Chapitre 33

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La première pensée qui me vient en me réveillant ce matin-là fut « Je n'ai pas envie ». Mais de toute évidence je n'avais pas vraiment le choix. Je me levais donc péniblement de mon lit et me trainais jusqu'à ma coiffeuse.

-Vous en faites une de ces têtes ! S'exclama Sam en entrant dans ma chambre avec un plateau chargé de nourriture.

Je lui souris au travers de mon miroir et l'invitais à venir s'assoir à côté de moi en tapotant du plat de la main la place libre à côté de moi.

-Je suis un peu préoccupée. Expliquais-je simplement.

Il glissa le plateau sur la coiffeuse avant de s'assoir à côté de moi.

-Je n'ai pas le cœur à manger mais toi si tu as faim ne te prive pas. Cela me contrarierait de voir cette nourriture se perdre.

Le jeune garçon se rua sur la nourriture avec une simplicité qui m'amusa.

-On ne te nourrit pas en cuisine ? Demandais-je en riant.

-Si, si mais j'ai toujours faim moi. Maman aurait aimé travailler ici, je pense.

-Je suis sûre que nous aurions pu lui trouver une place. Elle doit être fière de toi de là où elle est. Moi en tout cas je suis fière de toi Sam tu te comportes comme un vrai petit gentleman et Amélia ne cesse de vanter ta curiosité dans tes apprentissages. Tu iras loin mon garçon et si tel est ton souhait tu pourras aller à l'école quand tu seras plus grand. Mais nous avons du temps pour en parler.

-J'aimerais bien ! S'enthousiasma le garçon la bouche pleine.

-Maintenant excuse moi je dois me préparer, je retourne au tribunal aujourd'hui.

Le garçonnet ne m'écoutait plus. J'en profitais pour me glisser derrière le paravent et me préparer. J'étais lasse de tout ceci d'autant plus que j'avais l'impression que ça ne menait à rien. Le procès durait depuis deux semaines mais j'eu l'impression qu'il durait une éternité. Presque quotidiennement se rejouait sans cesse la même chose et chaque jour nous sortions du tribunal déçu de ce qui s'y était passé. Et à chaque fois Maitre Smith semblait un peu plus confiant que la fois précédente. J'avais sincèrement envie d'y croire mais l'illusion était trop belle pour être vraie. Aujourd'hui devait être la dernière journée de procès. Je quittais la maison pleine d'appréhension mais une petite partie de moi se raccrochait à l'infime espoir de voir Alexandre rentré avec nous ce soir.

J'avais en si peu de temps vu tant de gens qui prétendait connaitre Alexandre et qui tantôt l'incriminaient tantôt venaient chanter ses louanges. Je saluais les gens sans savoir qui ils étaient et sans les voir vraiment. Je repris ma place pour une fois encore sur ce maudit banc.

Une heure puis deux, le temps semblait s'allonger sans fin. Je crus un instant m'endormir sur l'épaule de Frank. Je dormais très peu la nuit et dès que je parvenais à trouver le sommeil, il n'était en aucun cas réparateur. Je n'étais plus en état de suivre le procès quand un éclat de voix me sortit de ma torpeur.

-Scarlett, on t'appelle à la barre ! Chuchota Frank en me secouant doucement l'épaule.

Je recouvrais mes esprits, époussetais ma robe et me présentais à la barre totalement prise de court.

-Déclinez votre identité.

-Lady Elizabeth Mary Yollanda Catherine Rochester.

-Jurez-vous de dire la vérité rien que la vérité ?

-Je le jure solennellement.

-Selon vous votre frère est-il coupable ? Questionna le procureur.

-Je ne vois pas en quoi mon témoignage permettra à la cour de se fixer vis-à-vis de mon frère. Je ne suis qu'un énième témoignage.

Moi, deux ducs et cinq frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant