Chapitre 4

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-Vous vous êtes endormie toute habiller Miss ! S'écria ma femme de chambre lorsqu'elle entra dans la pièce.

Je me frottai les yeux et gémi lorsqu'elle tira sur les lourds rideaux de velours bois de rose. Alexandre avait dû me coucher dans mon lit avant de s'éclipser discrètement. Elle reprit le plateau de petit-déjeuner qu'elle avait posé sur la commode et le déposa sur mon lit.

-Oh regardez l'état de votre si jolie robe. Elle est plus froissée qu'un de nos torchons en cuisine ! Oh là là si Monsieur Frank vous voyait !

-Merci Sarah mais je vais me passer de vos

commentaires. Où est passé mon frère ? Demandai-je en versant du lait dans mon thé à la bergamote.

-Monsieur Frank est dans son bureau. Monsieur Edmund est quelque part en Mer. Monsieur Alexandre est sorti avec Lord Stewart. Monsieur Frederick est sorti à cheval et la dernière fois que j'ai vu Monsieur Johnathan il était, pardonnez-moi l'expression, vautré dans le canapé. Je crois qu'il lisait le journal. Résuma-t-elle.

-Alexandre est sorti ? M'étonnai-je en machant un muffin.

-Oui, il voulait absolument parler au duc de Lennox.

-Humm.

Je bus une gorgée de thé en regardant le portrait de ma mère accroché au-dessus de mon bureau. Sarah surprit mon regard et mon sourire nostalgique.

-Elle était très belle lorsqu'elle était jeune et vous lui ressembler de plus en plus.

-Elle me manque. J'en ai assez de ne recevoir d'elle que des lettres. Me plaignais-je.

-Je pense qu'il faut respecter son choix.

-Je n'ai pas besoin de ma mère dans un couvent. J'ai besoin d'elle auprès de moi. On m'a arraché mon père et ma mère nous a abandonné. Je veux bien comprendre qu'elle ait été détruite et nous elle a pensé à nous avant de faire ce choix ! M'agaçai-je.

Je bu mon thé en ruminant ma rancœur envers ma mère. Après la mort de mon père elle avait choisi de se confire en dévotion et de rentrer dans les ordres en nous abandonnant tous les six, mes frères ainés et moi. Elle avait fait preuve d'un grand égoïsme en ne se préoccupant que d'elle et en nous laissant seuls. Nous ne parlions jamais d'elle, c'était une sorte de sujet tabou et cela convenait parfaitement à tout le monde. Si j'avais gardé un portrait d'elle c'est en souvenir du temps où elle était ma mère et pas juste un vieux souvenir enfermé dans un couvent. Je ruminais en silence ma désapprobation vis-à-vis de ma mère en machant un quartier de pomme lorsque l'on toqua à ma porte.

-Oui ?

-Beth ? Je peux entrer ? demanda-t-il doucement.

Je rabattis prestement mon édredon contre moi et lui donna la permission d'entrer.

-Votre promenade équestre s'est-elle bien passée ? Questionnai-je aimablement Frederick.

-Vous n'êtes pas ni coiffer ni habiller ! S'étonna-t-il.

-Non, je viens de me lever. Répondis-je simplement.

-Sinon oui ma promenade était tout à fait revigorante. Ce sont des pommes ? Demanda-t-il en jetant un coup d'œil sur mon plateau.

-Tout à fait, vous en voulez ?

Je lui tendis l'assiette qu'il saisit en s'asseyant sur une chaise recouverte de satin rose, située près de la porte.

-Vous vouliez me dire quelque chose ? Interrogeai-je inquiète.

-Non point je voulais juste venir vous saluer.

Moi, deux ducs et cinq frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant