Chapitre 3

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Charles -

Jeudi 24 février 2022 (Barcelone)

Alors que j'attends Charlène adossé à la voiture bien décidé à lui faire une remarque sur ses deux petites minutes de retard, je me ravise rapidement. Je la connais par coeur et il ne me faut qu'un regard pour comprendre qu'elle est d'humeur massacrante.

Pourtant une part sournoise et sûrement un peu masochiste de mon esprit, me pousse à la titiller un peu juste pour le plaisir.

« Qu'est-ce qui te met dans un tel état dis-moi, le lit n'était pas assez confortable pour notre petite princesse ?

- Charles. Ta gueule. »

D'accord j'aurais mieux fait de m'abstenir finalement. Je vois que j'ai affaire à la Charlène des très grands jours. Mais alors que je vois que son visage reste obstinément fermé et qu'il n'y a pas la moindre petite once de sourire qui se dessine sur ses lèvres, je réalise que visiblement c'est plus qu'un manque de sommeil ou l'absence de chantilly pour mettre dans son chocolat chaud qui a pu la mettre dans un tel état.

Sans un regard pour moi ou pour Arthur qui est resté muet face à la scène - voilà au moins un avantage - elle se dirige vers le coffre pour y jeter son sac. Mon frère ayant lui aussi senti que je vais ramer pour essayer de la calmer pose une main sur mon épaule avant d'aller trouver refuge dans la voiture, comme Andréa.

« Charlène, je reprends plus doucement en m'approchant d'elle alors qu'elle essaie visiblement de fracasser le coffre de la Ferrari de location que j'ai a disposition pour le week-end, parle-moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Je me plante devant elle, et alors qu'elle s'apprête à simplement me contourner en m'ignorant, je l'arrête en posant une main sur sa hanche. Ce geste me donne le droit à un grognement à peine humain et surtout un regard noir qui ne m'impressionne pas, depuis le temps j'ai appris à me ne pas me laisser impressionner par son regard menaçant. Surtout que là, je sens qu'elle essaie surtout de fuir le problème en me repoussant ainsi.

« Cha' s'il-te-plait, tu sais que je suis là pour toi. »

La colère dans ses yeux s'atténue peu à peu et je sens qu'autre chose la remplace. Mais alors qu'elle pose sa tête sur mon épaule pour échapper à mon regard, je commence à comprendre tout seul. Il n'y a qu'une seule chose qui peut l'avoir mise dans un tel état depuis hier soir. Ou plutôt une seule personne, et je ne comprends pas comment j'ai fait pour mettre autant de temps à le réaliser.

« C'est Pierre c'est ça ? Je demande en passant ma main tendrement dans son dos. Qu'est-ce qu'il a fait ?

- Ce connard a eu le culot de débarquer dans ma chambre hier soir pour me demander des explications en prétextant que puisque le paddock c'était son terrain j'aurais dû le prévenir, le tout avant de dire qu'il espérait que ma présence longue durée soit une blague. »

Sur le coup, je garde le silence ne m'attendant pas vraiment à ce qu'il ait pu faire ça. Je savais que Pierre ne serait pas enchanté de la voir réapparaitre dans sa vie, et qu'il serait plus que surpris. Cependant sa réaction dépasse ce que j'avais imaginé,  je dois dire que je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne les devant, et surtout pas si tôt. Le problème c'est que soudainement Charlène semble très mal interpréter mon silence.

« Ne me dis pas que c'est toi qui lui a donné mon numéro de chambre ? Elle s'exclame en se libérant de notre étreinte. Charles je t'assure que ...

-  Quoi ? Mais évidemment que non ! Pourquoi j'aurais fait ça ?

- J'en sais rien moi, c'est ton pote. D'ailleurs il n'est pas venu te voir aussi ? Parce qu'il ne semblait pas ravi que tu sois au courant de mon retour et pas lui, elle termine sur un ton sarcastique.

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