Meute Rainblood: La légende des bêtas

Chapitre 5

Pov Damian

« Deux êtres qui s'aiment se rencontrent toujours » Proverbe danois

Après la réunion, mon alpha me demande d'aller chercher les « provisions » pour la soirée. En d'autres termes, il veut que j'aille à l'hôtel récupéré les boissons alcoolisées que nous avions ramenés d'Amérique, au cas où les discussions auraient été un succès. Ils n'auront duré que 5 interminables journées, pour finalement se décider en une après-midi. Conclusion, l'alpha suprême avait signé un traité de paix avec nous et l'alpha Aiden.

Nous n'avions plus rien entendu de notre ennemi, l'Alpha Kaiden. Nous avons entendu dire que les soldats de la meute suprême l'avaient cherché partout le soir de la confrontation entre celui-ci et leur alpha, mais il s'était tout simplement volatilisé, ainsi que le reste de sa meute. Conscients que nous allons le revoir très bientôt, nous avions donc décidé de profiter d'avoir signé ce traité pour nous accorder une soirée festive.

Nous ne devions rentrer chez nous que dans 2 jours, après avoir finalisé les détails le lendemain. Alors nous pouvions nous octroyer une soirée, conscient que nous ne devions pas repartir chez nous au petit matin. Cette soirée devait définitivement enterrer la hache de guerre entre les meutes, enfin je l'espérais.

Je rentre dans ma voiture de sport en grognant et me mets en route vers notre hôtel qui ne se trouve qu'à 15 min de route en voiture. Notre alpha avait préféré un hôtel un peu plus éloigner de notre lieu de réunion. Premièrement pour pouvoir décompresser sans être entouré par des loups inconnus, et deuxièmement pour assurer une meilleure défense en cas d'attaque. Nous avions choisi un hôtel un peu isolé, où nous sentirions nos ennemis arrivés. L'odeur de la ville peut être tellement pollué, que notre odorat nous faisait souvent défaut.

Après quelques minutes de conduite, je sens mon loup tiré d'un coup, cherchant mon attention, il tente de prendre le contrôle, et je dois mettre toute ma force pour l'en empêcher. S'il prend maintenant les rênes, je ne donne pas cher de la voiture et surtout je risque de causer un énorme carambolage. Je descends ma vitre pour essayer de le calmer, en espérant que l'air frais nous fera du bien.

Au même moment, je sens une odeur exquise de rose, mêlé d'un soupçon de fruits rouges. Je n'ai jamais rien senti d'aussi exquis et mon loup essaye encore davantage de prendre le contrôle. Voyant qu'il n'y arrive pas, il tente de me griffer intérieurement pour que je l'écoute. La voiture continue de rouler, et je sens l'odeur disparaître au fur et à mesure des secondes qui passent. Tout d'un coup, je me rends compte de ce que mon loup intérieur tente de me faire comprendre: Mon âme-soeur. C'était son odeur. Sans pouvoir m'en empêcher, un rugissement bestial sort de mes lèvres « MIENNE ». Je m'arrête brusquement sur le bas côté, créant presque un accident avec la voiture de derrière, qui réussit au dernier moment à m'éviter en klaxonnant. J'essaye de me concentrer sur l'odeur, mais elle est tellement infime, à cause de toutes les autres émanations, que je la sens m'échapper. Je fais faire un demi-tour brutal à ma voiture et me dirige vers l'endroit où l'odeur était plus forte. La pluie commence à tomber en rafale sur la vitre.

Ici, mon loup m'a fait sentir quelque chose à cet endroit. Je me gare sur une place de parking, et sort de ma voiture. Je ne sens presque plus cette divine odeur. Je me mets à courir sous la pluie comme un fou pour tenter de la percevoir, de la sentir une nouvelle fois, mais rien n'y fait, elle m'échappe davantage, et bientôt je ne la sens plus du tout. Je sens mon loup gémir au fond de moi, il n'est vraiment pas content. Il ne comprend pas pourquoi je n'ai pas suivi ces instructions. On aurait pu être auprès de notre âme-soeur, et la marqué. Je savais que ce n'était pas aussi simple. Je ne pouvais pas juste me présenter devant cette personne et lui dire « Je suis ton âme-soeur, je veux que tu sois mienne ». Je ne savais même pas si cette odeur appartenait à une humaine ou une louve. Il fallait que j'en aille le coeur net.

Je repense à mon frère et me demande si nous avons la même âme-soeur. Très probablement que oui. Nous étions tellement connectés, et nous nous complétons parfaitement qu'il soit logique que la déesse ne nous donne qu'une seule et même personne comme autre moitié de notre âme. Mon frère et moi avons souvent parlé de cette âme-soeur. Lorsque nous avons atteint la majorité et qu'il était donc possible que nous la reconnaissions, l'envie de savoir qui cela pourrait bien être, n'avait pas été notre premier centre d'intérêt. Nous voulions nous améliorer, être les plus forts possibles dans nos domaines respectifs. Mais avec les années qui passaient, nous avons compris que cette façon de pensée était une grave erreur. Certes nous étions devenus les bêtas de notre meute, les conseillers de notre alpha, moi en tant que meilleur combattant, et mon frère en tant que traqueur, mais ils nous manquaient une partie de nous. Nous voyions les autres couples heureux avec leur moitié, tandis que nous demeurions seuls. Nous avons eu quelques expériences avec des femmes, soit séparément et même en de rares occasions ensemble, quelles soient louves ou humaines, mais aucunes n'avaient pu nous combler.

Il y a quelques années nous avions donc décidé de partir à sa recherche en parcourant toute l'Amérique, mais nous ne l'avons pas trouvé. Il y a quelques mois, mon frère et moi avions fêté nos trente ans, cela avait été un choc, et nous nous étions renfermés sur nous-mêmes, encore plus investis dans nos tâches. Je sentais que mon frère était encore plus désespéré que moi, de trouver son âme-soeur. Il avait commencé à partir pour de longs jours seuls dans les bois, à ruminer je ne sais quoi. Il ne me parlait presque plus. Je ne savais pas quoi faire, et j'espérais que la déesse ne nous avait pas punis, parce que nous ne voulions pas d'âme-soeur au début.

En repensant à mon frère, j'eut une idée. Il était le traqueur, il retrouverait peut-être son odeur. En même temps nous serions vite fixés, si nous avions la même âme-soeur.

J'essaye donc de rentrer par télépathie avec lui, mais me rends vite compte que la distance entre nous est trop importante. Je remonte dans la voiture et fonce à vive allure vers la salle de réunion. J'avais attendu plus de 10 ans pour l'avoir à mes côtés, j'arriverais encore à attendre quelques minutes de plus. Mais pas beaucoup plus longtemps...