en plus présents et envahissants. Tout comme les mots de ma mère.

« Tu n'es qu'une gamine. »

« Tu es irresponsable. »

« C'est ridicule. »

« Tu l'as forcé avec être avec toi avec ce gosse. Un jour il le regrettera. »

Si ce dernier reproche est celui qui m'atteint le moins car s'il y a bien une chose dont je suis certaine c'est que l'amour que nous nous portons avec Charles est sincère et absolu c'est celui qui m'a fait raccrocher. Je n'aurais jamais dû l'appeler et j'ai eu tort de penser que l'esprit de Noël pourrait aider à apaiser un peu la situation ou que ces longs mois d'agence aient pu les faire changer d'avis et d'état d'esprit. Mais maintenant malgré toutes les tentatives de Charles pour me rassurer ses mots me reviennent parfois en tête. Comme ce matin. Ma courte nuit, agitée de surplus, y est sûrement pour quelque chose. Tout comme l'absence de Charles. Enfin tout est lié j'imagine. Je dors toujours mal quand il est n'est pas là, même si ce n'est que deux nuits et qu'Arthur occupe la chambre d'amis.

« Charlène ?

— Hmm, je marmonne alors que la voix d'Arthur me sort doucement de mes pensées.

— Tu ... enfin je veux dire ... est-ce que ...

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande désormais clairement intriguée par l'air presque paniqué d'Arthur. Si tu veux me déclarer ton amour ce n'est pas vraiment le moment tu sais, je tente de plaisanter afin d'aider à le dérider.

— Le canapé est mouillé. »

Perdue mais surtout déstabilisée par sa remarque qui aux antipodes de tout ce que j'avais pu imaginer je le dévisage un long moment afin d'essayer de comprendre où il veut en venir. Si c'est une plaisanterie pour détourner l'attention et me faire baisser la tête avant de me balancer je ne sais quoi dessus, c'est vraiment sa tentative la plus ratée et bizarre.

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