Pov Jessie
« On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille. On ne se choisit même pas soi-même » Philippe Geluck
J'étais sur le balcon, à regarder les étoiles, me demandant à quoi ressembler notre univers. J'aurais aimé pouvoir découvrir l'infini, pouvoir partir de cette planète. Car je savais que peu importe sur quel continent je me trouvais mon père finirait par me retrouver s'il le souhaitait. Cela faisait plus d'un an qu'il n'avait pas tenté de rentrer en contact avec moi. Ce que je trouvais préoccupant. Depuis ma fuite de la maison, il n'avait pas cessé de me harceler de messages sur mon téléphone, de coup de file à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il y a un an j'ai même reçu plusieurs lettres de lui dans ma boîte aux lettres, preuve que je ne pourrais jamais lui échapper. En même temps, je me fais des films si je crois qu'il ne saurait pas où je me trouve. Il possède une fortune colossale, ainsi que des milliers de personnes à son service. Alors savoir où sa fille se trouve n'est pas bien compliqué pour lui. Sans m'en rendre compte, je me rappelle d'éléments du passé, de ces murs couverts de sang... NON assez, il faut que j'oublie tout cela, ainsi que mon père. Je devrais être heureuse qu'il ne me contacte plus. Je dois profiter de l'instant présent, qui s'est combien de temps il me donnera encore, avant qu'il vienne me chercher pour me ramener de force.
Je finis mon 2e chocolat chaud, et baisse le regard vers le jardin. Tout à coup, je sens comme une étrange présence. La même que j'ai ressentie il y a quelques heures. J'ai l'impression de ressentir des yeux qui me fixe à travers les buissons. Je deviens folle. Finalement ce ne sera pas mon père qui me tuera mais mon imagination. Pourtant je me sens attiré vers ces arbres. Comme si tout mon corps me disait de me lever et d'aller voir ce qu'il y a là-bas. Je me lève de mon siège, prêt à sauter par-dessus la balustrade de mon balcon, quand soudainement j'entends la sonnerie de mon téléphone. Aussitôt cela me ramène à la réalité. Qui pourrait m'appeler à cette heure-ci? Je me rends dans la cuisine, où mon portable repose sur le comptoir, accroché à son chargeur, et regarde le numéro. Je décroche:
- Salut frérot, comment vas-tu?
- Bonjour soeurette, je vois que tu ne travailles pas. Tu prends enfin du bon temps? Un garçon en vu j'espère.
Mon frère avait la fâcheuse tendance à vouloir s'immiscer dans ma vie privée. Heureusement je ne devais pas souvent lui mentir, comme ma vie n'était pas bien trépidante.
- Désolé de te décevoir, mais ma vie reste aussi ennuyeuse que la semaine dernière.
- Oh allez, tu ne veux pas t'inscrire sur l'un de ses fichus sites de rencontres? Au moins pour pouvoir passer de belles soirées, si tu ne veux pas de relations à long terme.
Je pousse un soupir. Cette discussion nous l'avons à chaque appel. Je savais que mon frère me taquinait. J'entends dans sa voix un soupçon d'humour, mais au fond il a peur pour moi. Il voudrait que je me trouve quelqu'un qui puisse me protéger de notre géniteur. Je ne pourrais jamais imposer cela à une autre personne, et qui voudrait de moi en connaissant mon passé?
- Avant que notre discussion ne tourne en rond comme à chaque fois, mon très cher frère. Je voulais te demander si je pouvais venir dans une semaine, pour pouvoir passer quelques jours avec vous?
- Tu connais la réponse à cette question Jessie. Bien sûr tu peux. Tu peux même venir t'installer chez nous, et tu le sais.
Oui je le savais, mais je ne voulais pas. Mon frère avait déjà beaucoup sacrifié pour moi. Le jour où il m'a aidé à m'enfuir, il s'était pris une balle dans l'épaule. Il est resté plusieurs jours à l'hôpital. Rien que de revoir sa cicatrice me met les larmes aux yeux à chaque fois. Sa femme avait failli faire une fausse couche à cause du stress. Si cette enfant avait eu la moindre séquelle, je m'en serais voulu jusqu'à la fin de ma vie. Mon père avait menacé de s'en prendre à sa famille, et je ne pouvais pas le tolérer. Alors je préférais passer quelques jours avec eux de temps en temps et repartir chez moi après.
- Tu sais que tu manques aux enfants, surtout à Tony. Il ne parle que de toi, et veut finir ce match de foot. Le bébé a bien grandi aussi.
- D'accord, alors je passerai vous voir. Je te rappellerai pour te dire le jour de mon arrivée. Embrasse les autres pour moi, à bientôt.
Après les au revoir de mon frère, et la promesse de passer chez eux avant la fin de mes vacances, je raccroche le téléphone, et me dirige vers le balcon. Je regarde le jardin, mais ne vois rien dans les buissons. Cela a dû être une hallucination, comme d'habitude. Il faudrait peut-être que j'aille consulter un psy. Je détesterai ça. Que quelqu'un trifouille dans mon passé et déterre des choses qui doivent y rester. Non merci, je préfère m'en sortir seul.
Un coup de vent me ramène à la réalité, et je regarde encore une fois en direction du jardin, certaine d'y trouver quelque chose. Une chose qui changera ma vie. En soufflant, je rentre dans le salon et referme la baie vitrée derrière moi. Il faut que je me prépare pour aller au travail. Encore une nuit et je pourrais me reposer, reprendre un rythme de jour.
Je me cuisine mon plat favori: pâte carbonara. Pas très original, mais délicieux. Ma mère m'avait donné la recette, et... NON je recommence, je ne dois pas penser à elle.
Je finis la préparation de mon plat, et me mets à table. Je fais la vaisselle, prends ma douche et me prépare pour aller au travail. J'enfile mon manteau noir à capuche, par-dessus un gros pull en laine rouge, et mets mes baskets, les mêmes que d'habitude. Pourquoi devoir s'embarrasser à porter des talons hauts. Je déteste ça, même en été. Je préfère le confort à la beauté. En plus avec mon mètre 80, je suis déjà plus grande que la plupart des gens. Pas besoin de rajouter des talons, je me fais déjà assez remarquer.
Je finis par prendre mon sac, et marche en direction de l'hôpital après avoir fermé mon appartement. Après une dizaine de pas, je recommence à ressentir cette sensation. J'en ai la chair de poule, Mais qu'est-ce qui m'arrive bon sang? Je me retourne, je ne vois toujours rien. Je me mets à marcher plus vite. J'aurais dû prendre la voiture, mais j'aurais dû alors faire demi-tour et me diriger vers cette étrange sensation. Je me mets presque à courir et finis par voir les lumières de l'hôpital. Ouf enfin arrivé, je recommence à prendre une allure de marche normale, et calme ma respiration. Encore une nuit, et tout ira mieux, enfin je l'espère...
VOUS LISEZ
Meute Rainblood: La légende des bêtas
WerewolfBienvenue dans un monde où, nous les créatures de cauchemar, nous nous cachons au fond des forêts, à l'abri des regards. Nous restons entre nous, dans nos meutes. Les humains ne savent pas que nous existons. Ils pensent que nous faisons partie du my...