Partie 2 - chapitre 2

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Je m'étais efforcée de ne pas me laisser noyer par mes émotions de la semaine, la journée de l'enterrement de maman avait été sans doute plus traumatisante avec du recul que sur le moment, tout comme la révélation d'Achraf au sujet de Rose. Heureusement Elio était là comme depuis toujours, il avait fait le clown chaque jour à la librairie ainsi le passage de février à mars s'était fait tout en douceur ou du moins autant que possible en vu des circonstances. Nous étions samedi, j'avais enfilé un gros manteau et surtout mon casque pour gambader jusqu'au supermarché le plus proche avec du piano dans les oreilles, Paul de Senneville me comptait sa vision d'un mariage d'amour à travers ses notes si joliment trouvée alors que je m'étais arrêtée avant un passage piéton pour laisser passer les voitures qui étaient prioritaires. Cet enchaînement de faits, cette situation, m'avait fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur alors que je revoyais Kylian attraper mon poignet pour éviter qu'un vélo ne me renverse, c'était il y à des mois de cela mais c'était toujours aussi frais dans ma mémoire, même musique, presque même endroit. Une vieille femme avait grommelé dans sa barbe ce qui m'avait sorti de mes pensées, je lui bloquais le passage alors que c'était à notre tour de traverser, je m'étais excusée maladroitement sans savoir si sa réaction n'était pas un peu excessive et je m'étais laissée guider jusqu'à arriver devant l'enseigne qui m'intéressait en tentant de penser à autre chose. Achraf avait été idiot d'aborder le sujet devant moi, me tenir au courant était une preuve de gentillesse mais ressasser cette histoire d'amour était un crève coeur, plus que ce que je ne me faisais croire. J'avais soufflé un bon coup avant d'aller replier un caddie de toute chose pouvant remplir l'estomac de mon colocataire et de moi même par la même occasion.

Arrivée en caisse je m'étais faite la réflexion que je n'étais visiblement pas assez adulte pour faire des courses qui avaient du sens, aucun aliment n'allait avec un autre, le papier toilette était posé à côté d'une bouteille de vodka et j'avais oublié l'huile d'olive, ce n'était pas grave mais j'avais eu envie de pleurer en voyant ce désastre. Je m'étais empressée de payer pour sortir avec un sac bien trop rempli et bien trop lourd pour moi, à tel point que je m'étais stoppée sur le trottoir pour le poser au sol et laisser mes larmes faire leur chemin sur mes joues, elles qui étaient restées cachées depuis bien trop longtemps. Ça m'avait fait du bien, j'avais l'air stupide d'un point de vue extérieur, sans aucun doute, mais je me libérais d'un poids que je n'avais même pas eu le sentiment de porter jusque là. À travers ma musique j'avais entendu une voix qui semblait s'adresser à moi, j'avais été étonnée et j'avais retiré mon casque en pensant que le jeune homme sur ma droite était agacé, tout comme la vieille dame de toute à l'heure, de la place que je prenais, mais il souriait gentiment ce qui était plutôt rassurant.

-Est ce que ça va ? m'avait-il demandé.

-Je crois oui.

-Moi je ne crois pas.

S'il faisait allusion à mes joues humides effectivement ça n'avait pas l'air d'aller mais comme tout était sorti je ne me sentais plus aussi triste que j'avais pu l'être quelques minutes plus tôt.

-Ça va mieux, merci, avais-je répliqué.

J'avais fourré mon casque dans mon sac à main et m'étais penchée pour attraper celui qui contenait mes courses mais avait été interrompu par le brun qui avait effectué le même mouvement au même instant. Nos doigts s'étaient effleurés sur la anse du sac alors je l'avais lâché rapidement en me redressant et en reculant d'un pas pour couper court à notre contact. Il avait froncé les sourcils, visiblement étonné de ma réaction bien trop exagérée pour la situation mais ce contact ne m'avait pas plus malgré la douceur de ses yeux brun et la gentillesse que dégageait son sourire

-Je suis désolé, m'avait-il dit en se grattant la nuque. Je ne voulais pas te faire peur mais juste t'aider.

Il avait finalement attrapé mon sac de course pour le soulever, je l'avais regardé faire l'air bête.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant