Chapitre 31

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Il était là. Il se tenait les mains jointes, droit comme un piquet. Il ne bougeait pas. Il regardait devant lui sans vraiment voir ce qui se passait, ses yeux semblaient tournés vers l'intérieur. De temps à autre ses lèvres s'agitaient comme dans une prière silencieuse.

-Ce procès est une vaste pantalonnade, ils l'ont déjà condamné. Maugréa Edmund auprès sa femme.

Je me saisis de la main de Frank qui était stoïque et semblait pendu aux lèvres de son cadet. John tenait Amélia blottie contre lui comme un enfant qui a besoin de sa peluche pour s'apaiser. L'avocat d'Alexandre vient saluer Frank et lui fis part de ses appréhensions vis-à-vis du procès. Si même son avocat doutait de son innocence présumée, mon frère était fini. Je savais qu'il était coupable des crimes qu'on lui imputait et je savais que d'une façon ou d'une autre, il devait payer sa faute. Mais je savais pertinemment que le prix à payer était la mort et je ne pouvais ne serait-ce qu'imaginer une pareille issue. Alors une partie de moi persistait à croire qu'il était innocent, il s'est laissé embarqué.

-Courage Alex. Chuchotais-je pour moi-même.

-Il lui en faudra. Répondit Frederick qui m'avait entendu.

Alexandre était en train d'écouter les derniers conseils de son avocat. Il était impassible, il avait perdu cette lueur de malice qui le caractérisait tant. Il avait été apprêté pour sa comparution, il était rasé et coiffé, ses vêtements étaient propres tout comme lui. Je sentis deux personnes s'assoir sur le banc derrière nous.

-Elizabeth... Murmura doucement Théodore.

Je tournais la tête vers lui sans vraiment me retourner.

-Je suis contente de vous savoir auprès de moi.

-Stewart et moi venons de transmettre les derniers documents à l'avocat de votre frère.

-Je vous remercie sincèrement tous les deux pour le mal que vous vous êtes donné pour sauver Alexandre.

Je fis un effort et me tournais totalement vers eux avant l'arrivée du juge. Je souris à Théodore qui ne regardait que moi. A contrario James avait les yeux rivés sur Alexandre. Il avait la mâchoire serrée, il s'agitait sur son siège et se tordait compulsivement le pouce. Il me fit de la peine et j'eus de la compassion pour lui. A ce moment j'eus envie de lui prendre la main voir de l'enlacer pour le réconforter.

-James, voulez-vous venir vous assoir avec nous, vous êtes comme un frère pour Alexandre, il est normal que tous ses frères soient réunis. Proposais-je gentiment.

James acquiesça et se leva, il vient s'installer entre Frederick et Edmund. Je profitais du fait que l'attention de tout le monde soit dirigée sur James pour laisser tomber un billet au sol. J'y donnais un petit coup de pied pour l'envoyer derrière moi, au pied de Théodore.

Poète de mon cœur,

Je savais que vous seriez là, vous êtes toujours là pour moi. Je vous en remercie infiniment, aujourd'hui plus que jamais j'ai besoin de vous.

Je vous aime,

Elizabeth

J'avais crayonné ces quelques mots avant de partir un peu à la va vite. Je savais qu'il serait là, je ne doutais pas de lui.

-Moi aussi, je vous aime et je suis fier d'être là pour vous aujourd'hui.

Le cortège austère de Furies entra dans la salle, on nous demanda de nous lever. Je n'avais d'yeux que pour Alexandre, je n'osais pas ne serai ce qu'imaginer ce qu'il pouvait bien ressentir à ce moment précis.

-Asseyez-vous Messieurs, Dames. Ordonna le maitre de séance.

Alexandre restait de marbre, il ne cilla pas.

Moi, deux ducs et cinq frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant