Chapitre 6

2.3K 115 20
                                    

Nous sommes dans la voiture qui nous ramène au manoir des Davies quand mon père frappe contre la vitre nous séparant du voiturier.

«Arrêtez-vous là s'il-vous-plaît » dit-il alors que je fronce les sourcils.

«J'ai besoin d'un verre » dit-il.

«Je t'accompagne mon frère » s'exclame Émile.

Sans que je ne comprenne quoi que ce soit, je me retrouve seule avec Peter et Florence.

«Reprenez la route » s'exclame Peter un tapotant contre la vitre alors que le voiturier se remet en chemin.

Une quinzaine de minutes plus tard, nous arrivons devant le manoir et je ne perds pas une seule seconde à descendre après sa majesté forcément.

Je récupère le tableau de ma mère et je rentre dans le hall du manoir.

Je vais pour prendre la direction des escaliers et monter vers mon étage quand la voix de Peter m'arrête.

«Tu comptes aller où comme ça ? » dit-il alors que je me retourne vers lui.

«Dormir» dis-je «Je ne crois pas qu'il est l'heure d'aller jardiner » dis-je pleine de sarcasme.

«Tu crois que tu vas t'en tirer aussi facilement » dit-il «Nous attendons des excuses jeune fille» dit-il.

«Des excuses pour quoi au juste ?» dis-je.

«Dois-je te faire un résumé de toute la soirée ? Tu commences par ne pas saluer notre reine, ensuite tu restes ennuyé sur le côté alors que nous te cherchons un mari et par ensuite tu fais un caprice à sa majesté et tu nous as fait extrêmement honte devant tout Londres » dit-il.

«Un caprice ? » dis-je «Je n'ai seulement récupéré ce qui était à moi » dis-je.

«Et tu ne pouvais pas le laisser accrocher, il fallait que tu te donnes en spectacle en montant sur un banc, on n'est pas au cirque ici » dit-il.

«Ah bon ? » dis-je «C'est étonnant mais j'ai bien l'impression que si, entre toutes les femmes déguisé comme des poules avec leurs plumes sur la tête ou alors les faux-semblants qui sont dignes d'une grande comédie, j'ai bien peur que si cher grand-père » dis-je en souriant mauvais.

«Tu n'es qu'une catin ! Comme ta mère » dit-il

«Osez encore une fois parler comme ça de ma mère et ça pourrait très mal se passer pour vous » dis-je en colère.

«Je vais me coucher » s'exclame Florence en soufflant et surtout en nous laissant que tout les deux.

Le silence dur jusqu'à ce qu'on entende une porte non pas être fermé, mais claqué.

«Ta mère nous a détruit notre vie et celle de Marius » me dit-il «Elle a empêché notre fils de revenir ici après son voyage en Égypte, elle l'a enfermé dans un mariage horrible » dit-il.

«Vous ne parlez sans rien savoir alors je vous conseil de vous taire » dis-je.

«Et toi tu lui ressembles comme deux gouttes d'eau » dit-il en désignant mon tableau du bout de la tête.

«Oui effectivement, c'est ce qu'on m'a toujours dit » dis-je «Ma mère était une femme chaleureuse, joyeuse, aimante avec un soupçon de caractère » dis-je le sourire aux lèvres.

Je vois à son tour son visage se munir d'un sourire, mais pas un sourire amicale non non loin de là.

Sans que je ne comprenne quoi que ce soit, il attrape le tableau qui était glissé entre mes bras et part en direction du salon.

«Qu'est-ce que vous faites » dis-je en essayant de la rattraper alors que je me stoppe immédiatement et ma respiration se coupe quand je me rends compte de son geste.

«Tu finiras comme elle, tu brûleras en enfer » dit-il en quittant le salon alors que je me jette vers la cheminée pour récupérer le tableau en train de prendre feu.

«Non non non » dis-je en le voyant disparaître sous la fumée.

J'essaie tant bien que mal d'éteindre le feu, mais il ne reste presque plus rien.

Prise de colère, je rejette le reste dans la cheminée en lâchant un cri de rage.

Il va me le payer très cher, très très cher.
Se portrait j'y tenais beaucoup, vraiment beaucoup.

Je ne sais pas combien de temps, je suis resté assise devant le feu de cheminée, mais des éclats de rire se font entendre dans le couloir et je suppose qu'il s'agit de mon père et de son frère.

«Tu n'es pas encore couché ? » dit la voix de mon père.

«Comme tu peux le voir » dis-je les yeux fixant les flammes.

«Qu'est-ce qu'il y a Maïa ? » dit-il.

«Ton père a brûlé mon portrait » dis-je.

«Le portait de ta chère mère tu veux dire » s'exclame Émile alors que je tourne la tête vers lui et je lui lance mon plus beau regard d'assassin.

«Qu'est-ce que tu as fait » dit-il.

«Je n'ai rien fait » dis-je à mon père en me relevant «Mais il a intérêt à ce calmer avec moi sinon je te jure » dis-je en ayant aucun scrupule à menacer mon père dans les yeux «La vérité éclatera au grand jour » dis-je en sortant de la pièce pour monter jusqu'au troisième étage et m'enfermer dans ma pièce.

Je me pose contre la porte et je ferme les yeux le temps d'un instant.

Je les ouvre et je ne perds pas une minute de plus.

Je prends une de mes toiles vierges, mes pinceaux, ma peinture.
Je me pose devant mon chevalet après avoir allumé cinq ou six bougies et je replonge dans mes souvenirs.

Certes, cette copie ne sera pas autant belle que son œuvre originale, mais il est hors de question que ce souvenir de ma mère s'efface de ma mémoire.

Lorsque je pose mon pinceau, je me rends compte que mes bougies sont éteintes et que la lumière du jour est bien levé.
J'ai passé ma nuit à peindre, à peindre l'une des femmes de ma vie.

Elle n'est pas aussi belle que l'original, mais elle est là.

Mon regard se pose autour de moi vers mes toiles et je soupire quand je me rends compte qu'il s'agira de la prochaine exposition de mon père.

Voilà la chapitre 6, j'espère qu'il vous a plu ?J'attends vos retours avec impatience :)

Maïa Davies et Bénédict Bridgerton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant