Pov Jessie
« Quand on n'a rien à se reprocher dans la journée, on ne craint pas que les fantômes viennent hurler à la porte au milieu de la nuit » Proverbe chinois
Je sors de l'hôpital après ma longue nuit de travail. Enfin libre, bon juste pour les 2 prochaines semaines, mais c'est mieux que rien. Je suis de meilleure humeur que d'habitude, je ne sais pas pourquoi. Comme si mon corps se sentait bien, comme s'il attendait quelque chose. Hmm, je suis sûr qu'il n'attend que de retrouver son lit, mais bon comme on dit: l'espoir fait vivre.
Je décide de passer par la boulangerie en rentrant chez moi. J'ai envie d'un pain au chocolat pour mon réveil plus tard. Je rentre dans le magasin, passe commande, et ressens une présence intrigante dans mon dos. Je me retourne et vois seulement un homme de dos, qui doit bien mesurer 2 mètres, avec une carrure impressionnante. Je sens un frisson me monter dans l'échine. Mon souffle se coupe, et je n'arrive pas à décoller mes yeux de son dos. Ses cheveux sont d'un brun lumineux qui lui chatouille la nuque. Je ne vois pas son visage. Il reste le dos tourner, et s'avance vers une porte au fond, les toilettes j'imagine. Une fois hors de vue, je me remets à respirer normalement, prend le sachet que me tend la vendeuse et rentre chez moi.
Je n'avais pas souvent l'occasion de voir un homme de cette taille. Peut-être que ma réaction disproportionnée était en raison de sa carrure. J'avais toujours aimé les hommes plus « baraqué » que moi. J'avais besoin de me sentir protéger, d'avoir la sensation que rien ne pourrait m'atteindre, probablement dû à mon passé.
Une fois chez moi, je fais l'impasse sur ma séance de méditation, enfile un pyjama confortable. Sautant sur mon lit, je me mets en boule et me mets à rêver. Mais très vite les rêves font place aux cauchemars.
J'ouvre les yeux sur une immense forêt devant moi. Les arbres étaient en fleuraison, les feuilles avaient une belle teinte verte, et certains fruits commençaient à mûrir çà et là. Le vent souffle dans les branches, emmenant avec lui une belle odeur d'écorce. Je me sentais bien, respirant à plein poumon. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi détendu. J'avance de quelques pas, et vois un lièvre rentré dans son terrier. Les oiseaux chantaient une douce mélodie dans les branches. Je me sentais parfaitement à l'aise dans cet endroit. Je voudrais pouvoir y rester pour toujours.
Je ressens une présence dans mon dos, me retourne et je vois la silhouette aperçue à la boulangerie. J'essaye d'avancer dans sa direction, mais plus mes pas devraient me rapprocher de lui, plus sa présence s'éloigne. Comme si une force nous séparait l'un de l'autre. Je me mets à courir dans sa direction, sans jamais pouvoir l'atteindre. Je veux voir son visage, pouvoir le toucher. D'un coup, je vois une 2e silhouette s'approchait de la première. Elle se ressemble étrangement sans être identique pour autant. J'arrête de courir, me sentant, pour la première fois de ma vie, à ma place. Enfin je le serais encore davantage si je pouvais me rapprocher. Je contemple les 2 individus, me sentant au bord des larmes, de ne pas pouvoir les toucher. Et j'entends l'un d'eux me dire « Bientôt mon ange, et tu seras à nous pour toujours ». Sa voix est plus un grondement qu'autre chose, tellement grave, que j'ai l'impression de rêver... Mais attendez, on se trouve dans un rêve, alors pourquoi...
En une fraction de seconde, les silhouettes disparaissent devant moi, et j'en vois une autre bien plus effrayante, qui arrive à se rapprocher: Mon père. Non, pourquoi je refais ce cauchemar. Pitié, laisse moi retourner dans cette forêt. Mon géniteur s'avance encore jusqu'à se retrouver à un mètre de moi.
- Bonsoir Jessie, tu rentres enfin à la maison. Tu as vu l'heure? Je peux savoir où tu étais? Encore à jouer les catins je suppose. Tu ne vaux pas mieux de toute façon.
- Non père, j'étais à mon cours particulier de piano, et ...
- Ne me coupe plus jamais la parole, espèce d'ingrate. Tu vas voir ce que je vais te faire. J'en ai marre de toi et de tes excuses. Tu n'es bonne à rien. Puisque tu ne sembles pas me comprendre, je vais devoir durcir ton éducation.
- Non, s'il vous plaît père, je ferais tout ce que vous voulez.
Je me mets à genoux devant lui, et le supplie à mains jointes. Je savais ce qui m'attendait, mais j'avais cette impression que cette fois-ci ce ne seraient plus quelques claques, ou d'un coup dans le ventre. J'allais prendre cher, je le voyais dans le regard de mon père. Je vois la colère et la fureur se transformer en rage. On aurait dit un animal prêt à tuer. Je me remets sur mes pieds et cours jusque dans le salon. Il finit par me rattraper et me balance contre l'armoire en verre, qui se brise en mille morceaux sur moi. Je sens encore les coupures de verre sur mon bras droit et ma joue. Puis une vive douleur à l'arrière de la tête, mon père avait attrapé un tisonnier et m'avait frappé de toutes ses forces. Je sentais mes forces quitter mon corps, mais mon père n'allait pas en rester là, j'en suis sûr. Il me donne plusieurs coups dans le ventre, et attrape un couteau, pour me le planter plusieurs fois dans la cuisse, puis en bas du ventre. Je vois le sang gicler sur les murs, mon propre sang... Ma vision se brouille, mon père sort une arme à feu de la table basse, s'avance vers moi. Mon frère arrive à ce moment-là dans la pièce et crie des paroles inaudibles. Je commence à perdre pied, j'entends des bourdonnements, et ma vision n'est plus qu'un mince fil noir. Avant de sombrer complètement j'entends les sirènes de police et vois mon père tirait sur mon frère. Je finis par sombrer dans l'inconscience, persuader que cette fois-ci il m'avait eu.
Je me réveille en sursaut dans mon lit, j'étais en nage. Mes draps me collaient à la peau, mon front était couvert de sueur. J'essaye de m'éclaircir les idées. J'avais encore une fois fait ce cauchemar, celui du jour où ma vie avait complètement basculé. Mon père avait fini par craquer et avait tenté de me tuer. Avant que la police n'arrive sur les lieux, mon père avait cassé plusieurs autres meubles, et avait fait croire à un cambriolage qui a mal tourné. Mon père m'aurait retrouvé sur le sol, avait pris son arme, et aurait tiré sur mon frère par mégarde, croyant qu'il s'agissait du malfaiteur. La police avait préféré croire à sa version plutôt qu'à la mienne. Ils m'avaient traité de menteuse, et avaient même fini par croire les rumeurs que mon père avait fait courir sur moi: que je me prostituais pour de l'argent, que j'étais une fille facile, sans rien dans le crâne. Mon frère m'avait cru, avait essayé de témoigner en ma faveur, mais rien n'y fait. Mon père avait écopé de 2 ans avec sursis, pour avoir tiré sur mon frère, et avait dû payer une amende à celui-ci. Pour ma part je n'avais rien reçu, à part une facture de frais d'hôpital. J'avais tout plaqué et étais parti dès ma sortie de l'hôpital, sans jamais retourner chez mon père. Je ne voulais plus jamais revoir cette maison. Je ne pourrais pas me retrouver dans cette pièce, voir le sol où mon sang avait coulé.
Comprenant que je ne pourrais plus trouver le sommeil je me lève en titubant et part me rafraichir dans la salle de bain. Quelle heure est-il au juste? Je retourne dans ma chambre, et regarde mon réveil: 11h18. Je n'avais dormi que 4 h. Bon c'est mieux que rien. J'avais pris l'habitude de me contenter de peu, mon sommeil souvent perturber par mes cauchemars. Pourtant celui-ci n'avait plus refait surface depuis presque 3 mois. En général je me contentais que de courte scène du passé: mon père me rabaissant, ou mes camarades de classe me jetant des insultes au visage. Je ne sais pas pourquoi mon inconscient avait décidé de me refaire vivre l'un des pires jours de ma vie. Il fallait que je me reprenne, que je sorte de mon état de torpeur. Je finis par prendre une douche, m'habille et mange mon pain au chocolat. J'allais peut-être faire un tour dehors, pour me rafraichir les idées. Oui c'était un bon plan, il fallait que je me motive.
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Meute Rainblood: La légende des bêtas
WerewolfBienvenue dans un monde où, nous les créatures de cauchemar, nous nous cachons au fond des forêts, à l'abri des regards. Nous restons entre nous, dans nos meutes. Les humains ne savent pas que nous existons. Ils pensent que nous faisons partie du my...