Love & friendship

Chapitre 31

- Charlène -

Dimanche 29 mai 2022

Monaco.

Encore une fois, rien n'est allé dans le sens de Charles.
Une pôle époustouflante.
Une stratégie catastrophique.
Une quatrième place décevante.
Une véritable malédiction.

L'accompagner en zone de presse a été une épreuve, le moment le plus difficile depuis le début de la saison. J'aurais souhaité être n'importe où d'autre pour ne pas voir son regard éteint, ne pas entendre la détresse dans sa voix, ne pas sentir le désespoir dans ses gestes ...

J'étais impuissante. Toutes mes tentatives de réconfort ont été vaines, il était bien trop anéanti pour ça ... Arthur a d'ailleurs été aussi malchanceux que moi dans ses tentatives et finalement c'est un Charles toujours aussi dépité qui a quitté seul le circuit.

Dire que j'ai hésité longtemps serait un mensonge. Comme si je pouvais simplement rentrer chez moi, me forcer à avaler quelque chose et me glisser sous mes draps pour dormir en sachant que Charles devait être en train de ruminer la course et sa déception tout seul. C'était hors de question. Et ce soir c'est à moi d'être là pour lui.

C'est ainsi qu'après un détour par l'un de nos restaurants préférés qui fait aussi des plats à emporter je me retrouve en ce début de soirée devant la porte de chez lui. Je n'y ai pas mis les pieds de la semaine ce qui est étrange, mais avec le programme plus que chargé associé au Grand Prix de Monaco pour lui nous n'avons pas vraiment eu beaucoup de temps libre ces derniers jours.

« Charlène ? Il ne cache pas sa surprise. Qu'est ce que tu fais là tout va bien ?

- Oui, je me suis juste dit que tu aurais besoin de soutien et de réconfort » je hausse les épaules avec un petit sourire.

Sans attendre d'invitation j'entre dans son appartement et je me dirige vers la pièce à vivre où je dépose le sac contenant le repas que je suis allée chercher. Lorsque je me tourne, Charles m'y a suivi et s'il m'offre un timide sourire ce dernier ne masque pas ses émotions alors immédiatement ne supportant pas cette tristesse je franchis la distance entre nous pour me blottir dans ses bras.

«  Et j'ai exactement le meilleur réconfort, murmure-t-il en me rendant mon étreinte.

- Les pâtes du coin de la rue ? Je tente de plaisanter.

- Toi. »

Charles recule très légèrement et plante son regard dans le mien en prononçant ce simple mot qui couplé à l'intensité de son regard me fait frissonner. Je me perds dans le vert de ses yeux, et je crois qu'à cet instant je ne sais même plus comment je m'appelle. D'autant plus lorsqu'il se penche légèrement pour déposer un doux baiser sur mon front.

Ce moment de flottement dure quelques secondes, puis c'est lui qui s'écarte pleinement et garde un bras dans mon dos pour nous entraîner dans le salon. Je ne vois pas qu'il a emmené le sac contenant les repas avant qu'il ne le pose sur la table basse. Je prends place alors que Charles repart chercher des couverts, et l'envie avec laquelle il déballe le contenu quand il revient me fait sourire.

Mais alors que nos regards se croisent à nouveau et que je m'y perds une nouvelle fois sentant le rouge me monter aux joues, je me ferme soudain en réalisant que je ne cesse de souffler le chaud et le froid avec lui injustement. Ce qui n'aide personne, j'en suis bien consciente.

« Je suis désolée Charles, je soupire en jouant avec mes doigts, je sais qu'il faut qu'on parle et que je n'arrête pas d'envoyer des signaux contradictoires ...mais je ... je me suis dit que ça serait mieux de laisser passer ce week-end, je tente de m'expliquer sur mon silence de ces jours-ci.