Chapitre 2

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Pov Jessie

"Dans la vie, il est des rencontres stimulantes qui nous incitent à donner le meilleur de nous-même, il est aussi des rencontres qui nous minent et qui peuvent finir par nous briser." Marie-France Hirigoyen

Le lendemain matin je sors du travail vers 8 h, j'avais fait 2 h supplémentaire, et en plus j'avais dû écouter les remontrances de ma chef de service. Une de mes collègues s'était plainte de moins, parce que je lui aurais manqué de respect. Je me souviens encore de cette après-midi il y a 2 mois. Cette collègue avait décidé de me ridiculiser devant mon patient, encore une fois, en me traitant d'incapable, et d'idiote. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait cela. Je pense qu'elle se sent tout simplement plus forte que moi en me ridiculisant de la sorte. Je ne pense pas que cela soit très productif, mais bon si elle souhaite se sentir plus puissante, elle peut continuer à me rabaisser, j'avais pris l'habitude. Je l'avais donc royalement ignoré, comme à mon habitude. 

Toute ma vie durant j'avais été le centre de moqueries. On dit souvent qu'il faut un souffre-douleur dans une classe d'école. Cela a toujours été moi. J'avais entendu les pires choses, les pires insultes. Alors après tant d'années, j'ai appris à ravaler ma colère et à ne plus entendre les moqueries. Je me souviens encore de la rentrée des classes quand j'avais 14 ans. J'étais parti motiver à l'école, voulant à tous pris me faire enfin accepté par mes camarades de classe. Au début tout allait bien, je n'ai pas eu de mauvaises remarques. Puis l'un des élèves, qui avait partagé ma classe l'année précédente, a jugé bon de faire savoir à tout le monde mes anciens surnoms, comme la baleine, parce que j'avais été un peu plus potelé que maintenant, ou alors la gosse de riche. J'aurais préféré naitre dans une famille normale sans grand revenu, avec des parents aimants qui m'auraient soutenu dans cette épreuve, mais la vie est souvent mal faite. Finalement après quelques semaines de moqueries verbales, les attaques physiques ont commencé. Je me prenais des seaux d'eau froide sur la tête, on me mettait des vers de terre dans mes boissons, et j'en passe. Tout cela a duré pendant 3 mois jusqu'à ce que mon père soit forcé par le directeur de me changer d'école. J'avais pris une bonne correction de mon géniteur. Il m'avait tellement injurié qu'il avait perdu la voix pendant quelques jours, bien fait pour lui. J'étais devenu une source de déception encore plus grande depuis ce jour-là. Même s'il n'avait déjà pas une très grande opinion à mon égard depuis ma naissance, il aurait préféré un garçon.

Je marchais d'un pas lent dans la rue. J'étais vraiment fatigué de cette journée. Encore 3 nuits de travail et j'aurais 2 semaines de vacances. J'avais tellement hâte. Peut-être que je retournerais auprès de mon frère. Il vivait à plus de 2 heures de chez moi. J'avais eu besoin de m'éloigner de ma famille, surtout de mon paternel, après mes études. Juste en repensant à lui, la sueur me coulait dans le dos. Non, il ne fallait plus que j'y pense. Je m'en étais sortis, il ne pourra plus jamais rien me faire. Mon frère m'avait aidé à sortir de cette vie. Je ne devais rien à personne à part peut-être à lui. Il était ma seule référence, ma seule bouffée d'air frais. J'avais appris à me débrouiller seule, mais parfois la solitude de ma vie, me fait repartir quelques jours chez lui. J'étais tellement parti loin dans mes réflexions que je n'entendis pas la voix m'appeler au loin:

- Jessie? Allo la terre? Jessie?

Je lève la tête et vois l'une de mes collègues de travail, au plus précisément l'une des médecins qui travaillent avec moi. Elle n'habite pas très loin de chez moi, et il arrive que nous nous croisions en route, même si cela est plutôt rare, comme nous n'avions pas les mêmes heures de travail en général.

- Oups désolé, je ne t'avais pas vu.

- Tu rentres si tard du travail? Nuit difficile?

J'avais envie de rire à ce commentaire, mais je n'en avais pas la force, alors je lui réponds par un simple commentaire:

- Oui, beaucoup de travail, comme d'habitude en pédiatrie.

Ma collègue me regarde avec des yeux anxieux et me répond:

- Bon alors je vais te laisser et aller voir les dégâts. Bonne nuit

- Et à toi une bonne journée, lui répondis-je en secouant ma main faiblement.

Je me remis en route vers mon appartement. Je décide d'écouter une musique apaisante avec mes écouteurs, pour essayer de me calmer après cette nuit éprouvante. Sinon je n'arriverais sans doute pas à m'endormir, mon corps trop courbaturer et mes pensées encore auprès de mes petits patients.

Arrivé chez moi, j'enfile une tenue décontractée: brassière de sport et legging. Puis je m'assois en tailleur sur le sol froid de mon salon, et rentre en transe, méditant pour retrouver mon calme intérieur. Sans doute, vous trouverez cette habitude bizarre, mais la méditation est une source de repos pour mon esprit. Enfin quand je ne pars pas courir ou que je m'entraine dans les jardins du parc d'à côté... longue histoire. Après 30 min où je laisse mon esprit vagabonder, je rouvre mes yeux, et me sens enfin apaiser. Le sommeil me tend les bras, je me mets donc en pyjama, m'écroule sur mon lit et pense à la vie que je me suis créé au fil des ans. Voilà où j'en suis: 26 ans, sans petit ami, sans ambition, mangé à petit feu par mon travail. Je me demande ce que je vais pouvoir faire pour changer et mettre du piment dans mon quotidien. Je baille, et essaye de garder mes yeux ouverts, peine perdue, je finis par m'endormir d'un sommeil sans rêve, pour une fois pas de cauchemars...

Meute Rainblood: La légende des bêtasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant