Love & friendship

Chapitre 42

- Charles -

Mercredi 13 juillet 2022 (Monaco)

La porte de l'appartement claque si fort que tout l'immeuble doit être au courant du fait que je suis rentré. Pourtant, ce geste d'humeur n'a même pas permis d'évacuer un centième de ma mauvaise humeur. Cette journée est vraiment un enfer, un véritable cauchemar je dirais même et je n'ai qu'une hâte : retrouver Charlène.

C'est d'ailleurs vraiment parce que j'ai désespérément besoin d'une douche que je n'ai pas été directement chez elle.Mais il faut dire qu'il y a de quoi devenir barge. En fait non, c'est cette fille qui est folle. Je me demande comment j'ai pu rester avec Juliana si longtemps sans m'en rendre compte ... Pourtant ces derniers temps et aujourd'hui particulièrement c'était plus qu'évident.

D'abord j'ai cru qu'en ignorant tous ses messages qui allaient des encouragements classiques aux photos dénudées comme si cela risquait de me faire revenir, j'ai vraiment cru qu'elle finirait par se lasser. Mais pas du tout. Au contraire, après ce week-end elle s'est faite de plus insistante et surtout beaucoup moins patiente. Cela dit je ne m'attendais pas à ce qu'elle débarque carrément chez moi ; heureusement que nous sommes chez Charlène depuis notre retour car autrement je ne sais pas comment j'aurais pu lui expliquer ça. D'autant que d'après la gardienne, elle est venue lundi et mardi : ça vire au harcèlement à ce stade.

Encore ce matin, trois appels à huit heures tapantes, ce n'était vraiment plus possible. Surtout que visiblement la phase de tentative de séduction est terminée, et c'est donc uniquement parce qu'elle a menacé de débarquer chez Charlene si je continuais à l'ignorer que j'ai fini par céder et que j'ai accepté de la voir cet après midi. Pour lui dire une énième fois que tout était terminé et d'arrêter son cinéma. Sauf que forcément elle n'a rien voulu entendre.

Afin d'être certain de ne pas être vu avec elle, je l'ai faite venir ici et j'ai eu le droit au spectacle complet, toute la commedia dell'arte réunie.

D'abord son numéro de charme : comme si venir avec une robe rouge moulante et outrageusement transparente allait me faire tomber fou amoureux d'elle.

Puis face à mon indifférence froide et absolue, elle a tenté les larmes de crocodiles en m'expliquant que je lui manquais, que notre relation lui laissait un goût d'inachevé et qu'on aurait jamais dû se séparer. Un véritable ramassis de conneries.

C'est là que j'ai tenté de clore la discussion en lui disant que j'étais avec quelqu'un, que c'était sérieux et qu'elle devait simplement passer à autre chose également. Grave erreur. C'en est suivi une crise de colère puisqu'elle a évidement compris qu'il s'agissait de Charlène. De la jalousie déplacée qui a fini par me faire perdre patience. Alors après avoir lui avoir laissé cinq minutes dans un dernier effort de bonté pour se rafraîchir et effacer les traces de maquillage qu'elle a évidement choisi non wateproof pour augmenter son effet afin de m'attendrir, je lui ai dit aussi poliment que possible de partir, sur le champ. Et de me laisser définitivement tranquille.

Trop excédé de ce cinéma et ayant l'intime conviction que cet échange n'aura absolument pas suffi j'ai décidé d'aller courir pour évacuer. Sans même m'en rendre compte, mes foulées m'ont mené chez Lorenzo : la seule personne à qui je peux toujours tout dire. Même lorsque je n'apprécie pas ce qu'il a à dire en retour, comme aujourd'hui.

En parler à Charlène ... une idée sensée sur le papier. Mais tout est déjà si fragile entre nous, notre relation n'a rien de facile alors pas besoin de rajouter mon ex cinglée dans le tableau. Elle n'a pas besoin de ça, surtout dans son état. Le stress ce n'est pas bon pour elle, or elle paniquerait forcément si elle savait tout ça. Au minimum ça la ferait douter et je ne laisserais pas Juliana se mettre entre nous.