Pov Jessie
« Le réveil commence comme un autre rêve » Paul Valéry
Les souvenirs me reviennent, et cette fois-ci je ne tente pas de les refouler. Cette matinée m'a fait comprendre que je devais avancer, et donner une chance à mon coeur de se réparer. Peut-être que je pouvais accorder ma confiance aux deux hommes. En tout cas je pouvais essayer et voir comment cette relation allait finir. Mais pour cela il fallait qu'ils connaissent mon passé, où au moins les grandes lignes.
Ma main tremble sur ma cuisse, Tyler finit par la prendre dans la sienne et me serre la serre tendrement. Il dessine de petit cercle avec son pouce sur la paume de main. Je ne sais pas s'il veut me ou se rassurer. Damian se rapproche de mes jambes, jusqu'à poser sa truffe sur mes cuisses. Je pose donc mon autre main sur sa tête et me mets à le caresser. Ces contacts physiques me permettent de garder les pieds sur terre. En regardant les deux frères, je vois dans leurs yeux des sentiments envers moi qui me font peur. J'en ai assez de mes angoisses!! Je veux vivre ma vie, et... oui je vais essayer de leur laisser une chance. Une vraie chance de conquérir mon coeur.
Une fois mes tremblements passés et ma respiration calmée, je prends mon courage à deux mains et je leur raconte tout:
- Quand j'étais enfant, je vivais dans une famille, comme dirait-on, bourgeoise. Mon père avait gagné pas mal d'argent quand il a créé sa société. Il a donc épousé une femme venant d'une famille aristocratique, pour se faire bien voir dans ce milieu. Ma mère était une personne douce, gentille, bienveillante, mais également très naïve. Elle faisait tout ce que son mari lui demandait, se pliait à tous ces caprices. Mon père est devenu de plus en plus violent au cours des années. Quand j'ai eu 8 ans la situation est devenue invivable à la maison, et je me réfugiais souvent à la bibliothèque pour lire, ou juste me cacher. À ce moment-là, il ne levait pas la main sur moi, mais ces coups de colère étaient déjà explosifs. Les meubles finissaient à la casse, et je ramassais souvent les débris par terre. Je vivais dans la crainte qu'un jour l'une de nous finisse à la morgue.... Ma main tremble sur la tête de Damian. J'essaye de calmer ma respiration avec des exercices appris au fil des années. Les jumeaux attendent la suite sans m'interrompre, sentant que ce moment était important pour moi. Quand mon coeur reprend un rythme régulier, je continue mon récit. Ce jour fini par arrivée, mais pas comme je le pensais. Mon père a levé pour la première fois la main sur moi, il m'a giflé tellement fort, que ma tête s'est explosé contre le coin de la table. J'ai perdu connaissance un moment, et à mon réveil, j'ai vu mes parents se disputer devant moi. J'étais toujours couché sur le sol, ma mère me protégeait de son corps. Il lui a mis un grand coup de poing dans le ventre, puis il est parti. On a emballé rapidement quelques affaires et on s'est échappé. Ma mère avait de la famille aux états-unis, et elle voulait qu'on s'y enfuit. Il ne nous restait que 10 minutes en voiture pour atteindre l'aéroport, quand..... Quand... Ma voix tremble et les larmes me roulent sur les joues. Tyler me serre plus fort les doigts pour me montrer son soutien, cela me permet de continuer. Quand une voiture est venue en face et nous a percutés de plein fouet. Ma mère est morte sur le coup, et j'ai fini à l'hôpital avec quelques côtes cassées, et des bleues. Ma souffrance était tellement grande parce que j'avais perdu ma mère, que je suis tombé en dépression. J'ai été suivi par un psychologue pendant 5 ans. Mon père me laissait tranquille, tant que je suivis son éducation stricte: cours de langues, notes excellentes, et professeurs particuliers dans diverses matières. Comme j'étais sa fille unique, il voulait que je reprenne un jour son entreprise. Quand j'ai eu 13 ou 14 ans, les violences ont repris. Au début ce n'était que quelques claques quand une note ne lui satisfaisait pas. Puis il a commencé à utiliser des objets, comme une ceinture, ou.. enfin bref des objets quoi. Je ne voulais pas rentrer dans les détails. Il fallait que je garde certaines forces pour la partie la plus difficile à raconter. Les années sont passées, je n'avais quasiment pas d'amis, pas de vraie famille, en dehors de mon demi-frère qui venait parfois me rendre visite à l'insu de mon père. On passait de bons moments ensemble, mais il s'est marié et c'est un peu distancé de nous. Quelques années plus tard, mon père a voulu me forcer à un mariage arrangé. Il voulait faire encore davantage de bénéfice sur mon dos en me vendant à l'un de ses associés. Je n'étais pas d'accord, et je ne voulais pas non plus reprendre sa société. Il aimait me traiter de catin, de prostitué, ou d'autres noms de ce genre. Comme je passais certaine de mes nuits dehors ou à l'hôtel quand il faisait trop froid, mon père a pensé que je vendais mon corps, à tort... Je voulais seulement lui échappé. Alors une fois, quand je suis rentré à la maison après un cours particulier, une violente dispute a éclaté. Je vous passe les détails, mais il a été encore plus brutal qu'auparavant, me laissant cette marque sur le bas-ventre. Mon frère est intervenu et a failli mourir ce même jour. La police ne voulait pas nous croire car « votre père est quelqu'un de respectable. Il ne faut pas dire ce genre de mensonge, ou sa réputation sera détruite par votre faute. ». Comme si j'en avais quelque chose à faire de sa réputation... En sortant de l'hôpital, je n'ai pris que quelques affaires et je me suis enfui à des centaines de kilomètres de chez lui. Je pensais naïvement que cela me protégerait. J'ai fait des études d'infirmières pour aider les autres et j'ai commencé à travailler. Ma vie était bien rangée, calme, même si j'étais souvent seule. Mais je ne me faisais pas battre, c'est tout ce qui m'importait. Les années ont passé, j'ai trouvé étrange que mon père n'ait jamais essayé de me retrouver. Je ne me cachais pas vraiment, on possède toujours le même nom de famille, qui me répugne d'ailleurs. Les lettres de menaces ont commencé après cela pendant quelques mois. Il disait qu'il m'avait retrouvé, qu'il me tuerait ou s'occuperait de mon frère si j'en parlais, qu'il enverrait des hommes pour me récupérer et peut-être pour « s'amuser » un peu avec moi. Les courriers ont cessé brutalement, sans aucune raison, puis je vous ai rencontré. Ma vie a basculé et je suis rentrée dans un tourbillon d'émotions. Je n'ai eu que 2 histoires avec des hommes. Les 2 frères se mettent à grogner, visiblement jaloux, trop mignon... L'un voulait se faire bien voir par mon père, et m'a laissé tomber après quelques mois. Et l'autre.... Allez il ne restait que mon dernier secret a avoué, je pouvais le faire! L'autre était bien au début, puis il m'a utilisé comme son esclave sexuel, m'utilisant quand il voulait. Il me... violait quand je disais non. Il m'a forcé à me donner à certains de ses amis pour de l'argent. Je n'ai plus jamais fait confiance aux hommes après cela. Au fond je sais que vous n'êtes pas tous pareil. La preuve, mon frère est quelqu'un de bien. Mais dès que cela relève du contact physique, je me braque. Je ne sais pas si je pourrais vous apporter ce que vous chercher. Je suis incapable d'aimer une personne, de lui donner de l'affection. Le mot « amour » m'est inconnu, alors si vous souhaitez partir et me laisser, c'est le moment, car si je vous accorde ma confiance je ne vous pardonnerais pas de me trahir. Il faudra que vous me respectiez, que vous y alliez à mon rythme, et il serait même possible que je ne puisse jamais m'approcher physiquement, enfin sexuellement de vous. J'en suis incapable. Alors à vous de voir si vous pouvez accepter ces conditions.
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Meute Rainblood: La légende des bêtas
WerewolfBienvenue dans un monde où, nous les créatures de cauchemar, nous nous cachons au fond des forêts, à l'abri des regards. Nous restons entre nous, dans nos meutes. Les humains ne savent pas que nous existons. Ils pensent que nous faisons partie du my...