- Charlène -
Flashback
Lundi 30 mars 2020
Les médecins ont dit que je pouvais sortir aujourd'hui.
Ils ont dit que je pouvais rentrer à la maison.Mais pour quoi faire ?
Comme si je pouvais simplement retourner chez moi et reprendre le cours de ma vie.
Ils ont dit qu'à part quelques cicatrices je ne garderai aucune séquelle, que je pourrai mener une vie normale.Comment ma vie peut-elle être à nouveau normale ?
Enzo n'est plus de ce monde.
Bianca est allongée sur un lit d'hôpital.
Mes parents me détestent.
Emmy me déteste.Je n'ai plus rien.
Plus personne.
Et finalement c'est ce que je mérite.Parfois je me dis que j'aurais dû ne jamais me réveiller.
Mieux j'aurais dû m'installer côté passager comme je le faisais toujours.
Je suis celle qui n'aurait pas dû s'en sortir.
C'était ma place.« Tu as toutes tes affaires ? Tu es prête à rentrer ? »
Mon envie de simplement hausser les épaules et de rester plongée dans le mutisme qui m'habite la plupart du temps est très grand. Mais en même temps je n'y arrive pas, il ne mérite pas un tel traitement, surtout après tout ce qu'il fait pour moi.
« Oui, on peut y aller. »
Charles tente un sourire et s'avance pour prendre ma valise que je ne suis pas capable de porter et même si je ne le montre pas autant que je le devrais, je lui suis vraiment reconnaissante d'être là.
C'est ensuite en silence que nous passons déposer les formulaires de sortie puis que nous quittons enfin l'hôpital. J'ai tenté de lui dire hier déjà que je pouvais prendre un taxi, il a été très ferme sur le sujet et c'est donc dans sa voiture, une jaguar plus spacieuse et plus discrète que la Ferrari que nous prenons place pour un trajet toujours aussi silencieux.
Silencieux et heureusement très court, car malgré tout le confort offert par la voiture de Charles, être assise et compressée par cette ceinture qui comprime certaines de mes blessures n'est absolument pas agréable. J'essaie de ne rien laisser paraitre mais je vois bien aux regards inquiets que me lance le monégasque à mes côtés que la douleur doit malgré tout se lire sur mon visage.
Alors qu'il me demande le code pour accéder au parking souterrain, je sens une forme d'angoisse à l'idée de rentrer chez moi. L'appartement doit être dans le même état que lorsque je l'ai quitté il y a quinze jours : en bazar, et surtout parsemé des affaires d'Enzo et Bianca. Nous nous étions préparés ici avant de sortir pour cette soirée fatidique.
Notre dernière virée.
Si nous avions su ...Je n'ai même pas pu assister à l'enterrement n'ayant pas reçu l'occasion de quitter l'hôpital. De toute manière, d'après ce que m'ont dit mes parents qui étaient encore présents à mon chevet à ce moment là, ma présence n'était pas souhaitée. Tout comme la leur à mes côtés ne devaient pas leur sembler nécessaire puisque qu'au bout d'une semaine, ils ont décidé de rentrer et de se contenter d'un coup de téléphone par jour.
En même temps pour rester me rappeler à quel point j'étais irresponsable, que je devais avoir sa mort sur la conscience et que je leur faisais honte, c'était sûrement aussi bien. Autant être seule à ruminer, je n'ai pas besoin d'eux pour culpabiliser.
Enfin je n'étais pas seule dans cette chambre.
Pour une raison qui m'échappe, Charles qui par le plus grand des hasards a appris que j'étais ici a élu domicile dans ma chambre. La plupart du temps il ne disait rien, se contentant simplement d'être là. Et étrangement, sa présence avait un côté réconfortant que je ne saurais expliquer. Surtout que lorsque j'étais avec Pierre, sans avoir de mauvaises relations, on ne peut pas dire que nous avions une entente particulièrement exceptionnelle.

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Love & friendship
FanfictionUne arrivée remarquée sur les paddocks, ou plutôt un retour qui ne passe pas inaperçu. Plus de deux ans après sa rupture avec l'un des pilotes de la grille, elle fait son retour auprès d'un autre pilote avec lequel elle va travailler. Les choses s...