Love & friendship

Chapitre 40

- Charlène -

Lundi 04 juillet 2022 (Monaco)

Silverstone a été un véritable désastre. Non pas dans le résultat en tant que tel : quatrième ce n'est pas la fin du monde, cela dit la stratégie déployée par l'équipe en revanche laisse beaucoup à désirer. Et surtout, elle laisse énormément de rancoeur et de colère à Charles qui avait d'ailleurs décidé de ne pas se rendre à Maranello cet après-midi comme c'était initialement prévu encore trop énervé après son équipe. Le convaincre d'y aller et se montrer plus professionnel qu'eux n'a pas été une mince affaire.

Cette victoire se dessinait pour lui, il était en tête ... mais visiblement pour Ferrari, donner la priorité au monégasque ne faisait pas partie de leurs priorités. À croire que celui qui se bat pour le championnat c'est Sainz, et non Charles. Je n'ai rien contre son coéquipier cela dit il faut avouer que le scénario pour lequel ils ont opté dans cette course était tout bonnement incompréhensible d'un point de vue logique. Et scandaleux d'un point de vue personnel.

Enfin, m'énerver à nouveau en ressassant tout ce week-end ne va pas aider, et avec Charles qui devrait arriver d'ici peu ce n'est pas le moment. Rien ne sert d'être tous les deux sur les nerfs à part si l'on veut que cette soirée ne finisse en dispute et que chacun rentre de son côté. Car oui nous habitons toujours chacun dans notre appartement. Dans les faits, nous dormons ensemble presque chaque nuit et passer le pas ne changerait pas beaucoup à nos habitudes mais c'est juste que cela fait beaucoup d'un coup.

Depuis le début de cette année j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies il faut dire. Entre le retour sur les paddocks, le fait de revoir Pierre, l'évolution de ma relation avec Charles et la grossesse... mon appartement est le seul semblant de normalité qu'il me reste. Alors même si pour l'arrivée du bébé il faudra clairement que nous ayons passé ce pas, il nous reste encore du temps. Surtout que d'ici là d'autres étapes nous attendent encore, et elles sont toutes aussi stressantes. Chaque chose en son temps donc.

Confortablement installée dans mon canapé sous un plaid malgré la chaleur - question de confort - je fais du tri dans mes mails professionnels tout en revérifiant le planning prévu pour l'instant pour cette semaine et je peux déjà affirmer que je ne risque pas de voir beaucoup du paysage autrichien. Et Charles de son côté ne manquera pas de raisons de râler, même s'il n'est pas aussi difficile que certains peuvent l'être avec les obligations médiatiques, vu l'emploi du temps chargé qui l'attend il sera tout sauf ravi.

Et quand on parle de Charles grognon, à en juger par la porte d'entrée qui vient de claquer bien trop fort à mon goût je suppose qu'il est rentré.

Me préparant à la tempête, je referme mon ordinateur et le repose sur la table basse en attendant qu'il me rejoigne dans le salon ce qu'il fait rapidement mais sans un mot confirmant ainsi que son humeur n'a pas évoluée de façon positive par rapport à ce matin. Charles se laisse tomber en soupirant bruyamment dans le canapé puis avant que j'ai eu le temps de dire quoi que ce soit, il vient s'allonger de côté en posant sa tête sur mes genoux. Je comprends sans mal le message : les réponses qui lui ont été données ne lui ont pas plu, et puisqu'il est encore énervé il vaut mieux ne pas en parler.

Tout en soupirant à mon tour déçue pour lui de voir qu'il n'a pas trouvé le soutien qu'il espérait, je viens glisser dans ma main dans ses cheveux pour essayer de l'apaiser un peu et de lui montrer que je comprends. Cette saison est décidément en train de s'effondrer après ce départ si encourageant, et le manque de soutien de l'écurie ne risque pas de l'aider. De mon autre main disponible, je laisse courir doucement mes doigts le long de son bras mais je ne dirais pas que ma présence ou mes gestes aident vraiment ...