Chapitre 26

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Je tremblais de froid et d'appréhension dans l'antichambre de la prison. Je n'avais jamais mis les pieds dans une prison et tout m'intimidait, la mine patibulaire des gardes, les lourdes portes de fer, les croassements effrayants des corbeaux et les gémissements des prisonniers qui me parvenaient du couloir. Dès que j'étais entré dans cette endroit j'avais eu des sueurs froides. Tant de personnes avaient passés ses murs et n'en n'étaient jamais ressorties. Des reines, des ducs, des nobles à foison avaient péris ici et je ne voulais pas que le nom de mon frère se rajoute à celle des illustres condamnés de la tour de Londres.

-Lady Elizabeth, votre frère vous attend. M'annonça le grand geôlier.

Il s'écarta pour me laisser accéder à un petit parloir en proie au courant d'air et ne laissant pas de place à l'intimité. La silhouette que je découvris avachis sur un tabouret m'épouvanta. Elle était mince, très mince. Les vêtements étaient usés et affreusement sales. Les cheveux étaient poisseux de ne pas avoir été lavés depuis longtemps. Et la peau était blafarde et laissait voir l'intégralité des veines qui la parcourrait.

-Alexandre ? Appelais-je doucement.

Je n'eu aucune réaction. Je m'approchais de mon frère. Je posais une main sur son épaule. Je n'eus toujours aucune réaction.

-Partez Elizabeth. Souffla une voix amenuie.

-Pourquoi partirais-je Alex ?

-Car je ne mérite pas votre compassion. J'ai été aveuglé par mes rêves et par mes ambitions. J'ai été égoïste. Je n'ai pensé qu'à moi. Murmura mon frère.

Je ne croyais pas que la prison pouvait être aussi dévastatrice pour un homme. J'avais déjà eu un aperçu au travers de la correspondance de ma tante mais de le voir en face était différent. La prison détruit un homme aussi bien physiquement que mentalement. Et a une telle vitesse que s'en est effrayant.

-Pourquoi ne jamais m'avoir parlé de vos projets Alexandre ? Demandais-je doucement en m'agenouillant à côté de lui.

-Je ne voulais pas que cela retombe sur vous si cela devait mal se passer. Ce qui fut le cas.

-Alexandre, vous n'êtes pas seul. Je suis là. Je vous aime. Nous vous aimons tous. Vous êtes fort, bien plus que vous ne pouvez le penser actuellement. Mais faillir c'est les laisser gagner. Je ne sais pas ce que vous avez fait et je ne veux pas le savoir. Battez-vous pour vous, pour nous et pour tout ce en quoi vous tenez. Vous avez commis une erreur, peut-être mais ce n'est pas pour autant que vous devez vous avouer vaincu.

-Vous ne comprenez pas Sissi. J'ai tué un homme et j'ai comploté contre mon roi. Je voulais redonner à l'Angleterre sa gloire d'antan. Je voulais qu'elle redevienne catholique. Je voulais remettre les Stuart au pouvoir. M'expliqua monotonement Alexandre en fixant le sol.

-Oh Alex...

-Vous me trouvez stupide, avouez-le.

-Vous êtes bien loin d'être stupide. Vous avez voulu croire en quelque chose qui vous tenait à cœur et c'est très noble. Cependant vous avez choisi de miser sur le mauvais cheval et je crains que cela ne vous coute très cher.

-Je ne pensais pas à mal Sissi, je vous le jure. Je voulais le faire pour maman. Pour qu'elle puisse revenir auprès de nous. Je voulais donner une opportunité à James de récupérer le trône de ses ancêtres. Je voulais laver le nom de tante Georgianna et de grand-père Richard. Je ne voulais pas trahir mon pays ni déshonoré ma famille. Je voulais au contraire lui rendre son honneur.

Je pris les mains de mon frère. Et je me mis à pleurer. Pleurer sur son sort, il ne méritait pas ce qui lui arrivait. Ces intentions étaient louables mais il les a rattachés à une cause qui ne pouvait pas leur être profitable. Je pleurais égoïstement je le reconnais sur moi. Je m'en voulais d'avoir détester Alexandre et de lui avoir tenu rigueur pour son comportement.

Moi, deux ducs et cinq frèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant