17| Trop tard pour s'en vouloir

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Elisabeth

Je pose la poche de glace sur le bureau et me tourne vers elle.

– J'ai un lymphome d'Hodgkin à un stage 2. J'ai commencé la chimio il y a quelques semaines, je reprends en décembre.

Elle est sous le choc. Elle ne parle plus du tout, elle s'est figée sur place.

– Personne n'est au courant et je veux que ça reste ainsi.

Elle me regarde comme si je venais d'une autre planète.

– Elisabeth...

Elle s'avance vers moi doucement.

– Je ne veux pas de pitié.

Elle me regarde de haut en bas avec son regard de faux dédains qui n'appartient qu'à elle qui me fair glousser.

–Tu pense que je vais avoir de la pitié pour toi ?

Je ne répond pas. Je n'ai pas envie de pitié.

–Sache que je n'aurai jamais pitié pour ta gueule.

Je relève la tête en souriant. J'ai l'impression de retrouver mon amie.

Elle  me prend soudainement dans ses bras.

– Je suis désolée. Tu vas saigner pendant des heures maintenant.

Je ris et je la sens sourire dans mon dos. Elle s'y connait assez pour savoir que je vais saigner encore durant deux heures au moins. Les deux morceaux de coton que j'ai enfoncé dans ma narine sont déjà imbibés de sang.

Elle recule et me sourit.

– Merci de me l'avoir dit.

Je dois avouer que je suis assez mitigée. Ça fait du bien de le dire à voix haute, mais d'un autre côté, je viens de me condamner à en parler à un moment ou à un autre aux autres.

Je sais que Mady va me pousser à en parler. Elle ne supportera pas que je vive ça seule.

– Ça doit rester entre nous.

Elle hoche la tête.

– Je ne suis pas encore prête à en parler aux autres.

– Je serais là quand tu seras prête, mais ne tarde pas.

– Je le dirais après mon second round de chimio.

Ce sera trop gros pour le cacher. J'ai déjà perdu une grande partie de mes cheveux, le reste ne restera pas longtemps.

– Même pas à Damon ?

Je secoue la tête.

– Surtout pas à Damon. Je ne suis pas prête à le lui dire pour l'instant.

– Elisabeth, il...

Je la coupe :

– Mady, ne me fait pas regretter de te l'avoir dit.

Elle soupire, mais fini par hocher la tête.

– Comme tu voudras. Par contre.

Elle s'approche un peu plus de moi et prend mes mains entre les siennes.

– Je veux t'accompagner à chaque rendez-vous, à chaque séance de chimio, je veux être là les jours suivants pour t'aider. Tu ne peux pas continuer à être seule.

Je sens les larmes monter en entendant ses paroles parce qu'elle a raison. C'était tellement dur de vivre ça seule. Je me sens soulagée d'avoir enfin quelqu'un à mes côtés sur qui je pourrais me reposer un peu.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant