30| Zahra

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Elisabeth

J'aurais dû voir que quelque chose n'allait pas avec Penelope.

– J'ai besoin de plus d'explications, Penelope. Tu ne peux pas simplement me dire que tu ne peux rien me dire.

– Et pourtant, c'est bien le cas, répliqua Zahra derrière nous.

Elle est dans la cuisine, au bar, sirotant son eau pétillante. Je l'ignore et me retourne vers ma sœur.

– Tu me fais confiance, n'est-ce pas ? demande Penelope en prenant mes mains dans les siennes.

Ses yeux. Ils ont perdu leur vivacité. Autrefois, je pouvais lire en elle comme dans un livre ouvert. Il nous suffisait de croiser le regard de l'autre pour comprendre ce qu'il se passe dans sa tête. Parfois, c'en était même effrayant. Depuis notre retour de la secte, tout a changé. Nous avons suivi des thérapies, des groupes de parole, mais rien n'a changé. Chacune s'est renfermée dans son monde, rejetant inconsciemment l'autre.

– Je ne sais pas, avoué-je sincèrement.

Je retire mes mains des siennes et me lève.

– Elisabeth, m'appela Penelope.

Je sors par la baie vitrée sans regarder en arrière, gardant en moi tout ce que je voudrais lui cracher au visage.

J'ai essayé tellement de fois de retourner vers elle, de recréer cette chose indescriptible présente entre nous.

Je me suis toujours pris un mur.

– Parle-moi Penelope !

Elle détourne simplement le regard et se replonge dans sa lecture. Je n'arrive plus à me contenir, je lui arrache le livre et le balance de l'autre côté de la chambre.

– Pourquoi tu me fais ça ? demandé-je la voix tremblante.

Ma jumelle se daigne enfin à lever les yeux vers moi. Ils sont vides. Il n'y a plus rien.

– Faire quoi ? demanda-t-elle, la voix blanche.

Ce n'est pas ma sœur. Ce n'est pas possible.

– Penelope.

Elle se lève lentement pour me faire face. Elle se dirige vers le livre à l'autre bout de la pièce et le prend avant de retrouver sa page.

– Penelope, tu ne peux pas rester comme ça. Parle-moi !

Mon ton est suppliant, je l'entends bien.

– Je ne peux rien pour toi Elisabeth. Fais-toi une raison. Tu es seule.

Ce jour-là, j'ai perdu ma jumelle.

La réalisation de ce qu'il se passait m'a complètement achevée. L'acceptation est un long chemin que je tente encore de faire.

Je n'arrive pas à me dire que je ne retrouverai jamais ma sœur comme elle l'était.

Je reviens à moi lorsque l'une des chèvres se met à bêler sous mon nez. J'ai un mouvement de recule en réalisant que je suis arrivée devant l'enclos des animaux de Damon.

– Tu as faim ? demandé-je comme si j'allais avoir une réponse.

Je me dirige vers le bac dans lequel se trouve leur repas et en disperse un peu dans l'enclos. Je fais de même pour les poules.

– Ne sois pas dur avec ta sœur.

Je bondis lorsque j'entends la voix de Zahra. Je pivote dans sa direction. Ses mains sont enfoncées dans les poches de sa veste, contemplant les animaux.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant