Chapitre 13

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Pov Tyler

« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde » Oscar Wilde

Je m'étais fait violence pour ne pas la prendre dans mes bras, et la marquer. J'avais préféré la méthode plus gentleman, ne voulant pas l'effrayer. Peine perdue, j'avais bien vu ses yeux vouloir me fuir. Heureusement qu'on est au 4e étage, et qu'elle ne pourra donc pas passer par la fenêtre. Avec réticence, je me suis levé et l'ai laissé un moment seul dans mon lit. Au moins elle se trouvait à proximité, ce qui calme un peu mon loup.

Mon frère n'était pas réapparu depuis notre dispute quelques minutes plus tôt. On n'avait pas franchement eu la même approche concernant la façon de procéder avec notre âme-soeur. Il avait plutôt envie d'aller la voir, de la marquer, puis de discuter. Pas franchement une bonne idée au vu de ce que notre moitié venait de vivre. J'avais donc mis en avant qu'une méthode plus calme, de discussion pourrait s'avérer plus efficace. Après avoir mis en avant les avantages de cette méthode, mon frère avait grommelé une réponse incompréhensible, et était parti faire un tour dehors. Je sais qu'il reviendra bientôt, il ne pouvait pas se passer de notre âme-soeur bien longtemps, pas après l'avoir enfin touché, même si ce n'est que sous forme de loup. En attendant, il me faisait confiance pour assurer sa sécurité et son bien-être.

N'y tenant plus, je passe ma tête par l'embrasure de la porte pour voir ce qu'elle faisait. Allongé sur le côté, elle me faisait face, endormi profondément au vu de sa respiration calme et régulière.

Elle était vraiment magnifique, je sais que je ne trouve pas les mots adéquats pour la décrire. Peu importe ce que je dirais, cela ne suffira pas pour être au plus près de la réalité. Elle me faisait penser à une fleur sur le point d'éclore, une fleur multicolore. Ses longs cheveux blonds étaient éparpillés sur l'oreiller, l'entourant comme un halo. Les pointes de ses cheveux étaient légèrement bouclées, et ce que je n'avais pas vu l'autre soir à cause de la pénombre, était ces quelques mèches bleutées. Cela aurait pu paraître déplacé au vu de sa magnifique crinière blonde, mais je trouvais que cela lui donner un air farouche, comme si elle ne voulait pas être une frêle jeune femme, comme un acte de rébellion. Mon loup et moi avions été foudroyer par ses yeux bleus, aussi bleus que l'océan. Je n'avais jamais vu de tels yeux, en forme d'amande, j'avais eu cette impression qu'elle me traversait jusqu'à l'âme. Quand nos regards se sont croisé, j'avais immédiatement senti cette connexion, cette envie de me lever et de la prendre dans mes bras. Je m'étais retenu, j'avais vu autre chose au fond de ces yeux: la méfiance et la rage. Comprenant pourquoi elle pourrait être méfiante d'un inconnu, je ne m'expliquais toutefois pas pourquoi elle pourrait me haïr. Cela n'aurait pas dû être l'une de ses premières émotions. Comme si elle redoutait que je lui fasse quelque chose. N'avait-elle pas vu que mon frère et moi l'avions sauvé. Peut-être était-ce pour ça qu'elle se méfiait? Croyait-elle que nous étions ses agresseurs?

Mille questions se bousculent dans ma tête, je finis par me détourner et me mettre sur le canapé du salon, la tête entre les mains, cherchant à connaître la suite. Que devons-nous faire ensuite? La conquérir, mais comment?

Au cours des dernières tentes années, je n'ai jamais été dans une telle situation. Mon loup me faisait la misère. Il grognait à l'intérieur de moi, voulant sortir et tous ravager sur son passage. Mon calme apparent était un mirage, je me contrôlais à peine. Cela ne me ressemble pas, j'étais connu pour mon calme à toute épreuve. Avoir son âme-soeur à porter de mains sans pouvoir la toucher, me tue. Aucune des femmes que j'avais eue dans ma vie, ou dans mon lit, ne m'avait fait cet effet-là. Bien sûr je m'en doutais. Je connaissais la légende des âmes-soeurs, ma mère nous la racontait depuis notre enfance. Toutefois je ne pensais pas que ce serait à ce point-là. Mon envie de protéger cet inconnu, de mettre le monde à ces pieds, me perturbait. Pourtant si elle me demande de lui décrocher les étoiles, je le ferais sans hésiter. Ce lien est puissant, sans doute dangereux, mais je m'en fichais. Le désir d'en apprendre plus sûr elle, était plus fort que tout. Je la protégerais envers et contre tout.

Après un court débat intérieur, j'entends la porte s'ouvrir non loin de moi. Ce petit appartement était bien conçu: 2 chambres de tailles similaires avec un lit double, étaient séparées par un salon de plus petite taille composé d'un canapé trois places, d'un bar, d'une petite cuisine, et d'une table pouvant accueillir 6 personnes. Notre alpha avait eu la suite royale, un étage au-dessus de nous. Elle avait une chambre en moins, mais son salon faisait 3 fois la taille du nôtre, parfait pour les réunions. Nous nous retrouvions depuis presque une semaine tous les soirs, à parler de la meute, de ses problèmes, et surtout du traité.

Mon frère finit par rentrer, se débarrasse de ses chaussures, pose sa veste sur le comptoir du bar, et vient s'assoir à côté de moi. Il souffle bruyamment, tout en pressant son dos contre le canapé, les poings recouvrant ses yeux. Il prend quelques minutes avant de dire:

- Tu as raison. On ne peut pas se pointer devant elle, la marquer, puis lui révéler tout de notre monde. Si on fait cela elle ne pourra jamais nous faire confiance.

- Elle s'est réveillée un cours instant. Nous avons échangé quelques phrases. Elle se méfie, elle ne nous donnera pas sa confiance aussi facilement. Par contre, j'ai bien senti son désir, ce combat n'est pas perdu d'avance. Il faut trouver le moyen de lui dire ce que nous sommes. Tu n'as probablement pas oublié que nous devons repartir demain pour l'Amérique. Lui dis-je

Mon frère baisse les mains pour les croiser sur sa poitrine, avant de me répondre:

- Non, je n'ai pas oublié. Pendant que je faisais un tour dehors, notre alpha m'a rejoint. Je lui ai dit que nous aurons besoin d'un peu plus de temps ici. Il n'était pas franchement ravi, mais je ne lui ai pas laissé le choix.

- Il n'y a que toi, pour oser faire ça, mon frère. Répondis-je tout en rigolant. Je suppose qu'il a laissé échapper un grognement, puis vous avez joué à une joute visuelle, comme d'habitude. Mais as-tu gagné cette fois-ci? Tu sais bien qu'on ne peut pas échapper aux ordres de notre alpha.

Mon frère se lève, et commence par faire les cent pas à travers le salon.

- Pour la première fois de ma vie, j'ai eu gain de cause. Il a compris l'importance de ma requête. Il y a quelques années, il nous en aurait empêché, mais plus depuis son union. Il sait que nous ne pourrions plus travailler correctement, et ne lui serrions donc plus d'aucune utilité, si nous partions d'ici sans notre âme-soeur. Par contre, il nous donne au max deux semaines avant de se pointer ici et de nous ramener de force, et comme il me l'a si bien fait remarquer: « Je vous trainerai par la peau du cou, que vous soyez consentant ou non. Puis je partirai chercher votre âme-soeur et en ferai de même. Et je vous ramènerais tous sur notre territoire. »

Cette fois, je m'effondre de rire sur le canapé. Notre alpha n'était pas connu pour son humour et encore moins pour sa patience, mais je me délectais de voir comment mon frère et lui se lançaient des joutes verbales. Bien sûr mon jumeau, n'avait pas souvent le dernier mot, mais il s'amusait tout autant. En plus, ces paroles me font comprendre que notre alpha a déjà accepté notre moitié. Maintenant il était de notre devoir de lui montrer les avantages d'être lié à un loup.

Meute Rainblood: La légende des bêtasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant