Chapitre 13

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Charlène -

Dimanche 20 mars 2022

« Tu crois que tu pourrais arrêter de me massacrer le bras ? J'en ai accessoirement besoin pour conduire. »

Les yeux fixés sur l'écran du garage, il me semble entendre Arthur me parler, mais ses mots mettent un temps infini à arriver jusqu'à mon cerveau. Toute mon attention est focalisée sur la course et me concentrer sur autre chose, même une chose aussi simple qu'une conversation me semble trop difficile.

Je suis consciente de lui détruire le bras depuis tout à l'heure, mais le stress est bien trop grand. Moi qui croyait que voir Charles en tête d'un Grand Prix serait le plus beau moment, j'avais négligé l'impact émotionnel de la crainte de voir cette image s'effacer d'un instant à l'autre. Ce sport est cruel et imprévisible comme nous le savons tous, alors rien n'est gagné tant que le drapeau à damiers n'a pas été brandi.

Or il reste encore quatre tours.
Alors le bras d'Arthur devra tenir jusque là.

Et comme pour me donner raison, le tour suivant la voiture floquée du numéro 1 de Max s'éloigne de celle de Charles. Si le voir abandonner devrait m'apaiser en me disant que désormais la victoire attend le monégasque sur un plateau d'argent, je ne peux m'empêcher de me dire que si la Redbull a lâché, la Ferrari pourrait très bien faire de même et finalement cela ne fait que redoubler mon inquiétude.

D'un côté ma main s'enfonce avec les ongles dans le bras d'Arthur qui happé à son tour par le stress semble s'en être accommodé, de l'autre je me mords les ongles écaillant le vernis rouge que j'ai pourtant pris de tant de temps à appliquer correctement. Une tension accompagnée d'un silence étrange pèse dans le garage et ce jusque l'entrée du dernier tour.

Là un tête à queue vient changer toute la dynamique, Perez se retrouve à contresens dans le premier virage et Carlos l'évite de justesse. Et lorsque c'est le cas c'est l'explosion de joie dans le paddock : les deux voitures de l'écurie sont en tête. Ils n'ont plus qu'à ramener les monoplaces jusque la ligne d'arrivée. Quelques secondes de patience encore puis le garage se vide et tous les mécaniciens se précipitent vers les grilles pour accueillir nos deux héros.

Enfin pour moi il n'y a qu'un héros. Celui qui est responsable des larmes qui coulent désormais sur mes joues alors que le soulagement et la joie prennent enfin le dessus sur l'angoisse. Arthur qui vient de libérer son bras vient passer ce dernier autour de mes épaules avant de nous emmener au pied du podium où Charles arrive quelques instants après nous.

Nous sommes au bord de la barrière, et je ne cesse de pleurer d'émotion alors qu'il célèbre sa victoire debout sur sa monoplace. Lui qui a tellement attendu ce moment, celui de retrouver le goût de la victoire, le voilà enfin de retour sur la plus haute marche. Là où il mérite d'être.

Naturellement je dis cela en toute objectivité et pas parce qu'il est mon meilleur ami.

Des perles salées continuent de rouler sur mes joues alors que Charles saute dans les bras de son équipe, et Arthur en profite pour se foutre de moi - histoire de changer. Heureusement notre champion du jour arrive à notre hauteur et cela nous coupe toute envie de nous chamailler. Il prend d'abord son frère dans ses bras ce qui ne fait que me rendre plus émotive de les voir se supporter de la sorte, puis lorsque c'est à mon tour de me retrouver plaquée contre lui j'essaie sincèrement de ne pas m'effondrer submergée par la fierté et la joie.

Nous applaudissons à tout rompre alors qu'il reçoit son trophée et rayonne perché sur son podium et avec Arthur nous sommes parmi les dernier à quitter les lieux profitant comme Charales de cet instant au maximum.

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