Black Angels

29| Seule

Elisabeth

On dit souvent que le silence est plus bruyant qu'un brouhaha.

Ce sont des conneries.

Le silence de mort qui règne dans la chambre depuis une bonne dizaine de minutes ne me transmet rien. J'ai seulement l'impression de faire face à un mur en béton armé.

Zely est encore devant la fenêtre et regarde, je ne sais quoi, tandis que je suis assise sur mon lit d'hôpital à me ronger les ongles, attendant que la sentence tombe.

J'ai réellement l'impression d'être une condamnée à mort qui attend patiemment que le juge lui assène un coup de plus, lui disant qu'il n'échappera pas à la mort.

Lorsque Zely se décide enfin à me faire face, je me redresse, observant chacun de ses gestes. Elle prend place dans la chaise près de mon lit sans jamais relever le regard.

C'est de la torture ce silence !

Lorsque ses yeux bruns se relèvent vers moi, j'ai un léger sursaut. C'est imperceptible vue de l'extérieur, mais je sens tout mon être sursauter parce que je sais à ce moment-là qu'elle ne mâchera pas ses mots.

– Quand tu es arrivée au club, mon premier réflexe a été de te rejeter.

C'est vrai.

Lorsque j'ai mis les pieds pour la première fois dans le club house des Black Angels, Zely a été celle qui a eu le plus de réticences à m'accueillir. Elle n'avait pas confiance en moi.

– Je savais que ton arrivée sonnerait le début des problèmes.

Pas faux.

– Et j'avais vu juste.

Ses bras sont simplement posés sur ses cuisses, son regard ne quittant plus le mien à présent.

Finalement, je me demande si je ne préférais pas quand elle me tournait le dos.

– À la seconde où tu as montré ta tête d'ange au club, tu nous as tous condamné à quelque chose à laquelle on ne s'attendait pas.

Je serre les dents, ressentant le besoin de contenir ce que je ressens.

– D'abord, tu viens du club ennemi au nôtre, ensuite, tu nous caches le cancer d'une de nos amies. Tu envoies nos hommes derrière les barreaux, pas une mais deux fois. T'es une balance, une traitre, mais malgré tout ça, Damon continue de dire qu'il t'aime et que tu es sa reine.

Elle lâche un rire qui ne me dit rien de bon.

Je sais que je les ai balancés une fois, c'était voulu et surtout pour me protéger. Je sais aussi que Brutus a pris pour les autres, mais la seconde fois ? Je ne comprends pas. Je décide de ne pas relever pour l'instant, pour la simple raison que je sens que si je la coupe, je risque de le regretter amèrement.

– Je t'ai fait confiance, je t'ai raconté ma vie. Je t'ai confié des choses dont même Tank n'est pas au courant.

Ses yeux se gorgent de larmes alors que je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour garder les miennes.

– Je t'ai tout dit. Je m'attendais à ce que tu fasses la même chose en retour. C'est ça l'amitié, une confiance qui va dans les deux sens.

J'aurais dû.

– Pourquoi tu ne nous as rien dit pour ton cancer ? Je ne comprends pas pourquoi tu n'as rien dit, alors que tu savais pertinemment comment on réagirait. Il me semble que tu as eu un avant-goût quand c'était le cas de Mary.