Chapitre 11

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Charlène -

Mercredi 16 mars 2022

Malgré mes heures de sommeil bien plus nombreuses cette nuit que la précédente, je suis déjà prête à passer les sept heures de vol qui nous attendent en dormant. N'en déplaise à mon voisin, j'ai nommé Arthur Leclerc. Ce dernier est d'ailleurs insupportable depuis une bonne vingtaine de minutes que nous attendons son frère qui a visiblement oublié d'être à l'heure.

En même temps, j'imagine qu'en partant de chez moi vers 10 heures ce matin, cela n'a pas dû aider à ce qu'il soit à l'heure dans son programme. Surtout si ses affaires n'étaient pas encore toutes prêtes pour notre départ aujourd'hui. Et je dois avouer que désormais plus les minutes s'égrainent plus je culpabilise en me disant que s'il n'était pas prêt en temps et en heure, c'est de ma faute.

Heureusement, et au plus grand soulagement de tous, il finit par faire son apparition. Cela dit je réalise rapidement que sa nuit passée chez moi n'est pas la seule raison de son retard, ou plutôt pas directement. Et visiblement il y a eu un changement de programme.

« Oh non dis-moi que je rêve, râle Arthur de façon à peine discrète.

- Je crois que c'est de ma faute ... je marmonne en suivant son regard qui fixe l'autre extrémité de l'avion.

- Pourquoi ? »

Cette fois il se tourne vers moi, quittant enfin des yeux le couple que nous fixions jusque là de façon un peu trop appuyée pour être polis ou discrets. De mon côté je me décale légèrement vers lui alors que j'avais déjà pris place contre le hublot avec mon sweat roulé en boule comme oreiller.

« Il était à la maison hier et il a passé la nuit avec moi ...  j'imagine qu'il doit vouloir se faire pardonner. »

D'abord Arthur se contente d'acquiescer à cette nouvelle. Puis comme si l'information venait soudain d'arriver à son cerveau, il écarquille les yeux en grand avant de s'exclamer :

« Attends, quoi ? Vous avez passé la nuit ensemble ?

- Shht ! »

Je lui donne une tape sur le bras pour le calmer et le ramener à la raison avant de vérifier que les deux nouveaux arrivants qui heureusement ne sont pas encore arrivés jusque nous n'ont rien entendu.

«  Pas dans ce sens là espèce d'imbécile ! Il a juste dormi à la maison, je m'explique, il ne s'est rien passé.

- Et dire que je vais devoir supporter Madame je n'ai aucune conversation tout le week-end alors que vous n'avez même pas couché ensemble ... c'est désolant, se lamente-t-il d'un air tout à fait exagéré.

- Oh mais tu ne vas pas recommencer, je soupire à mon tour sentant déjà comment la discussion va tourner.

- Juliana n'est qu'une distraction, reprend-t-il trop sérieusement à mon goût, tu le sais très bien. Il ne l'aime pas, on le connait assez pour le savoir.

- Il a le droit d'avoir le genre de relation qu'il souhaite. »

Je n'essaie même pas de contredire Arthur sur ce point, sans affirmer comme le fait son frère, je suis également de cet avis. Cependant ça le regarde, s'il veut une relation sans sentiments c'est son droit, j'en ai eu et je sais à quel point cela peut être agréable de choisir cette facilité : le plaisir sans les ennuis.

« Continuez de vous voiler la face, je sais que je finirais par être ton beau frère, il n'abandonne pas.

- Quelle perspective réjouissante » je conclus d'un ton sarcastique.

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