Chapitre 6

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-Cessez vos bruits de mastications ! Grommela Frederick à l'intention de John tandis que nous dinions tous ensemble.

-J'allais vous le dire !

Tout le monde se figea. Je relevai la tête de mon assiette, et je le reconnus instantanément.

-Seigneur Dieu ! Je n'en crois pas mes yeux ! Oh Edmund ! M'écriai-je en voyant mon frère dans l'encadrement de la porte.

Je me levai très précipitamment de ma chaise, tellement qu'elle tomba au sol. Je me précipitai dans ses bras et l'embrassais.

-Oh venez donc vous assoir !

J'entrainais mon frère vers le salon. Je ne remarquai pas immédiatement qu'il boitait. Puis me retournant pour vois ce qui lui prenais autant de temps je découvris, stupéfaite, sa jambe droite enroulées de bandage et sous son aisselle une béquille en bois. Frank aida Edmund à s'assoir dans le canapé et a allongé sa jambe blessée. Je m'assis sur le fauteuil situé en face de lui.

-Ne me regardez pas comme ça Babeth ! Je vais bien, je vous assure.

Malgré l'apparente bonne humeur de mon frère je ne pouvais m'empêcher de remarquer les taches brunes foncées qui formaient une ligne sur le côté de sa jambe.

-Pourquoi ne nous avez-vous donc pas écrit ? Demandai-je inquiète avec une pointe de colère.

-Je ne voulais pas vous inquiétez. Et puis j'ai eu la meilleure des infirmières. Répondit gaiment Ed.

Je levai un sourcil dubitatif avant de jeter un regard à mes frères qui avaient tous abandonnés leurs repas pour accueillir Edmund. Je remarquais cependant l'absence d'Amélia. Connaissant le caractère de la jeune fille je supposai qu'elle s'était retirée pour nous laisser entre nous. Après avoir parcouru la pièce des yeux mon regard se posa sur une jeune femme debout, droite comme un piquet dans l'encadrement de la porte. Ses longs cheveux châtains tombaient sur ses hanches réhaussant la couleur amande de sa robe de soie. Elle affichait une expression de douceur et de bienveillance renforcée par des yeux bleus surmonté de longs cils bruns. Edmund remarqua que tous nous fixions la jeune femme. Il tendit la main vers elle et l'invita à s'approcher. Elle s'approcha de lui et s'assit sur lui. Je me mordis la lèvre et serra les poings de colère devant cette attitude qui selon moi défiait toute notion de bienséance et de respect.

-Respirez Scarlett. Me chuchota Frank qui s'était penché sur mon épaule.

Nous nous regardâmes avant de jeter un coup d'œil à la femme assise en face de nous qui était entrain de joué avec les boutons de la redingote de notre frère.

-Moi non plus je ne l'aime pas. Mais si Edmund l'a choisi c'est qu'elle doit lui correspondre. Me dit mon frère tout bas.

-Non. Elle ne lui correspond assurément pas. Elle a dû s'offrir à lui et Edmund sur un moment de faiblesse lui a céder et comme c'est un gentleman il s'est senti obligé de l'épouser. Mais regardez la Frank ! Elle est entrain de faire les yeux doux à Fred ! Répondis-je d'une voix étranglée.

-Arrêtez de la fixer. M'ordonna Frank.

-Mais elle...

-Il n'y a pas de mais.

De colère je me levai en lançant un regard assassin à mon frère ainé.

-Bonsoir Messieurs je vais me coucher. Bonne nuit. Annonçais-je sèchement.

-Mais Babeth n'avez-vous pas envie d'apprendre à connaitre votre nouvelle sœur ? Ne voulez-vous pas connaitre Constance ? Me demanda incrédule Edmund.

-Non je ne veux pas la connaitre. Je ne veux pas qu'elle soit ma sœur et elle ne le sera jamais. Je préférais mourir que d'appeler ma sœur, une catin qui sitôt rentré au bras d'un homme dans un foyer fait de l'œil à son frère. Je ne veux pas, je ne veux pas ! Bonne nuit. Amusez-vous bien mais sans moi !

Moi, deux ducs et cinq frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant