Moi, deux ducs et cinq frères

Chapitre 25

Nous étions attablés à une taverne qui ne nous avait pas semblé mal fréquentée. Nous regardions le garçonnet engloutir à toute vitesse le bol de ragout que nous lui avions commandé.

-Où est-ce que tu dors Samuel ? Demanda Théodore en ramenant une autre corbeille de pain à notre hôte improvisé.

-Dehors M'sieur dans la rue. Répondit-il entre deux bouchées.

-On ne peut pas le laisser comme ça ! Chuchotais-je à Théodore.

-Et que proposez-vous ? Questionna-t-il en retour.

-Il pourrait venir à Bath avec moi. Je crois que John cherchait un palefrenier. Il sera nourri loger et blanchit et il percevra même un petit pécule. C'est qui pourrait lui arriver de mieux.

Théodore haussa les épaules ne sachant pas quoi me répondre.

-Samuel ?

-Oui M'dame ?

-Est-ce que cela te dirait de venir travailler pour moi ? Tu serais nourrit, loger et blanchi et tu percevras même un salaire. Tout ce que je te demande en échange c'est de t'occuper des chevaux. Est-ce que cela te conviendrait ? Proposais-je au jeune garçon.

-Grave M'dame ! J'dis oui de suite ! Répondit-il visiblement enthousiaste.

-As-tu des effets qu'il faudrait que nous récupérions avant de partir ?

-J'ai rien que ce que je porte sur moi.

-Parfait dans ce cas fini ton repas tranquillement et puis nous partirons juste après.

-Juste M'dame, pourquoi c'est pas votre mari qui me l'd'mande ? Demanda-t-il en fixant Théodore.

-Car nous ne sommes pas mariés. Expliqua Théo.

-C'est pas bien de fréquenté quelqu'un avec qui on est pas marié, même dans ma classe à moi ! Répondit Samuel.

-Nous sommes fiancés, alors...

Le garçon haussa les épaules avec désinvolture.

-Vous m'avez même pas dit vo'te nom !

-Théodore

-Elizabeth

-On y va ! Claironna-t-il en se levant.

Théodore fit monter Samuel dans la voiture qui m'attendait à la sortie de l'établissement avant de me tendre le sac de la maroquinerie.

-C'est pour vous ! Gardez-le ! Répondis-je.

-Je ne peux pas accepter. Cela vous a couter une fortune ! Répliqua Théodore.

-Peu m'importe, je l'ai acheté pour vous. Alors gardez le ou vous allez me vexer ! Rouspétais-je.

-Dans ce cas, je vous remercie. Ce présent me touche beaucoup. Quand nous reverrons nous ? Questionna-t-il.

-Dès que possible !

Il déposa un baiser furtif sur mes lèvres avant de me tendre son poing pour que j'y prenne appuis. Je montais dans la voiture et lui fis un signe de la main tandis que nous nous éloignions, encore une fois, l'un de l'autre.

-On va où ?

-Chez moi à Bath. Mais nous ne resterons pas toujours à Bath, nous rentrerons bientôt, je l'espère, à Londres. Cet été nous irons passer quelques jours à la campagne et l'hiver prochain nous irons en Ecosse je pense. Pourquoi ?

-J'l'ai vu tout de suite que vous'tiez riche !

-Parle moi un petit peu de toi Samuel.

-Avant j'vivais en Cornouailles avec mes parents. P'pa était mineur et m'man elle aussi travaillait à la mine. Mais la mine elle rapportait plus donc ils l'ont fermé. P'pa et M'man ils avaient plus de travail et donc plus d'argent. Et puis p'pa il avait abimé ses poumons à la mine, il respirait plus et il est mort. M'man et moi on a du se débrouillé en mangeant ce qu'on trouvait mais on avait pas grand-chose ! M'man me donnait tout ce qu'elle avait. Elle a vite choppé le scorbut et on avait pas l'argent pour le médecin. M'man est morte. Quand elle est morte j'ai tout perdu, on m'as mis à la porte et j'ai erré jusqu'à Bristol et j'vous ai rencontré M'dame, vous et M'sieur Théodore.